[Report] Soulcrusher (13 & 14 octobre, Doornroosje Nijmegen, Hollande)

 

Le mois d’octobre est notre préféré de l’année parce qu’il s’agit de celui où a lieu le Soulcrusher, auquel on se rend religieusement depuis 2018. Outre une affiche démentielle à chaque édition, le festival hollandais est à taille humaine et ultra confortable. On y trouve un salon avec des canapés, de la nourriture vegan, des bières crafts, un vestiaire gratuit… Bref, un bon festival de darons qui permet de se poser tranquillement quand on n’a plus de jus pour se faire broyer l’âme. Si la programmation de 2023 nous a d’abord semblé un peu moins impressionnante que celle de 2022 (Envy, Amenra, Spectral Wound, Hellripper, Cave In, Ultha, Unsane, etc.), en voyant à l’affiche LLNN, Plebeian Grandstand, Mütterlein et VMO, entre autres noms un peu sexy, il ne nous a pas fallu longtemps pour nous décider à prendre nos billets..

Par Alizarine, Romain Lefèvre et Pierre-Antoine Riquart

VENDREDI

Le temps de retrouver un bout de la team new Noise et de gérer les aléas du trajet, on arrive pile pour Witching. Iels ont l’air super heureux·ses d’être là, ce qui ne les empêchent pas d’attaquer direct à la jugulaire avec “Incendium”. Bien que le son ne soit pas incroyable, notamment en ce qui concerne les voix (et ça sera hélas le cas de manière plus ou moins récurrente durant le festival), le groupe délivre un set bien violent, tournant principalement autour de Vernal (“Witness”, “The Pack”). Un peu sludge, un peu heavy, un peu black, totalement queer et 100 % efficace, iels ont ce petit quelque chose de Thou dans cette propension à naviguer avec aisance entre mélodies et agressions. On pense aussi à Kristina Esfandiari (King Woman) pour l’aspect suave de la voix de Jacqui Powell (quand cette dernière ne growle pas comme une sauvage). Le concert se termine sur un “So Young, So Useless” chargé d’émotions puis on enchaîne avec les Danois d’Afsky.

Afsky © Romain Ballez

On se trouve malheureusement trop loin de la scène pour se faire aspirer totalement l’âme, mais impossible de ne pas se faire embarquer par leur black planant et désespéré. Entre les jolies lights aux tons bleu/vert, les torches en bois, la fumée et les vagues de riffs qui soufflent le chaud et le froid (mais surtout le froid), on se fait cueillir tranquillement, notamment par “Tyende Sang” et “Angst”. C’est triste et mignon comme un bébé lapin en décomposition au fin fond d’une forêt en hiver, mais nos rêveries prennent fin quand arrive Panzerfaust.

Alors que la batterie est en train d’être installée à l’avant de la scène, on pressent que ça ne va pas être la même histoire et que ça va barder pour notre matricule. Et en effet ! Tout est brutal chez ces Canadiens : riffs en béton armé, batterie qui torpille non stop, un vrai bombardement sonore. Et ces deux chanteurs !  Brock Van Dijk (également guitariste) ne manque déjà pas de coffre, mais lorsque le bien nommé Goliath (installé à un pupitre derrière la batterie une configuration peu commune !) s’avance sur le devant de la scène pour nous gueuler dans les oreilles, on ne fait pas trop les malins. Sa présence est effrayante, il semble mesurer trois mètres de haut, véritable croque-mitaine arborant un long collier d’os. Avec des rythmiques tour à tour tribales, hypnotiques et terrassantes, Panzerfaust nous met la première tarte du festival (spoiler : il y en aura d’autres).

