New noise présente “Chacun Mes Goûts”, une série limitée de discussions où groupes et artistes habitués de nos colonnes nous parlent de leurs disques de chevet. Aujourd’hui, ce sont Sam et Simon de Point Mort qui se prêtent au jeu…
Le premier disque en votre possession ?
Simon (batterie) : C’était Get Behind Me Satan des White Stripes. Grosse déception. J’avais une dizaine d’années et j’aimais le côté garage des albums précédents, mais je n’avais vraiment pas apprécié d’entendre du piano sur celui-ci. Peut-être que je changerais d’avis si je le réécoutais aujourd’hui !
Sam (chant) : Mon premier souvenir de disque à la maison, c’est Like A Prayer de Madonna. Mais le premier acheté, c’était dans une station-service lors d’un voyage scolaire. J’étais tombé sur une cassette d’Incesticide de Nirvana. Je fais directement un lien avec une autre de tes interviews. (Sourire) (NdR: elle fait référence à celle de SURE.)
Un disque qu’écoutaient vos parents ?
Sam : C’est bien simple, ils n’écoutaient pas de musique. Uniquement la radio, RTL H24. Les premiers souvenirs musicaux que j’ai, ce sont les émissions de George Lang sur la musique américaine. Mais je ne pourrais pas te citer précisément un disque.
Simon : Mon père écoutait beaucoup de musique. Surtout du rock progressif grand public comme Genesis ou Pink Floyd. Un peu de heavy aussi, genre Saxon. S’il y avait un disque pour résumer tout ça, ce serait Dark Side Of The Moon. C’est celui que j’ai le plus écouté à la maison.
Un disque qui vous a fait découvrir le metal et ses dérivés ?
Sam : Nevermind de Nirvana. Sans être vraiment estampillé metal, c’est ce qui m’a fait entrer dedans. Ça m’a ouvert les portes, j’ai fredonné, gratté et écrit mes premières chansons grâce à cet album !
Simon : Une compilation d’AC/DC sur cassette. Pas d’album en particulier. Ça m’a fait une grosse, grosse impression, tous les tubes y étaient. C’est ce qui m’a amené vers Maiden, Megadeth et compagnie…
Un disque qui vous a donné envie de faire de la musique ?
Simon : Je vais un peu tricher et plutôt citer un album qui m’a donné envie de faire de la musique différemment ! J’étais déjà musicien, et j’ai compris qu’il était possible de jouer quelque chose de beaucoup plus puissant en voyant Yob en concert en 2012, après la sortie d’Atma. J’ai perçu une vraie force qui va bien au-delà du fait de jouer de la guitare ou de la batterie.
Sam : J’aurais sûrement pu donner la même réponse qu’à la question précédente, mais je vais citer Ten de Pearl Jam, un disque dans une veine similaire donc. Même grosse influence, mais plus accessible au niveau du chant.
Le meilleur album de tous les temps ?
Sam : Joy Division, Unknown Pleasures. Je pense que c’est l’album qui m’a amené vers d’autres musiques, new wave, cold wave, même metal indus. Tout ce qui est un peu goth sur les bords, et qui correspond toujours à mes goûts. J’écoute toujours Joy Division régulièrement, je me passe « Disorder » au moins une fois par mois, c’est viscéral. Et ça me parle et m’attire vers des choses plus dark encore aujourd’hui.
Simon : Ma liste change tous les un ou deux ans, mais un disque n’en sort jamais : Ziggy Stardust de David Bowie. Il est rempli de classiques. Il n’est pas parfait, mais les meilleurs morceaux surclassent vraiment tout. Même s’il ne contenait qu’une seule de ces chansons ce serait toujours le meilleur album de tous les temps.
Votre disque de metal au sens large incontournable ?
Simon : Là encore, ça change tous les jours. Mais je choisis The New Black de Strapping Young Lad. Comme Ziggy Stardust, il brille par-delà ses imperfections, certains morceaux sont tellement bons qu’ils font oublier les baisses de régime et les défauts.
Sam : Je ne le classifie pas vraiment en metal, mais je choisis Pretty Hate Machine de Nine Inch Nails.
Votre disque « chaotique » incontournable ?
