[Chacun Mes Goûts] #27 : Frédéric D. Oberland

 

(c) Cédric Chort

 

New Noise présente “Chacun Mes Goûts”, une série de discussions où groupes et artistes mis en avant dans nos colonnes nous parlent de leurs disques de chevet. Aujourd’hui, c’est Frédéric D. Oberland, membre d’Oiseaux-Tempête, Le Réveil des Tropiques ou encore FOUDRE!, qui se prête au jeu…

Ton premier disque acheté ou acquis ? 

The Wall de Pink Floyd et Reggatta de Blanc de Police. En ce qui concerne Pink Floyd, il ne s’agit pas forcément l’album que je préfère d’eux. J’ai découvert la première période, plus intéressante, bien des années plus tard. Mais c’est un peu une madeleine de Proust. Ça me replonge minot. Comme beaucoup de gens de ma génération, le clip m’avait marqué, avec tous ces dessins à la Dali.

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Un disque que tu associe à ton enfance ? 

Il n’y avait pas trop de musique à la maison, et pas de musique actuelle surtout. Du classique et de la chanson française. Ma mère écoutait beaucoup Brel, j’ai toute une collection de vinyles, que j’ai gardé d’ailleurs. Attends je regarde… Tiens, il y a même un Michel Sardou ! Ah voilà, L’Homme de la Mancha avec Brel… Ah mais attends, il y a surtout Amour Anarchie de Leo Ferré. Je l’ai écouté bien plus tard, mais le titre me fascinait quand j’étais gamin, et il est absolument sublime. La pochette m’a marqué et donné envie de rentrer dedans. J’ai aussi été musicalement marqué par Bach et le Concerto pour piano et orchestre numéro 5, ou Les Gnossiennes d’Erik Satie.

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Un disque qui t’a donné envie de faire de la musique ?

Un en particulier : Einstürzende Neubauten, Haus der Lüge. J’ai un bagage de piano classique, mais j’ai arrêté à 15 ans, je me suis mis à la guitare tout seul. Un ami à moi, de 10 ans mon aîné, dont je suis toujours proche, me faisait des compils. Avec du Skinny Puppy, Ministry, Frontline Assembly, Throbbing Gristle et j’en passe… Je vois la pochette de Haus der Lüge chez lui, il me met le disque, et là, grosse révélation. Ça me fait me dire « Ça doit être chouette de faire de la musique comme ça ». Einstürzende emmenait vers quelque chose de pluridisciplinaire, ce à quoi j’aspirais. Radical aussi bien en art qu’en politique. Un groupe qui m’a accompagné jusqu’au début des années 2000. J’ai un peu lâché après Perpetuum Mobile. Mais c’est resté ultra intéressant et novateur.

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Un disque porte d’entrée vers la musique expérimentale ?

Einstürzende l’était déjà un peu, mais je pense que derrière c’est Sonic Youth, par le biais de Glenn Branca. J’avais sa Lesson n°1 for Electric Guitar, avec Lee Ranaldo et Thuston Moore notamment. J’aimais beaucoup. Je n’étais pas encore musicien et j’écoutais beaucoup de musique expérimentale et répétitive. Je me suis mis à Steve Reich, Karlheinz Stockhausen avec le Helicopter Quartet (Helikopter-Streichquartett), enregistré dans des hélicos en plein vol… Et après, je sus passé au free jazz, un terreau pour moi. J’adore New York – Addis – London – The Story of Ethio Jazz 1965-1975 de Mulatu Astatke. Et puis de nombreuses sorties de Tzadik, le label de John Zorn, avec en tête The Parachute Years.

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La question à 1000 balles : le meilleur album de tous les temps ?

