Les 132 pages complètes de new Noise ne suffiraient pas à notre journaliste Olivier « Zoltar » Badin pour vous présenter tous ses coups de cœur en matière de death metal. Il a donc décidé de ressusciter ici sa rubrique « La caverne de maître Zoltar » de feu Hard ‘n’ Heavy.
Groupe : Drowned
Date de formation : 1993
Pays d’origine : Allemagne
Musiciens : Timn (guitare), G. ST (basse et chant), T.E. (batterie)
Discographie : Aerth EP (1998), Viscera Terrae EP (2006), Idola Specus (2014), Procul His (2024)
Ils sont allemands, musicalement ancrés dans le début des 90s avec un death assez sec sans trop d’esbroufe ni d’effets de manche et partageaient un musicien avec Necros Christos. Les plus paresseux ont donc tout de suite tracé un parallèle un peu trop facile entre les deux groupes malgré le fait que le premier n’affichait aucun goût pour l’occulte, ni de tendances doom. Peu importe, Necros Christos bouffe désormais les pissenlits par les racines (mais ceux qui aimaient particulièrement leurs plans les plus morbidangeliens feraient bien d’écouter son successeur Sijinn !) et Drowned peut donc désormais exister par lui-même. Manque de bol, les Berlinois sont du genre… assez lents. En trente ans, le trio n’a sorti qu’un EP et deux albums, dix ans d’écart séparant les deux derniers. Heureusement, Procul His (« loin d’ici et maintenant ») dégage justement ce petit parfum hors du temps, toujours à la limite de l’austérité, tout en demeurant assez à part. Et leur guitariste (et membre fondateur) Tlmn assume tout.
De toute évidence, vous faites les choses comme bon vous semble. Mais bon, dix ans entre vos deux albums avec très peu d’activités, ne serait-ce que scénique, entre les deux c’est un peu long, non ?Tlmn : Oui, je sais, tout ça semble un peu ridicule… Après le premier album, c’est-à-dire de 2014 à 2017-2018, nous avons donné beaucoup de concerts. En même temps, nous ne pouvions pas beaucoup répéter à cause d’horaires contradictoires, ce qui nous empêchait de composer. Nous avons même intégré un second guitariste pendant un certain temps, mais ça n’a finalement pas fonctionné. Là, on a perdu un peu de notre élan. Puis la pandémie nous est tombée dessus…
Necros Christos n’est plus. Donc ça y est, on a arrêté de te bassiner avec, non ?
À ma connaissance, ces prétendus « parallèles » ont surtout été soulignés par des journalistes feignants. Chaque groupe avait un songwriter attitré différent et même si nous partageons évidemment de nombreuses influences, chacun avait un son très distinct et une manière unique de composer.
La plupart des gens doivent être surpris d’apprendre que vous existez sous une forme ou une autre depuis 1993… En même temps, c’est aussi un peu de votre faute car il ne s’est visiblement pas passé grand-chose du côté de Drowned durant la première décennie des années 2000…
Entre 1993 et 1998, nous avons sorti deux démos et un 45 tours, mais n’avons donné que des concerts locaux et de façon occasionnelle, à part une petite tournée avec Mortuary Drape, Countess et Mayhemic Truth en 1995. Puis le groupe est resté inactif d’environ 1998 à 2001, date à laquelle. J’ai pris un nouveau départ avec un batteur nommé Theby (NdR : ex-Tha Norr). Puis nous avons réalisé en 2006 Viscera Terrae, une démo qui a très bien marché puis est ressortie sous plusieurs formats différents. Je pensais que c’était reparti pour de bon et nous avons recommencé à donner des concerts. Mais malheureusement ce line-up s’est désintégré car certains ont déménagé et nous ne pouvions plus répéter. En fait, il a fallu attendre 2012 que nous soyons tous au même endroit pour reprendre pour de bon les choses et enregistrer notre premier album, Idola Specus, en 2014.
Est-il juste de dire que les influences de Drowned n’ont pas radicalement changé depuis les 90s ? Que répondriez-vous à ceux qui disent que vous êtes coincés dans le temps ?
Drowned est un groupe de death metal et j’ai une vision assez nette de notre son. Cependant, cela ne veut pas dire que nous ne sommes pas influencés par d’autres styles de metal, du rock 70s, du prog, voire de la musique électronique. Mais je n’ai pas pour objectif de ruiner notre musique avec des tentatives désespérées de crossover. Pourtant ces influences sont bel et bien là, mais à un autre niveau. D’un autre côté, on ne peut pas non plus être considérés comme totalement rétro dans le sens où même si nous sommes profondément enracinés dans la scène des 80s et du début des 90s, nous avons notre propre style et continuons d’avancer.
Vous n’avez jamais développé une image très forte et c’est encore une fois le cas avec le nouvel album dont l’artwork s’avère assez abstrait, comme celui du premier. La nouvelle œuvre est-elle en quelque sorte une suite à la première ?
Je pense juste que les deux correspondent parfaitement à notre musique. Ce sont des photographies mais il n’y a pas de lien plus profond entre les deux. Celle d’Idola Specus est une macrophotographie très agrandie, tandis que celle de Procul His n’est qu’une nature morte, un négatif aux couleurs légèrement altérées.
Votre son a toujours été très sec, basique, avec peu d’effets.
Eh bien, nous sommes un trio et devons travailler avec cette configuration. J’aurais pu ajouter plus d’harmonies de guitare ou de solos en studio, mais les chansons n’en avaient pas besoin. De plus, je veux que l’album soit jouable sur scène. Avoir deux guitaristes dans le groupe offrirait certainement d’autres possibilités intéressantes, mais c’est comme ça.
Les descentes de toms aigus que l’on peut entendre sur l’album, sont-elles un hommage à Ventor de Kreator ? Ou au metal des années 80 en général ?
Je viens de demander à notre batteur T.E. et il me répond « non, à Alex Van Halen » (Rires) Mais oui, Kreator est une influence très vénérée.
Artwork :