New Noise présente “Chacun Mes Goûts”, une série de discussions où groupes et artistes mis en avant dans nos colonnes nous parlent de leurs disques de chevet. Aujourd’hui, c’est Reba Meyers, chanteuse et guitariste de Code Orange, qui se prête au jeu…
Ton premier disque acheté ou acquis ?
Reba Meyers : Je m’en procurais de différentes façons quand j’étais gamine, soit dans un magasin de disques, soit par les copains. On s’est beaucoup échangé de musique avec Jami (NdR: chanteur et batteur de Code Orange) quand on s’est liés d’amitié en sixième. Un jour il s’est ramené en cours avec un t-shirt de Minor Threat tout rouge. Out Of Step a été un des premiers disques qu’il m’a filé, et le premier vraiment significatif à mes yeux. J’en suis tombée amoureuse, j’aimais combien c’était brut et différent. A cet âge-là tu es en pleine recherche d’identité, tu te compares aux autres. Ce disque m’a aidé à trouver ma voie et m’a permis de mettre un pied dans la scène punk. Et bien sûr, la chanson « Straight Edge », sur l’EP sans titre, nous avait donné envie de suivre le mode de vie du même nom.
Un disque que tu associes à ton enfance ?
Peut-être Violator de Depeche Mode, pas forcément parce que je l’écoutais beaucoup à l’époque. Mais j’ai le souvenir que le disque squattait la voiture de ma mère. Je ne pense pas qu’elle était une immense fan non plus, mais il tournait pas mal ! L’écouter me ramène toujours à cette période, et ce n’est que plus tard que je m’y suis vraiment mise à fond.
Un disque qui t’a donné envie de devenir musicienne ?
J’ai commencé à apprendre le classique quand j’avais environ 7 ans. Je me suis vraiment mise à la composition en jouant du punk avec Jami au collège. Je dirais donc que la scène punk en général a eu un impact. Mais je n’ai pas vraiment eu de déclic en écoutant un disque en particulier. C’est en commençant à me rendre aux concerts à Pittsburgh, en vivant toute cette intensité que l’envie m’est venue et que j’ai su que ça ferait entièrement partie de ma vie.
Un disque qui t’a initié à la scène hardcore, s’il ne s’agit pas de Minor Threat ?
Spontanément : Firestorm d’Earth Crisis et Satisfaction Is The Death Of Desire de Hatebreed, Mais il y en a tellement… Il faisait bon vivre à Pittsburgh car les concerts mélangeaient noise rock, punk, punk hardcore, beatdown, etc. C’est ce qui m’a formé et m’a amené à être plus attentive au hardcore de façon plus globale. Ça marchait au bouche à oreille, on ne se demandait pas d’où venait tel ou tel groupe, il suffisait de discuter avec d’autres gens de la scène pour faire des découvertes, et faire de plus en plus de rencontres par la même occasion. En tous cas Earth Crisis et Hatebreed ont été les premiers pour lesquels j’ai ressenti une connexion personnelle, et ils m’ont ouvert au hardcore plus métallique. C’est aussi ce qui a plus ou moins donné envie à Code Orange de s’éloigner du punk pour jouer une musique plus heavy.
La question impossible : le(s) meilleur(s) album(s) de tous les temps ?
(Rires) Ça change en permanence ! Que dire… En punk, les disques de Minor Threat, Operation Ivy… En metal Chaos A.D de Sepultura, Vulgar Display Of Power de Pantera, World Coming Down de Type O Negative. J’adore aussi Songs Of Faith And Devotion de Depeche Mode. La liste peut s’allonger sans fin… Dirt d’Alice In Chains aussi. Ceux-là sont les plus importants. Mais je me suis rendu compte avec l’âge qu’il y avait de plus en plus de raisons différentes d’apprécier la musique, de nombreux albums sont devenus mes préférés sans qu’il y ait quoi que ce soit de metal dedans.
Ton disque indus préféré ?