Exit les gros musclors en noir, les Londoniens de Pupil Slicer arrivent tout de blanc vêtus, un drapeau LGBTQIA+ sur la tête d’ampli. Katie Davies balance ses lunettes de soleil en arrivant sur scène comme la queen qu’elle est, prend sa guitare et envoie la furie “No Temple”. Pourtant, alors qu’on adore leur dernier album (NdR : Blossom, 2023), on a un peu de mal à accrocher. Même le sauvage “Momentary Actuality” et le tubesque “Blossom” nous laissent mi-chat mi-foin alors qu’on s’attendait à se faire rentrer-dedans. On s’ennuie à moitié et on reste pour la forme, mais il est évident que sans Katie, qui brille par sa fougue, on serait parti assez vite. C’est donc un peu frustré qu’on reprend le chemin de la Red Stage pour se faire refroidir par l’Islande. (Alizarine)

Et pour être refroidis, on va être bien refroidis. Gelés sur place même. Car on a beau attendre Mispyrming comme le messie black metal islandais qu’il est, armé de sa discographie impeccable, de sa puissance de feu digne d’un glacier qui s’effondre sur votre tête et de son frontman charismatique en la personne de D.G, force est de reconnaître que le concert des îliens va s’avérer contrasté. Si la prestation débute parfaitement avec l’épique « Orgia », ouverture de leur second album (l’excellent, et nettement plus accessible que son prédécesseur, Algleymi), les choses se gâtent très vite sur le plan technique. La guitare de D.G part en cacahuète, crache de vilains larsens au lieu des notes jouées, et finit par complètement rendre les armes au cours du deuxième ou troisième morceau. A priori, sa tête d’ampli a cramé. Le changement prend un certain temps, pendant lequel le groupe meuble tant bien que mal, mais disons que le jam pour faire passer le temps, ce n’est pas trop le fort des groupes de black metal. Le changement effectué, Mispyrming reprend avec ardeur et professionnalisme, mais la galère se poursuit, D.G semblant désormais rencontrer des problèmes de pédale d’effet, puis de câbles. Bref, ça merde dans tous les sens. D.G fait des allers-retours backstage, D.G essaye de bidouiller dans tous les sens, D.G est en galère, et ça dure jusqu’à mi-concert : le groupe est clairement saoulé, et nous clairement déçus. Fort heureusement, un énième changement de câble / passage de technicien semble régler définitivement le bail, et le quatuor peut enfin disposer de toute sa puissance de feu, et d’une petite demi-heure de tranquillité technique pour bombarder la Red Stage à grands coups de « Engin Miskunn », « Engin Vorkunn », et surtout, du méga-tube « Ísland, steingelda krummaskuð », le genre de morceau qui vous sauve un concert mal embouché et place un groupe sur la carte du black metal. Le groupe finit ensuite son set avec le furieux « Ég byggði dyr í eyðimörkinni », seul extrait de son terrassant premier album Söngvar elds og óreiðu, et, au global, se sort avec maîtrise et talent d’une situation franchement difficile. (Romain)

Violent Magic Orchestra © Romain Ballez

Direction la Purple Stage pour Violent Magic Orchestra. On a déjà vu les Japonais deux jours plus tôt et encore quelques mois auparavant, mais difficile de se lasser de leur folie furieuse. Pourtant, sur papier, rien qui fasse rêver : du black metal propulsé par des beats techno. Autant vous dire qu’on préfèrerait avoir une jambe en mousse plutôt que de se cogner ce mélange douteux. Mais sur scène, VMO nous plonge dans une death rave party apocalyptique pas très inclusive pour les épileptiques. Stroboscopes au taquet, beats ultra nerveux, membres déchaînés : c’est le bordel et on adore ça. Mayhem (aka Mongo qui joue également dans les excellents Vampillia) est tantôt aux machines, tantôt au micro, tantôt en train de two-steper ou de brailler dans le public. Gorgoroth “refroidit les forêts” (d’après la présentation vidéo qui lance le show) avec sa guitare entre riffs black ou shoegaze lors des moments plus apaisés (on ne va pas vous mentir, il n’y en a pas des masses). Emperor ne bouge pas d’un iota derrière ses machines, contrairement au zébulon en chef, Darkthrone, affublé d’un casque à pointes piqué à Craig Jones de Slipknot. Le mec est partout : derrière les machines, debout sur la table, en train de slammer, en train de filmer (parfois tout en même temps). On dirait un enfant hyperactif en plein rush de sucre. Quant à Xasthur (ou « Zastar » prononcé à la japonaise), la kawaii du groupe, elle achève tout le monde avec ses growls des enfers assénés du haut de son 1m50. Avec ce set à mi-chemin entre la perf’ artistique, une soirée Thunderdome et les églises qui crament en Norvège,  le public est aux anges (du moins, ceux qui ont tenu le coup devant ce WTF aveuglant).