C’est hyper dur… Ça change à chaque fois. J’en cite quatre dans le désordre. Charlie Haden, Liberation Music Orchestra. Un disque de 69 ou 70. Du free jazz orchestré avec tous les musiciens d’Ornette Coleman, mélangé à des chants républicains de la guerre civile espagnole. C’est absolument sublime. Puis Music For Films de Brian Eno, et toute sa période ambiante. Je composais des musiques de film avant de jouer dans des groupes, je continue toujours d’ailleurs. La découverte de ces espèces de B.O. imaginaires, c’était fou. Il me semble qu’il était malade à cette époque. Et j’étais fasciné par cette capacité à jouer avec le volume, faire transpirer les murs d’une ambiance particulière, soit doucement joyeuse soit mélancolique. Puis Portishead, Third. Une anecdote : Portishead était devenu assez gros pour toucher le grand public au point d’entrer en prog sur les grandes radio. Un jour, j’entends « Machine Gun » en faisant mes courses, et j’avais conscience d’assister à un truc historique. Tu pousses ton cadi et tu entends ces battements en intro, qui n’ont rien de radiophonique. Ils étaient suffisamment connus pour faire un coup médiatique plus fort que Radiohead avec Kid A ou Amnesiac. Et en même temps, c’est hyper bien  composé, frissonnant par moment. C’est splendide. Je ne les ai jamais vus en concert, et je suis bien dégouté d’avoir loupé la tournée de ce disque. Et enfin, la B.O. de Dead Man par Neil Young. Pour de nombreux guitaristes, c’est un disque incroyable. La grâce pure d’un instrument solitaire, que ce soit la guitare ou l’orgue. Et toute la mythologie autour, le dernier rôle de Robert Mitchum au cinéma, etc. Tout le travail derrière est génial. Il ne manque vraiment que le thème d’ouverture du film. C’est un disque qui synthétise un peu tout ce que Neil Young a essayé de développer. Un son de guitare ultime à trouver, qui pourtant est bien là.

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Ton disque post-rock préféré ?

C’est compliqué, car pour le coup, je trouve qu’il s’agit d’une mauvaise étiquette. Tout dépend de ce que les gens entendent par là. S’il fallait aller vers un truc historique : Laughing Stock de Talk Talk. Et, en disque de chevet, même si je ne l’écoute plus beaucoup : Set Fire To Flames, leur premier album, Sings Reign Rebuilder. Je trouve dommage que les gens les connaissent moins que Godspeed! You. Cet album était sorti sur un label de Montréal, Alien8.  Beaucoup de gens qui gravitent autour de Constellation jouent dessus, dont pas mal de membres de Godspeed You!, comme David Bryant, Mike Moya ou Sophie Trudeau. D’après ce qu’on m’a dit, ils s’étaient rendus dans une maison désaffectée et avait enregistré en continu ce qui se passait. Je trouve le résultat très intéressant, avec des passages expérimentaux, orchestrés, dépouillés, qui peuvent faire penser aux débuts de Silver Mount Zion, et d’autres qui groovent vraiment. Parfois ça rappelle Pink Floyd. Ils n’ont sorti que deux albums et celui-là est absolument magnifique

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Ton disque jazz préféré ?

J’en choisi deux : le premier c’est Bitches Brew de Miles Davis. Déjà, rien que pour l’artwork… Il est sublime. C’est la période de Miles entre 69 et 75, tout ce que j’en ai écouté est incroyablement sublime. L’apparition de l’électricité dans sa musique, un aspect rock mais pas « jazz rock » selon moi. La réflexion des timbres donne cette impression de proto-musique électronique. J’avais un peu l’impression d’écouter Portishead avant l’heure. Et un saxophoniste Hongrois, Akosh Szelevényi, avec Éléter, dernière partie de son premier triptyque. Je l’ai découvert fin 90-2000, j’étais allé le voir à l’Atmosphère, un bar au Canal Saint Martin. Il s’y produisait toutes les semaines, en solo ou en trio. Et je me suis rendu compte qu’il jouait sur 666.667 Club de Noir Désir. C’est sûrement pour ça qu’Élétter était sorti sur Barclay. Il est vraiment bien produit, douze musiciens jouent dessus, c’est très très bien. Un disque beaucoup trop méconnu…

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Ton disque expérimental préféré ?

Je dirais peut-être Pan Sonic, ils ont collaboré avec Alan Vega, sous le nom VVV. Pour eux je choisis Kesto. Mais je dois aussi citer Oren Ambarchi, batteur et musicien électronique, et notamment son album In The Pandulum’s Embrace. On y retrouve une ambiance que je trouve sombre, et qui en même temps te fait sentir bien. C’est propice à la réflexion intérieure, au replis sur soi. Ça passe par des phases un peu harsh, mais je suis très fan. Un disque qui a compté pour moi, qui m’a fait penser à Morals and Dogma par Deathprod.

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Ton disque collaboratif préféré ?

