New Noise présente “Chacun Mes Goûts”, une série de discussions où groupes et artistes habitués de nos colonnes nous parlent de leurs disques de chevet. Aujourd’hui, ce sont William Lacalmontie, Angéline Seguelas et Julien Taubregeas d’Ovtrenoir qui se prêtent au jeu…
Votre premier disque acheté ou acquis ?
Julien Taubregeas (batterie) : Innuendo de Queen. J’avais vu Highlander avec mes parents, peu de temps avant de le choper, ça m’avait pas mal marqué. Et j’ai beaucoup aimé. (Fou rire de William)
Angeline Seguelas (basse) : Guns N’ Roses, Use Your Illusion. J’ai dû commencer par le deuxième. Je suis venue aux musiques saturées à 11 ans. Surtout Nirvana et Metallica, beaucoup les Guns au début.
William Lacalmontie (chant) : Comme Ange, j’ai été bercé par le metal et le hard rock des années 80-90. Mais mon premier vrai souvenir d’album à moi, c’est un double achat : Antichrist Superstar et Mechanical Animal de Marilyn Manson.
AS : Mais t’es plus jeune, c’est pas juste !
Un disque que vous associez à votre enfance ?
WL : Deux albums de 89 que j’aime toujours autant et que j’allais chercher tout seul dans la collection familiale : Pump d’Aerosmith et Trash d’Alice Cooper. Mes parents écoutaient beaucoup, surtout ma mère qui était hyper fan d’Alice Cooper. Elle était au concert en 88, enceinte de mon frère jusqu’aux yeux, c’était au Zénith je crois. J’avais retrouvé le rip de ce concert d’ailleurs.
AS : The Wall de Pink Floyd, facile. On écoutait beaucoup de rock psyché des 70s à la maison, avec aussi du Zappa, et ensuite pas mal de new wave comme Depeche Mode. Mais Pink Floyd c’est la référence de mon père, et j’en écoutais déjà quand j’étais dans le ventre de ma mère.
JT : L’album blanc des Beatles et Beggars Banquet des Rolling Stones, avec « Sympathy For The Devil ». Ça a toujours été la guerre entre les Beatles et les Stones chez mes parents. Puis après j’ai bouffé du Phil Collins et du Véronique Sanson, mais ça t’es pas obligé de le mettre !
Un disque qui vous a fait découvrir le post-metal, le metal « hors cadre » ?
WL : J’ai commencé assez tard, en 2007-2008. J’ai eu une révélation avec Cult Of Luna, mais surtout avec Given To The Rising de Neurosis.
JT : On a découvert en même temps ! Ça a vraiment été Salvation de Cult Of Luna, pour moi.
AS : J’ai commencé par Neurosis et Times of Grace. J’en écoutais plusieurs en même temps, à cette époque je me déplaçais beaucoup pour le boulot. J’aurais du mal à choisir mais celui-là a beaucoup tourné !
Un disque qui vous a donné envie de faire de la musique ?
WL : Antichrist Superstar. La « Mansonite aigüe » m’est restée tout au long du collège. C’est là où j’ai commencé à vouloir jouer dans un groupe, essayer de composer, à l’époque très mal, mais en tous cas en étant inspiré. J’ai eu conscience d’être en face d’une œuvre globale et réfléchie. C’est vraiment ce qui m’a ouvert les yeux.
AS : Plutôt Nine Inch Nails en 95 avec The Downward Spiral. J’étais aussi complètement fermée aux musiques électroniques avant ça. Je me suis rendu compte que l’intégration des machines amenait toute cette rage.
JT : Je pense que c’est Nevermind de Nirvana. C’est de là que vient ma première envie de groupe, et de jouer de la batterie.
La question impossible : le(s) meilleur(s) album(s) de tous les temps ?
AS : Désolée, je reste sur The Wall. Il y a vraiment tout dedans !
JT : Je suis d’accord avec The Wall, mais je reviens quand même hyper souvent à Mellon Collie & The Infinite Sadness des Smashing Pumpkins.
WL : Il y en a tellement… Hyper compliqué, j’écoute tellement de choses dans des genres différents et tant de disques me tiennent à cœur. Je suis un peu obligé de rester sur Pink Floyd après Ange, tellement ils sont précurseurs et indétrônables. Personnellement, je ne me suis jamais remis du premier visionnage du Live at Pompeii. C’est gravé à vie et je le revois et réécoute avec toujours autant de plaisir, donc ce sera celui-là.
Votre album post-metal préféré ?
AS : Mass IIII d’Amenra. Je l’ai beaucoup écouté. Et Cult Of Luna, Somewhere Along The Highway. Ça reste une grosse référence.
WL : Ce sont des passages obligatoires. Je suis d’accord avec Ange pour Cult Of Luna. Mais je citerais bien un Neurosis, il le faut. Donc : Through Silver In Blood. Et aussi l’unique album de Battle Of Mice que j’ai écouté en boucle quand je l’ai découvert, il revient toujours.