De fait, l’enchaînement avec Alcest devient une autre forme de violence. Calés sur de grands tapis moelleux, Neige et sa bande jouent Écailles de Lune plus ou moins en entier. Même si on apprécie le groupe autant que l’album, même si on jubile aux premières notes d’“Écailles de Lune pt. 2”, même si cette musique nous donne envie de câliner toutes les peluches de la Terre, VMO nous a bouffé nos dernières cartouches et on abdique assez rapidement. On fait aussi une croix sur la performance d’Ashenspire, non sans regret (ne faites pas ça chez vous, les Écossais ont l’air absolument dingues sur scène !).

Alcest © Romain Ballez

SAMEDI

Running order corsé pour ce samedi, laissant peu de créneaux pour poser ses vieux os. Les tickets sont sold-out pour la journée et la Red Stage déjà bien pleine pour les heavy shoegazeux de Slow Crush alors qu’il n’est pas encore quinze heures. On tente de se laisser porter par l’univers doux et coloré des Belges et par leurs riffs très typiques du genre. Mais les parties de chant s’avèrent bien trop noyées et on ne retrouve pas le relief des titres de Hush ou Aurora. Pas moyen d’entrer dans le set, donc.

Pas moyen non plus d’entrer dans la Purple Stage pour voir Fvnerals. C’est d’ailleurs le gros (et le seul) reproche que l’on peut faire au Soulcrusher : les concerts s’enchaînent d’une scène à l’autre sans répit et la Purple Stage n’est ni très grande ni très accessible. On se retrouve donc tous les ans face à des choix cornéliens nous obligeant à écourter un concert sur la Red pour pouvoir accéder aisément à la Purple.

GGGOLDDD © Romain Ballez

Après cet instant « je veux parler à votre manager », on se retrouve aux premières loges pour GGGOLDDD. Les Hollandais jouent à domicile et leur EP PTSD vient de sortir la veille : le plan s’annonce sans accroc. Sur scène, la batterie a disparu au profit de pads électroniques et la filiation avec Portishead prend plus de sens que jamais. Pour le reste, comme à chacun de leur concert, c’est carré, maîtrisé et ça dégueule de charisme par tous les pores. Les titres de PTSD défilent ( “He Is Not”, “It’s Over”, “Old Habits Die Hard”…) et les gestes de Milena hypnotisent autant que sa voix. Lorsqu’elle mime des coups de revolver sur les beats de “Silence”, on ne moufte pas et on admire. Même notre collègue Romain (grand deatheux devant l’éternel) est séduit. Bref, GGGOLDDD : 1, le public du Soulcrusher : 0, victoire nette et sans bavure.