Le disque de Scott Walker avec Sunn 0))), Soused. Et je considère que c’est le meilleur album de chacun. Et ce n’était pas gagné, ce genre ce genre de collaboration est très difficile à réussir. C’est un disque intéressant car presque plus pop et plus accordé que Bish Bosch, lui plus atonal. Une puissance, une sincérité que je trouve hyper touchante et très belle.

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Ton disque préféré de toute ta discographie ?

La sale question ! C’est difficile, on n’est jamais bon juge avec son propre travail. J’ai toujours l’impression que le meilleur c’est le dernier, et je n’ai pas l’impression de construire « une carrière ». Je vais être obligé d’en citer plusieurs, car derrière chaque disque, il y a une histoire qui est celle que peut raconter la musique, l’amitié, la recherche, les difficultés… Allons-y par ordre chronologique. Le Réveil des Tropiques, l’album sans titre, enregistré en deux jours à Rouen en avril 2011 dans une maison. On avait peut-être donné un ou deux concerts ensemble, même pas deux répet’. On a décidé d’aller dans une baraque, brancher des trucs dans un studio sans prétention sous les toits. Deux jours à triper comme des fous. On ne jouait pas forcément très bien parfois, mais tu y trouves une vérité de l’instant, une magie qui illustre bien la première période de ce groupe. Avec une grande simplicité dans la manière de le penser. Après, on a mis six mois à se mettre d’accord sur la pochette ! Ensuite, mon premier disque solo, Peregrinus Ubique. Sorti en 2015, une semaine avant les attentats. J’exposais mes photos aux Balades Sonores, j’avais donné trois petits concerts pour la sortie du disque, dont un avec Christine Ott, un avec FOUDRE!, projet encore balbutiant, et Oiseaux-Tempête en trio avec Stéphane et Gareth Davis. Sa particularité : être à la fois un disque et un photozine. Enregistré en une semaine à la maison, mixé par moi-même, avec des fields recordings… J’aime bien ce disque, sa naïveté fait passer outre ses défauts. Et puis, il s’agit de ma première publication photographique. Et en troisième dernier : AL​-​’AN !  d’Oiseaux-Tempête. Pour plein de raisons, regarder ce disque me fait penser à nos amis au Liban, la plupart des gens avec qui on a joué ont perdu leur maison. Pour nous c’est une vraie grande aventure. Après avoir navigué à vue pendant un moment, c’est la première fois qu’on s’est dit, avec Stéphane et les deux Grégoire d’As Human Pattern (NdR: à qui on doit des fields recordings sur cet album), qu’on pouvait continuer le périple méditerranéen en sachant ce qui nous attendait. On savait qu’on allait jouer avec eux, qu’on allait pouvoir rester un mois… On  là-bas et on se prend une claque monumentale. À l’époque on vivait encore relativement tranquillement comparé à la situation actuelle. Mais là, les gens qu’on rencontre font de la musique parce que ça leur est nécessaire. Pas d’intermittence, pas de reconnaissance… Ils font ça parce qu’il faut lutter contre le désert. Dans le sens où celui-ci enfouit nos désirs, nos possibles. On a fait 3 ou 4 voyages là-bas. Et des conditions de dingue, à base de 48 minutes d’enregistrement avant coupure de courant, et dont on ne garde au final 20 minutes. On a capté des choses au téléphone dans nos chambres… Ce n’était pas très facile, on était portés par un gros souffle, c’était un pari. C’est le disque où on a poussé la logique des fields recordings au maximum. Parfois, tu ne sais plus si tu écoutes le disque ou si autre chose parasite l’écoute par moments.

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Peregrinus Ubique - Scene VI by Frédéric D. Oberland on SoundCloud - Hear the world's sounds

Un disque d’un groupe/artiste avec qui tu es ami ?

