Savage Republic + Overmars 27/01/08 (Le Sonic, Lyon)

Overmars + Savage Republic

Le trajet en vélov jusqu’au Sonic a un goût amer quand on sait (merci http://affichagelibre.lyon.free.fr/) que leur création remonte à un marché entre la municipalité et l’industriel JC Decaux, la première ayant concédé au second le droit d’implanter et exploiter moult abribus et autres espaces publicitaires en échange de la mise en place “ gratuite ” (pour le contribuable mais précisément non dénuée de contrepartie) du système de vélo en libre-service… Amer parce que c’est cette même municipalité qui attaque aujourd’hui le Sonic pour nuisances, non pas sonores mais visuelles suite aux affiches A4 collées en ville pour promouvoir les concerts du lieu. Alors le placardage indécent, il se situe où, hein ? On se le demande…

Le Sonic étant amarré un peu en périphérie (non loin de la Gare de Perrache), il nous faut pédaler un peu dans le froid mordant pour arriver sur les lieux. À l’arrivée (en avance), le sang pulse sous nos ongles, menaçant de faire fondre la kératine. Les Savage Republic sont là, discutant avec l’orga « Est-ce que TV On the Radio a joué ici ? demande Thom Furhmann, ils m’ont parlé d’un concert sur un bateau, et c’était à Lyon je crois… ». Vu la taille de la péniche, la réponse négative ne nous surprend pas. On se frotte les mains, pour faire circuler le sang (je vous rappelle que ça caille sa mère, faut suivre) mais aussi et surtout parce que le caractère intimiste du lieu nous réjouit : cet écrin rouge tout en longueur avec une scène étroite (prolongée – pour Overmars, c’est qu’ils sont nombreux – de quelques tables) verra affluer une centaine de personnes. Les Lyonnais s’installent, ils rentrent à la maison après avoir joué « Born Again » dans plusieurs villes dont Londres (avec Ramesses), Bruxelles et Paris. Nous étions à ce dernier concert, un grand moment de musique noire, abrasive et épique, les quarante minutes de leur titre fleuve étant vraiment taillées pour la scène. Quarante minutes de montées sombres, d’éructations désespérées, de martèlements indus et de riffs lancinants, qui pâtissent ce soir d’un son un peu moins bon (puis de quelques pains aussi), mais leur spirale de désolation et de violence larvée qui explose à plusieurs reprises au gré des hurlements des guitares (ou des uns et des autres : le chanteur, la bassiste, le préposé aux projections…) nous happe bientôt. C’est qu’il s’agit (selon nous) d’un morceau de bravoure, leur meilleure compo en fait ; une réussite. Avant d’attaquer deux nouveaux titres des plus prometteurs, le groupe évoque le procès du Sonic, prévu quelques jours plus tard (le 31) appelant les Lyonnais à venir y assister en nombre. D’ailleurs, à l’heure où j’écris ces lignes, l’audience a eu lieu… en faveur de la salle – ouf – puisque la municipalité a brusquement décidé d’abandonner les charges. Espérons qu’elle fasse preuve de la même clémence à l’égard des associations inculpées. Hélas, on peut sans doute redouter un report des torts sur les organisateurs des concerts concernés après la relaxe de leur hébergeur des berges (vas-y, répète plusieurs fois de suite cette phrase à toute vitesse pour voir)

C’est ensuite au tour de Savage Republic de monter sur scène, sauf Ethan Port qui se poste en bas, devant un bidon en tôle. Le pantalon de ski de Thom Furhmann prête à sourire (un forfait est encore accroché à la fermeture éclair de sa poche) tout comme le faciès bonhomme d’un Greg Grunke (aux collier de barbe et besicles à la Prof dans Blanche Neige et les Sept Nains). Ça commence à deux basses mais les guitaristes/bassistes passeront leur concert à alterner instruments harmonique et rythmique. Notre connaissance incomplète du groupe (seulement le 1er album et Customs) ne nous permet pas de reconnaître tous les morceaux, notamment plusieurs instrumentaux aux relents surf-music, musiques des pays de l’Est, Ennio Morricone and co, mais l’ensemble est joué avec suffisamment d’inspiration pour nous toucher. Une inspiration toute californienne – précision et décontraction mêlées (à défaut de se fouler, le bassiste à gauche semble habité par le son de ses camarades) – qui fait chaud au cœur et à la nuque. Une bande de trentenaires au premier rang ne s’y trompe pas, qui réagit au quart de tour, notamment lorsque Ethan Port joue les chiens fous de la bande en se défoulant sur le bidon métallique (les meilleurs – et plus post-punk – moments du set). Il traversera d’ailleurs le public en agitant des maracas et l’invitera à se joindre à lui pour frapper le fameux bidon, à genoux, le temps d’un final cathartique. Mais, on retiendra surtout un « Viva la Rock’n’roll » jouissif en premier rappel pour ce qui s’avérera, sinon le concert de l’année, une excellente soirée de bout en bout.