Demanufacture de Fear Factory. Et en particulier le morceau « Body Hammer ». Le groove, ce metal joué de façon très clinique, calculée, les éléments industriels… On propose nous aussi une mixture de metal et électronique, mais Fear Factory le fait de façon si naturelle, si évidente… C’est encore un disque référence en la matière.
Un disque inspirant pendant la composition d’Underneath ?
Difficile de répondre là aussi, car on ne se dit jamais que nous voulons sonner comme tel ou tel groupe. Mais je peux dire que notre playlist a fait autant la part belle à des groupes hardcore et punk de Pittsburgh qu’à Pantera, Type O, Sepultura, Alice In Chains, Nine Inch Nails, ou même Depeche Mode et My Bloody Valentine. On s’en est inspiré en terme de production, pas vraiment musicalement.
Un disque d’un groupe ou artiste avec qui tu aimerais collaborer ?
Probablement Depeche Mode, Songs Of Faith And Devotion, encore une fois. Mais évidemment ça n’arrivera jamais ! (Rires) Si j’avais l’occasion d’écrire une chanson avec Martin Gore, ou de chanter sur une des leurs, ce serait plutôt épique !
Un disque que tu mettrais dans les mains d’une version plus jeune de toi ?
Pantera, Vulgar Display Of Power. Je n’ai pas grandi en les écoutant, comme je te le disais j’étais plus branchée punk. Si je m’y étais mise plus jeune, j’aurais eu un contact plus avancé avec l’aspect technique de la musique. Mais aucun regret, je suis ravie d’avoir découvert plus tard.
Un disque que tu écoutes pour te reposer à la maison ou en tournée ?
Peut-être Jar of Flies d’Alice In Chains. C’est plutôt relaxant, bien que sombre. Ou l’EP Glider de My Bloody Valentine.
Ta B.O. de film préférée ?
Je ne sais pas si j’ai une réponse valable, laisse-moi réfléchir… Je n’ai jamais vraiment écouté de B.O. de la même façon que j’écoute des albums. A part peut-être celle de Matrix ? (Rires) Je ne vois pas trop ce que je peux répondre d’autre…
Ta pochette de disque préférée ?
Je me dois de répondre Underneath de Code Orange. C’est une réponse osée mais c’est la vérité ! En partie parce qu’il s’agit de la conclusion d’une trilogie débutée avec la pochette d’I Am King. Ça ne se fait plus tant que ça.
Un disque plaisir coupable inavouable ?
(Rires) Tout dépend de ce qu’on entend par plaisir coupable ! Mais venant de quelqu’un issu d’un groupe metal hardcore, peut-être Born To Run de Bruce Springsteen ? C’est aussi un de ceux avec lesquels j’ai grandi.
Un disque qui n’est pas un plaisir coupable, mais qu’on ne s’attendrait pas à trouver dans ta collection ?
Bridge Over Troubled Water de Simon & Garfunkel, je l’adore. J’écoute aussi pas mal de musique classique.
Le disque que tu écoutes en boucle en ce moment ?
Récemment, Masters Of Puppets de Metallica. Un album qui donne beaucoup de courage et fait toujours du bien quand on y retourne, surtout en quarantaine. On fait le plein d’énergie.
Ton dernier disque acheté ou acquis ?
Le nouvel album de Year Of The Knife, Internal Incarceration. Un très bon groupe, très apprécié en ce moment dans la scène hardcore.
Et enfin : team vinyles, team CD’s, team cassettes ou team streaming ?
Le streaming, je pense. J’ai beaucoup téléchargé dans ma vie, mais aujourd’hui le streaming a pris une grosse place. Impossible d’écouter des vinyles en tournée, à peine des CD… C’est donc la meilleure solution pour écouter autant de musique que possible.
Under The Skin, album live semi-acoustique de Code Orange, est sorti début septembre après avoir été diffusé en direct pendant l’été. Vous pouvez le regarder ICI.
Propos recueillis par Clément Duboscq
La playlist :