Johnny Kafta, Anti Vegetarian Orchestra. Je l’écoute régulièrement et suis fier d’être leur pote. Quand on arrive à Beyrouth, on découvre ce groupe, et on nous dit que ça ressemble un peu au Réveil Des Tropique. La face A est un chef-d’œuvre. De nombreux musiciens avec qui on a collaboré sont issus de ce groupe. Mais ils jouent également dans un autre, Karkhana. Et en deuxième choix, un disque sorti sur Nahal, le label que j’ai monté avec Paul (NdR: Régimbeau, aka Mondkopf) : Christine Ott, Chimères (pour ondes martenot)… On on avait joué ensemble avec FOUDRE!, d’ailleurs un autre de mes disques adorés. Elle est complètement céleste, barjot, hyper punk avec son instrument. Elle fait le pont entre les musiques savantes, l’expérimentation… On avait envie de lui produire un album autour des ondes Martenot. Un disque un peu symphonique, joué à partir d’un seul instrument par couche. C’est une grande compositrice. Bref, un sacré pari dont on est assez contents ! Et je suis aussi très fier de la compter parmi mes amis.

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Chimeres/pour Ondes Martenot: Christine Ott, Christine Ott: Amazon.fr: Musique

Si ce n’est pas Dead Man, ta B.O. de film préférée ?

Blade Runner par Vangelis, c’est la base. Une des plus belles de tous les temps. Du génie presque pop, mais qui en même temps fait penser à du classique. C’est complètement fou, indémodable, presque ultime. Sinon, après, difficile de choisir… Je suis fan des B.O. de Tindersticks, notamment celle de L’Intrus que je trouve absolument incroyable. Mais parmi celles que j’ai le plus écoutées et qui m’ont marquées : la B.O. d’Apocalypse Now. Sa construction, ses parties psyché, avec des synthés, des guitares, le tout composé en studio devant des images… C’est un trip quand tu l’écoutes. Presque un au-delà de la musique. J’aime bien ce genre d’expérience. C’est hyper inspirant.

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Carmine Coppola & Francis Coppola* - Apocalypse Now - Original Motion Picture Soundtrack (1979, Vinyl) | Discogs

Ton album live préféré ?

Pas facile non plus. Deux lives de Nick Cave que j’aime beaucoup, Live Seeds, sorti au milieu de sa carrière, avec une version de « Plain Gold Ring » de Nina Simone à tomber par terre. Et j’aime aussi beaucoup le live KCRW. La version que tu y trouves de « And No More Shall We Part » est hyper limite, Cave fait même des fausses notes, mais elles ajoutent une certaine « authenticité de l’instant » à ce morceau, qui ne m’a par contre jamais ému dans sa version studio.

Nick Cave and the Bad Seeds : Live Seeds CD (1993) Expertly Refurbished Product 5016025911226 | eBay

Live from Kcrw: Nick Cave and the Bad Seeds: Amazon.fr: Musique

Ta pochette de disque préférée ?

Ça c’est vraiment dur. Il y en a vraiment plein ! Étant un amoureux des disques, et des vinyles en particulier, j’en ai acheté certains juste pour leur pochette, ou, au contraire, je n’en ai pas acheté d’autres à cause de leur pochette, alors que je les aimais. Allez, j’y vais au feeling du moment, sinon on ne va pas y arriver. Surtout que pas mal de disques dont j’ai parlé figureraient dans ce top. (Longue réflexion et recherche dans sa collection) Bon, j’ai toute une pile ! Master Musicians Of Bukkake, Far West. C’est assez magnifique quand tu ouvres le disque. Les dessins sont de Simon Fuehler de Cataract Press, qui avait réalisé les artworks des deux premiers Wreikmeister Harmonies. Un arbre de vie avec un crystal, un peu « chamane » mais dans un univers japonisant. Ensuite, Through The Looking Glass de Midoti Tadaka. Une percussionniste japonaise, elle joue du gong, du vibraphone… Une pochette fascinante, j’aime la relation entre cette peinture fantaisiste, dans un trip Alice au Pays des Merveilles, et quelque chose d’un peu Dada, le Douanier Rousseau… J’aime beaucoup cet artwork. Puis Beak>, un 12 » sorti avant le deuxième album, avec une autre version du single « Wulfstan », que je trouve d’ailleurs encore meilleure que celle du LP. J’adore cette manière avec laquelle le visage est « mangé » sur cette pochette.  Puis Jo Ha Kyu, de Gaspar Claus, un disque réalisé en collaboration avec des musiciens expérimentaux japonais, notamment Keiji Haino, Yoshihide Ōtomo ou Eiko Ishibashi… Super disque assez tenu et en même temps radical. C’est sorti en 2012, un chef-d’œuvre, et une pochette sublime. Et enfin Spiderland de Slint, photo prise par Bonnie Prince Billy qui a failli être leur chanteur, c’était leur coloc et c’est lui qui a refusé !