JT : J’ai beaucoup saigné Vertikal I & II de Cult Of Luna, mais c’est surtout Mass IIII d’Amenra qui m’a profondément marqué.
Votre album non metal préféré ?
JT : Alchemy Index de Thrice. Belle quadrilogie, de la violence et des passages calmes, et je suis ultra fan du chanteur. C’est très bien composé. Du bourrin et des envolées posées, c’est complet.
WL : Un album vers lequel je reviens souvent : Mazzy Star, So Tonight That I Might See… J’adore son ambiance éthérée. Un des meilleurs albums du genre. Une simplicité apparente, mais de la mélodie qui revient en boucle, et une utilisation de l’orgue et du delay qui me parlent énormément. C’est quelque chose que je retrouve à la fois dans le post et dans Mazzy Star.
AS : Je reviens vers pas mal de disques que j’écoutais quand j’étais très jeune et qui ne seraient pas validées par le Comité… Comme Peter Gabriel ! Mais je vais citer Ten de Pearl Jam. Dès le début, instrumentalement parlant, je n’ai pas trouvé ça hyper intéressant. Mais la voix d’Eddie Vedder me touche énormément, comme celle de Peter Gabriel d’ailleurs. Leurs voix résonnent d’une certaine manière et ça me donne des frissons. Ten est meilleur que les autres en termes de compositions.
William, un disque avec ton/ta chanteur·euse préféré·e ?
Parce que c’est un groupe qui m’a remotivé, donné envie de fonder Ovtrenoir, de me mettre au chant, et aussi bien pour la musique que pour la voix, je choisirais Josh Graham avec les premiers A Storm Of Light. Bon, j’ai du mal à dire qu’il s’agit de « mon chanteur préféré de tous les temps », parce que je pourrais encore citer Neurosis, ou Chris Cornell que j’adule et qui reste une référence incroyable. Mais A Storm Of Light m’a vraiment touché à l’époque, je choisis And We Wept The Black Ocean Within…
William, un disque avec ton/ta parolie·re préféré·e ?
Julie Christmas pour les paroles de Mariner avec Cult Of Luna, ainsi que Nick Cave. J’hésite entre Push The Sky Away et Skeleton Tree. Ce sont vraiment des albums hyper touchants, et leur façon d’écrire donne cette impression de poème mis en musique. Ce qui m’a moins frappé sur Ghosteen, que je n’ai pas vraiment aimé d’ailleurs.
Angéline, un disque avec ton/ta bassiste préféré·e ?
Roger Waters, forcement, que ce soit la basse ou la voix. Mais récemment, le bassiste de Thrice m’a impressionné. Toujours judicieux, et ça groove. J’aime vraiment beaucoup. Et sinon le bassiste de Daughters est terrible. J’adore également le jeu de Quentin Sauvé, de Birds In Row.
Julien, un disque avec ton/ta batteur·euse préféré·e ?
Je suis ultra fan de Thomas Hedlund de Cult Of Luna. Impossible de ne choisir qu’un seul album, j’y trouve toujours quelque chose de musical et de chantant. Donc Victoire de la Musique d’honneur pour l’ensemble de sa carrière… Cela étant dit, son taff est peut-être même encore plus élaboré sur A Dawn To Fear, alors allons-y pour celui-là ! Mentions honorables également pour Mehdi de Hangman’s Chair et Abe Cunningham de Deftones.
Un disque d’un groupe ou artiste avec qui vous êtes potes ?
WL : Je dirais Hangman’s Chair. Ça fait longtemps que je les suis, c’est un plaisir de les avoir vu évoluer et de les recroiser. Un groupe incroyable pour moi. Banlieue Triste est celui que j’ai vraiment le plus écouté. Ils arrivent à un équilibre parfait. Dans la production, dans la noirceur, la tristesse et les effets qu’ils utilisent.
AS : J’aimais beaucoup Dysfunctional By Choice, groupe de Francis Caste. Je les ai beaucoup photographié à l’époque, et j’adore Travelling In Travel…
JT : Hangman’s Chair pareil, This Is Not Supposed To Be Positive. Dans le son, l’agressivité et la composition, il est vraiment parfait. Massif, mais avec beaucoup de groove.
Votre B.O. de film préférée ?
WL : Gone Girl par Trent Reznor & Atticus Ross, elle est magnifique. Et celle de Dark Crystal, la série de Netflix de 2019, par Daniel Pemberton.
JT : Au sommet, il y en a une de Hans Zimmer, celle d’Interstellar. Je sais que tu vas gueuler Will ! Elle est vraiment belle, il y mélange parfaitement orchestrations et électroniques…. Quand tu sais qu’il l’a composé sans voir le film, je trouve ça fou. Et celle d’E.T. par John Williams.
AS : Je suis en train de réécouter la B.O. de Lost Highway. Ainsi que celle de Strange Days. « Hardly Wait » par Juliette Lewis, je l’avais un peu effacée de ma mémoire, mais oh la la…
Votre pochette de disque préférée ?