Simon : Je pense évidement tout de suite à Converge, mais aucun de leurs albums ne ressort plus qu’un autre pour moi, je les écoute tous de façon aléatoire. Donc pour garder un lien, vu qu’ils partagent le même batteur, je vais choisir All Pigs Must Die avec Nothing Violates This Nature… Un disque super intense. Ils s’inspirent de Converge mais en font quelque chose de très très personnel.
Sam : Je pense à Dillinger Escape Plan. Sans être une grande amatrice du groupe, je suis très fan de One Of Us Is The Killer… Je pense que c’est celui qui me correspond le plus, et je m’y retrouve vocalement.
Pour Sam : un disque avec un•e chanteur•euse qui t’influence ?
Sam : Difficile de trancher… The Fragile de Nine Inch Nails a beaucoup compté, mais pas uniquement pour la voix, toute la démarche autour également. D’un point de vue plus strictement vocal, je me dois de citer Psykup. Même si personne ne penserait à eux en m’écoutant chanter, ils m’ont pourtant beaucoup inspiré, que ce soit dans leur façon de se répondre (NdR : le groupe compte deux chanteurs), dans l’énergie ou dans l’utilisation du chant clair. Je choisis donc Le temps de la réflexion. Leurs débuts, ça a été la claque. Je n’aime pas beaucoup de groupes français, mais eux figurent très haut dans mon top.
Pour Simon : un disque avec un•e batteur•euse qui t’influence ?
Simon : Symbolic de Death, avec Gene Hoglan. Il en met partout, c’est du sur-jeu mais c’est fait de façon très classe ! Et en plus récent, Baptists. Sans son batteur, ce groupe serait totalement inintéressant, car il s’agit ni plus ni moins que d’une copie de Converge. Sinon, j’ai beaucoup d’admiration pour Eloy Casagrande, dernier batteur en date de Sepultura, totalement impressionnant, surtout sur Machine Messiah. Si seulement je pouvais me réveiller un matin et jouer comme lui…
Un disque qui résume bien les influences de Point Mort ?
Sam : Le Dillinger cité tout-à-l’heure pourrait s’en rapprocher : chant, clair, hurlé, des choses spontanées et délicates… mais non, il ne correspond pas totalement… Si tu posais la question aux cinq membres du groupe, tu te retrouverais avec cinq réponses différentes. Nos goûts sont si divers qu’il n’est pas évident de répondre à cette question.
Simon : Peu de groupes nous mettent tous d’accord…
Un disque d’un groupe ou artiste avec qui vous êtes amis ?
Sam : Je pense à Convulsif et leur album sans titre. Un groupe suisse avec lequel on a tourné à Cuba. On les a recroisés sur des fests, à diverses occasions. On s’entend vraiment bien, ils ont aussi des side projects, dont un que j’ai fait jouer avec mon asso (NdR : Almost Famous, association et label). On se parle régulièrement et on essaye de monter des projets ensemble.
Simon : Ingrina, avec qui j’ai partagé des dates avec un autre de mes groupes (NdR: Simon est également batteur de Valve et Keep On Living). C’est d’une intensité insensée, leur disque Etter Lys est formidable. Pourtant, ils évoluent dans un genre qui m’ennuie en général rapidement (NdR : Post-metal instrumental). Je pense que c’est un groupe que tu peux facilement faire apprécier à quelqu’un qui n’écoute pas du tout de metal.
Un disque issu de votre label préféré ?
Simon : Je vais dire Svalbard, Hard To Have Hope, sorti chez Holy Roar. Je ne sais pas si c’est mon label préféré, mais force est de constater que tous les groupes signés chez eux sont géniaux. Cet album est une tuerie.
Votre pochette d’album préférée ?
Sam : Pour répondre autre chose qu’Unknown Pleasures : celle du Sunbather de Deafheaven. Je la trouve hyper osée, elle m’a marqué et m’a donné envie d’écouter le disque rien qu’en la voyant. Je ne connaissais absolument pas le groupe et elle m’a tout de suite attiré. Elle ne passe jamais inaperçue.
Simon : Je ne m’attarde pas spécialement sur ce disque, mais celle d’Altar de Sunn O))) & Boris. Et en plus classique, celle de Ace Of Spades, avec Lemmy et compagnie en cowboys. Imbattable dans la catégorie « kitsch ».