Plebeian Grandstand s’apprête à envahir la Purple Stage et on bouillonne d’excitation tant Rien ne suffit est un disque vers lequel on revient régulièrement depuis sa sortie. L’événement s’avère aussi un peu spécial puisque les Toulousains n’ont pas donné de concerts depuis cinq ans. Deux scénarios possibles à ce moment-là : soit le set tourne en concert-répèt et c’est le drame, soit c’est la dérouillée du siècle. Les premières minutes semblent pencher vers le premier scénario : on entend à peine Adrien s’époumoner (on apprendra plus tard qu’il ne s’entendait pas vraiment non plus), si bien qu’on ne reconnait “Masse Critique” qu’au moment de sa mémorable outro. Bref, pas vraiment le chaos auquel on s’attendait… Heureusement tout s’arrange au fil des morceaux et on finit par se faire happer par la maxi noirceur des plébéiens. Sont joués des titres de Lowgazers et False Highs, True Lows, et le carnage espéré a bel et bien lieu, un carnage tellement sale qu’il en devient merveilleux. Batterie assassine, riffs brutaux, chant enragé et machines infernales (un cinquième et nouveau membre échappé des néo-folkeux de Lisieux a rejoint Plebeian) : c’est la foire à l’abjection. Aucune pâquerette n’aura été cueillie pendant ce set mais des culs auront très certainement été bottés en masse et on a hâte de revoir le groupe dans de meilleures conditions techniques.

Les Toulousains nous ayant mis d’humeur Emil Cioran vs Albert Caraco, on ne tient pas cinq minutes devant Svalbard : trop de sourires, de joie et d’entrain ! Heureusement c’est bientôt l’heure de Rorcal sur qui on mise tous nos (dés)espoirs. Il ne faut pas plus de trois secondes aux Suisses pour nous plonger dans la tourmente : le son est MASSIF et la poutre sévère ! On se fait bringuebaler entre black, doom et hardcore, les tympans en ruines et les cervicales en feu. Le fond du trou menace de nous engloutir à chaque note, ça sent le soufre et la mort, on est aux anges. Le chanteur aussi, apparemment, puisqu’entre deux signes en hommage à Baphomet, il forme des cœurs avec ses doigts. Les titres de Silence sorti il y a à peine un mois (et illustré par un superbe tableau de Füssli) prennent une dimension encore plus implacable sur scène et Rorcal délivre incontestablement un des meilleurs concerts du festival. (Alizarine)

On ne va pas le cacher, on s’estime chanceux d’avoir pu voir en live, dans notre carrière de metalhead impénitent, presque tous les groupes que l’on voulait. Mais il s’en trouve toujours quelques-uns pour résister à l’observation, tapis dans des pays improbables, ou, au cas d’espèce, camouflés au fond de la fosse des Mariannes. C’est ainsi que, drôle de coup de baume du destin, on n’avait jamais vu les Allemands d’Ahab, dieux océaniques du « nautik funeral doom », groupe à la discographie sans faille. Et il était grand temps que cela cesse. On vogue donc jusqu’à la Red Stage pour s’arrimer solidement aux crash barriers, car un gros temps s’annonce, puis un grain digne des Cinquantièmes Hurlants s’abat prestement sur nous : le quatuor assène un “Mobilis in Mobili” de gala pour débuter son concert et on comprend vite que notre frêle esquif français ne résistera pas longtemps aux déferlantes sonores causées par le Léviathan d’Heidelberg. En effet, le son des Allemands s’avère proprement dantesque, massif et d’une clarté absolue, leur prestation technique d’une maîtrise totale, et le chant du bon Capitaine Droste, death comme clair, est plus propre que le pont d’un trois-mâts briqué par une armée de mousses. On ne peut que couler à pic en Mer du Nord après un morceau, le pavillon allemand battant sur la carcasse brisée de notre caboteur tricolore. C’est donc depuis les profondeurs que l’on se laisse porter par les hypnotiques remous du reste de l’impeccable prestation des Teutons. Faisant logiquement la part belle à leur exceptionnel dernier album en date, The Coral Tombs, les vieux loups de mer nous gratifient également du yob-esque “The Sea as a Desert”, le reste de la setlist se répartissant équitablement entre The Boats of The Glen Carrig (“Like Red Foam (The Great Storm)”, forcément), The Giant (“Antartica, The Polymorphess”, évidemment), et, pour finir de nous harponner solidement sur le fond du plancher océanique, The Call of the Wretched Sea (“The Hunt”). Que dire après une telle traversée, si ce n’est qu’on a qu’une seule hâte : lever à nouveau l’ancre, et retourner chasser les bêtes marines fabuleuses avec le meilleur équipage funeral doom de la scène. Pas des patrons : des amiraux. (Romain)