WL : Celle-là est dure, et le pire c’est que j’en avais une en tête… (Il la cherche) Celle d’Otta de Solstafir m’a marqué, et c’est un album que j’ai adoré, notamment pour le chant. Une photo hyper marquante et qui résume les conditions dans lesquelles on imagine la composition.
AS : Je n’accroche jamais sur les pochettes ! Si je devais en citer une, je dirais celle de Noisy Pipes Lovely Noise de Sin, j’aime les couleurs et le coté pesant qu’elle dégage.
JT : J’aime beaucoup la pochette de la version vinyle de Hemeltraan de Kingdom, projet de Colin et Mathieu d’Amenra.
Un disque plaisir coupable inavouable ?
AS : AH PUTAIN NON ! Là je vais me fais virer direct. (Rires) J’aimais vraiment beaucoup Empyr, l’album était hyper bien écrit. S’ils n’avaient pas fait partie de Kyo ça aurait été très bien reçu. Mais sinon je dois citer le deuxième album de Zazie, Zen, avec le morceau-titre, « Larsen », « Un point c’est toi »… Gros plaisir coupable.
WL : Je l’ai… Ce n’est même pas si inavouable que ça, mais je rêve d’aller en karaoké pour chanter « Wanted Dead Or Alive » de Bon Jovi. Donc l’album de 86, Slippery When Wet.
JT : J’écoute le dernier The Weeknd en ce moment ! Sinon Automatic de Don Broco, mais ce n’est même pas inavouable, j’aime beaucoup ce groupe !
Un disque que vous offririez à votre meilleur·e ami·e ?
WL : Breach, Collapse. Il y a tout dedans, la composition est incroyable. Un mix d’influences et de genres sans jamais que rien ne paraisse forcé ou faux. C’est un album monstrueux.
AS : Plutôt envie de partir sur un groupe français… Je suis une grande fan d’As We Draw, donc je choisirais Mirages. Je rêve qu’ils rejouent.
JT : The Wall de Pink Floyd ou Mellon Collie & The Infinite Sadness des Smashing Pumpkins. Tout simplement.
Un disque que vous offririez à votre pire ennemi·e ?
AS : Oh, facile. La pire honte musicale pour moi, Shaka Ponk direct. Ça me révulse, c’est clair.
WL : Je devrais en trouver plein normalement, vu que je déteste tout… Mais là je galère. Le sentiment de haine me vient souvent de la France. J’étais déjà révulsé par Téléphone, mais le fait qu’ils remontent les Insus, ça pourrait me rendre violent.
JT : Je crois qu’il n’existe qu’un ou deux singles, mais j’ai entendu Wejdene et c’est une torture.
Votre disque préféré de 2020 ?
WL : L’album d’Insect Ark, le dernier Mark Lanegan et le Spook The Horses. Il se réécoute hyper facilement, il dégage de la noirceur, il est hyper bien produit, il y a tout ce que j’aime dans cet album.
AS : Je n’arrive jamais à suivre ce qui sort, mais j’ai beaucoup aimé le dernier Caspian !
JT : Je dois avouer que je ne sais pas !
Le disque que vous écoutez en boucle en ce moment ?
WL : Le dernier album de Briqueville, Quelle, est très très cool, je l’ai beaucoup écouté récemment. Bonne prod, il s’écoute très bien au casque. J’écoute aussi de l’ambient jouée au synthé modulaire, j’ai fait beaucoup de découvertes dans ce genre depuis quelques années. Et je suis toujours en boucle sur le Volume Massimo d’Alessandro Cortini, ex-claviériste de Nine Inch Nails, sorti en 2018.
AS : On revient encore à Cult Of Luna. J’écoute beaucoup A Dawn To Fear en ce moment, c’est pas très original mais c’est bien celui-là…
JT : J’écoute beaucoup de hip-hop/rap en ce moment, en particulier Bones et Token, dans la mouvance la plus dark. Mais pas d’album en particulier.
Votre dernier disque acheté ou acquis ?
WL : Il me semble que c’est le dernier Mark Lanegan, et Muerte de Will Haven, qui est excellent.
AS : J’ai racheté Pretty Hate Machine de Nine Inch Nails en vinyle parce que je ne l’avais pas. Pas grand-chose à part ça. Ah, peut-être aussi le dernier Birds In Row.
JT : L’album sans titre de Maudits et l’édition deluxe de Blossom de Frank Carter & The Rattlesnakes.
Et enfin : team vinyles, team CD, team cassettes ou team streaming ?
WL : Stream pour écouter chez moi et CD dans la voiture. J’ai quelques vinyles mais toujours pas l’équipement pour les écouter, c’est plus de la collection qu’autre chose.
AS : Streaming en voiture et en faisant du sport, et vinyle à la maison.
JT : Team vinyles à fond, mais streaming aussi pour découvrir de nouvelles choses en permanence.
Fields Of Fire, le premier album d’Ovtrenoir, est sorti fin octobre chez Consouling Sounds. Vous pouvez l’écouter ICI. Interview et chronique à lire dans new Noise #54, en kiosque actuellement.
Propos recueillis par Clément Duboscq
La playlist :