Un disque plaisir coupable ?
Simon : J’assume tout ! Je n’ai aucune honte à dire que j’écoute Little Big en boucle. Je suis entouré de gens qui se foutent de moi quand je leur dis que j’aime tel ou tel groupe, j’ai donc appris à ne plus en avoir rien à battre…
Sam : Vraiment parce que je le trouve cool, et parce que je l’ai même en vinyle : La Femme, Mystère. J’aime bien ce groupe, même s’ils jouent comme des patates. Certains morceaux fonctionnent bien. Je les ai découverts dans le cadre du taff, il est entré un peu au forceps.
Un disque qu’on vous a offert ?
Sam : On me l’a offert pour mon anniversaire : Mariner de Cult Of Luna & Julie Christmas. J’ai dû saouler tout le monde avec cet album.
Simon : Ah, je confirme ! En ce qui me concerne, c’est un peu plus compliqué, comme je fréquente des gens qui n’écoutent pas de metal, ni même de musique tout simplement, on m’en offre peu. J’ai le vague souvenir d’un disque d’Infectious Grooves qu’on m’a offert lorsque j’étais gamin !
Un disque qu’on devrait vous offrir ?
Simon : Un truc un peu rare, comme Crystal Logic de Manilla Road. Si par le plus grand des hasards il existe en version vert fluo, je serai très heureux qu’on me l’offre. Je lance un appel !
Sam : Une rareté aussi, des vinyles d’Alice In Chains qui ne sont plus réédités et coûtent un bras… Ah non attends ! Owsla de Fall Of Efrafa. C’est le groupe crust de mon cœur, à l’époque ça avait été une grosse découverte.
Le dernier disque que vous avez acheté ou que vous vous êtes procuré ?
Sam : Je n’en achète pas beaucoup, mais quand c’est le cas c’est en concert. C’était le vinyle de Nest de Brutus, l’automne dernier.
Simon : Eh bien, c’est con mais c’est le vinyle de Point Mort, juste pour l’avoir. Il est très bien tu devrais l’écouter ! (Rires)
Le disque que vous écoutez en boucle en ce moment ?
Simon : Je fais des allers-retours entre différents genres. J’écoute beaucoup de hardcore pas très malin, et des groupes qui n’ont rien à voir avec le metal. Cost Of Living d’Incendiary, c’est tout ce que j’aime dans le hardcore. Et à côté, Denzel Curry avec TA1300. En tant que métalleux de base, les deux derniers morceaux, « VENGEANCE » et « BLACK METAL TERRORIST », me parlent beaucoup, mais tous les titres sont bons. C’est vraiment un des seuls rappeurs que j’écoute en boucle à ce point-là. Au delà de ça, ma culture hip-hop est d’ailleurs quasi-inexistante…
Sam : Récemment, le morceau « Nothing Is Safe » de clipping., j’y reviens assez régulièrement. J’écoute le reste de l’album, mais moins assidument. Sinon, Rivière de Corps, avec Tout Est Chaos. Un one-man band qui fait du bruit, très synthétique. C’est sorti il y a une semaine, c’est hyper cool. J’ai eu l’occasion de le voir en live dans une cave minuscule, il fait vraiment tout tout seul.
Et enfin : team CD, team vinyle, team cassette ou team streaming ?
Sam : Team streaming. C’est clairement ce qui me fait vivre car je bosse dans ce secteur-là. Voilà dix ans que j’écoute de la musique pratiquement plus que par ce biais. Mais quand je veux acquérir un disque, je choisis le vinyle, pour l’objet. J’ai très peu de disques car je m’y suis mise tard. Mais ma collection grandit doucement et ça me plait.
Simon : Pareil, mot pour mot, sauf que je ne travaille pas dans ce domaine… J’ai du mal à comprendre pourquoi on critique le streaming. Il y a évidemment le problème de la rémunération des artistes, nous-mêmes on ne gagnera jamais rien avec ça, mais j’aime autant écouter un disque sur le net et payer une place de concert par la suite.
R(h)ope, le dernier EP de Point Mort, est sorti en septembre dernier chez Almost Famous. Vous pouvez l’écouter ICI.
Interview du groupe à lire dans new Noise #51.
Propos recueillis par Clément Duboscq
La playlist :
Point Mort, les clips :