On passe rapidement à la Purple Stage où Mùr fait ses balances. Mais lorsqu’un membre dégaine quelques notes avec sa keytar, une remontée de stress post-traumatique nous envahit en pensant à l’ “Elektronik Supersonik” de Zlad! ou à Belinda Bedekovic (si vous ne savez pas qui c’est, ne googlez pas !) et on préfère inaugurer la petite Black Stage mise en place pour la première année au Soulcrusher. On y découvre Helen Money au milieu d’un parterre de pédales d’effet, concentrée sur son violoncelle. Sur fond de nappes noisy, le set commence avec “Midnight”, entre sonorités “classiques” et trip cinématographique. On pense à Jo Quail parce que c’est notre seule référence en la matière, mais on pressent un quelque chose de plus sauvage chez la Californienne. Quand celle-ci lâche son archet pour jouer au médiator, assenant des riffs à la limite du punk et du black metal, plus aucun doute ne subsiste ! C’est brut, intense, habité, et lorsqu’elle revient à des morceaux plus planants (au demeurant de très bonne qualité), on est presque déçus. Une belle découverte atypique. (Alizarine)

En toute honnêteté, voilà bien longtemps qu’on a quitté l’auguste et respectable drakkar d’Enslaved, et si on écoute religieusement tous leurs nouveaux disques à leur sortie, force est de reconnaître qu’aucun ne nous a durablement marqués ni même véritablement intéressés depuis Vertebrae (paru en 2008). Pour autant, on rate rarement une occasion d’aller les voir, tant, après bientôt trente ans de carrière et seize (!) albums, ils maîtrisent incroyablement leur affaire. Bref, on profite de la bonhommie d’Ivar, de l’impayable Grutle, et des autres, tant qu’ils sont encore là, et ce même si, plus les années passent, plus les concerts des Norvégiens ressemblent à des concerts de prog et non de black metal. On sait fort bien que que c’est le cas depuis longtemps, et on n’est surtout pas du genre à le regretter, à chialer sur un passé révolu et à claironner que c’était mieux avant, mais on ne nous enlèvera pas de l’idée que cette dimension prog ne fait que prendre de l’importance à chaque album et que cette musique s’adresse de moins en moins à nous. Et ce n’est pas la prestation du jour, réalisée en plein cycle de promotion de leur  récent – et, sans surprise, super prog – Heimdal, qui nous fera changer d’avis. Ainsi, on souffre durant les morceaux de ce dernier, évidemment fortement représenté ce soir. “Kingdom” nous semble un interminable tunnel synth-prog, “Forest Dweller” s’avère certes joli, mais d’une indolence terrible (virez moi ces solos de synthés sur les rares parties black metal !), quant à “Heimdal”, c’est carrément du doom (prog) ! On ne comprend officiellement plus rien à ce groupe… Ce qui ne nous empêche pas d’apprécier la performance technique et artistique, d’autant qu’on se trouve un peu mieux loti avec “Homebound” (même si on le croirait par moments sorti du Devin Townsend Project) puis beaucoup mieux loti avec l’imparable “Havenless” et son riff de tueur d’Asgardiens. On ira même jusqu’à dire que la fin de concert est tout à fait agréable, avec le méga-tube casse-nuque “Isa”, et surtout, un closer pour le coup ultra old school, “Allfǫðr Oðinn”, issu de la démo Yggdrasill de 1992, sur laquelle les velléités prog et mélodiques des Norvégiens étaient déjà bien présentes mais délivrées de manière beaucoup plus directe. Au total, on n’a pas passé un moment désagréable, loin s’en faut, mais on est également assez loin de s’être franchement éclatés : “interréchiant” en somme ! (Romain)

Mütterlein © Romain Ballez

Dernier concert à la Black Stage et non des moindres, la dame aux mille serpettes aka Mütterlein vient hypnotiser le Soulcrusher avec son indus rituel. Le temps de lorgner sur l’autocollant “L’enfer c’est les autres” collé sur ses machines et la fumée envahit la scène. On se recueille sagement pendant cette messe anti-patriarcale où se croisent “Violence & Misery”, “Mother of Wrath” ou encore “Requiem”. Alternant entre sa guitare et ses machines, Marion Leclerq est dévouée tripes et âme à son art et nous embarque avec autant de hargne que de classe dans sa noise doomesque. Lorsque “The Descent” nous tombe dessus avec chaos et fracas, il ne nous reste plus qu’à faire la seule chose sensée : chialer notre race et remercier la vie d’avoir des espaces pour partager des émotions aussi viscérales. (Alizarine)

Dernier concert de la Red Stage : les vétérans suédois de Cult Of Luna. C’est la troisième fois que le groupe effectue une tournée en 2023 après une première en mars, une deuxième plus courte l’été dernier puis un retour en octobre qui démarre justement par le Soulcrusher. On arrive dans la salle quelques minutes à peine avant que le sextuor n’envahisse la scène, ce qui nous permet de constater que les draps blancs ornent toujours le fond et que nous aurons droit aux deux batteries. Douche froide cependant lorsque le groupe débute son set par “Cold Burn”, comme il l’avait fait les deux dernières fois que nous l’avions vu. Si le titre impressionne toujours autant, on espère que CoL jouera ensuite des morceaux un peu plus rares. Ce n’est malheureusement pas le cas puisque “Nightwalkers”, “The Silver Arc” et “I : The Weapon” sont interprétées à la suite et dans le même ordre que lors des précédentes tournées. Ce n’est qu’à partir de “Finland”, extrait de Somewhere Along the Highway que la setlist change. Pour une courte durée puisque  “Beyond I” (superbement interprétée, avec une réelle finesse, le chant de Fredrik Kihlberg remplaçant celui de Mariam Wallentin présente sur la version studio) et “Blood Upon Stone” se succèdent et clôturent la prestation du soir… comme les autres fois. Cult Of Luna ne cachetonnerait-il pas un petit peu ? La question mérite d’être posée, car même si du fait de l’énergie déployée on pourrait tout à fait placer ce concert en tête du podium de cette édition 2023 du Soulcrusher, il s’agit également d’un des plus convenus et prévisibles de cette édition. (P-A)

Cult Of Luna  © Romain Ballez

Cerise sur le pompon de deux jours déjà bien intenses, LLNN vient nous border avant de nous dire bonne nuit. Malgré la fatigue, on est chauds bouillant, notamment parce qu’on crève de hâte de voir Victor Kaas sur scène (un de nos chouchous de l’année pour ses dingueries avec ses projets Eyes et Telos). Attentes largement surpassées : le Danois arrive seul sur scène, nous fait un tour de MC slam industriel qui laisse tout le monde sur le cul et en avant Guingamp (ou plutôt Copenhague) pour un “Imperial” qui porte un peu trop bien son nom. Musiciens furieux, son énorme, public totalement réceptif : on doit se retenir d’exulter toutes les deux secondes tellement c’est mortel. On a droit à des titres d’Unmaker et Deads (les oufissimes “Despots” et “Parallels”), chaque membre du groupe s’affairant à causer le plus de dégâts possibles à son instrument si bien qu’on se demande comment les fûts tiennent le coup sans s’écrouler sous les grosses patates que leur mettent le batteur. Bref, on ne pouvait pas espérer meilleur final pour ce Soulcrusher 2023. (Alizarine)