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FULL ALBUM Midori Takada - Through The Looking Glass (Reel-2-Reel to Digital conversion) by [ WRWTFWW | MusiquePourLaDanse | MentalGroove ] on SoundCloud - Hear the world's sounds

Wulfstan EP | Beak> | BEAK>

序破急」ギャスパー・クラウス "Jo Ha Kyu (excerpt)" by Gaspar Claus by MODEST LAUNCH on SoundCloud - Hear the world's sounds

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Un disque plaisir coupable inavouable ?

Certains de mes amis doivent le considérer comme un plaisir coupable, pas sûr qu’on m’autorise à le passer sur la route : le deuxième album de Bon Iver. Certains passages sonnent un peu Michel Berger. Je suis particulièrement fan des arrangements. Mais en vraiment inavouable : un morceau introuvable de Serge Lama, « Dans les Usines ». Et j’aime aussi beaucoup le reggae ! (Rires) Enfin non, le dub plutôt ! Et puis, comme tu as pu le constater, je possède une compilation de Michel Sardou…

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Serge LAMA

Un disque que tu assumes mais qu’on ne s’attendrait pas à trouver dans ta discothèque ?

Steve Waring, Les Grenouilles. Un disque pour enfants, vraiment bon. Chanté en français avec guitare acoustique, harpe, guimbarde et cuillère. Ça marche assez bien sur les enfants, j’ai pas mal de potes qui en ont et qui le leur font écouter.

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Le disque que tu écoutes en boucle en ce moment ?

Muslimgauze, Return Of Black September. De l’electro à tendance indus et dub par un producteur londonien décédé il y a quelques temps. C’est sorti il y a 20 ans et ça n’a pas vieilli. Les effets stéréo, les sub bass… Ça ne bouge pas ! Un trip hyper chamanique. Et puis Tomaga, Memory In Vivo Exposure… Un groupe que j’ai vu plusieurs fois, et pour lequel j’avais eu l’honneur d’ouvrir, en solo, à Bruxelles. À ce moment, je m’étais dit que j’avais bien hâte d’entendre la suite, mais ça n’arrivera pas… (NdR: Tom Relleen, moitié de Tomaga et membre de The Oscillation, est décédé le 25 août dernier). Un disque fantastique, à mi-chemin entre electro et rock chelou… Une certaine vision du rock sans guitare. Et enfin Follakzoid, le tout dernier, j’étais en vacances en Tunisie, on l’a beaucoup écouté sur la route cet été. J’aime sa lancinance, avec cette pulsation qui serpente…

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Memory In Vivo Exposure | TOMAGA

I | Föllakzoid

Ton dernier disque acheté ou acquis ?

Jon Hassel, Vernal Equinox. Les 70s, période où il fait son duo avec Eno. Un gros trip à base de synthé, de trompette et de Fender Rhodes, avec un grand percussionniste brésilien, Naná Vasconcelos. C’est hyper beau.

Vernal Equinox: Jon Hassell, Jon Hassell: Amazon.fr: Musique

Et enfin : team CD, team vinyles, team cassettes, ou team streaming ? 

Team vinyles !  Sinon j’aime beaucoup le format cassette. Lorsqu’on a monté le label, la question d’en sortir s’est posée… Mais à la maison j’ai moins le réflexe CD ou cassette. Le vinyle s’accompagne d’une sorte de rituel, d’un rapport actif, puisque que tu te lèves toutes les 20 minutes pour retourner ton disque. Cependant je pense que toutes les moyens d’écoute se valent, et j’utilise aussi les plateformes de streaming. Une chose est certaine :  j’aime le format album, 40 minutes ou plus c’est parfait pour créer un voyage musical et raconter des choses.

 

Oiseaux-Tempête reprend les concerts en octobre à Liège, puis en Suisse en décembre, pour un ciné-concert avec As Human Pattern. Frédéric a sorti en juin dernier un vinyle en duo avec la vocaliste Irena Z. Tomazin, ARBA, DÂK ARBA sur le label Hallow Ground, bande originale d’une installation d’artiste du même nom par Fanny Béguély. Vous pouvez l’écouter et le commander ICI. Il sera en concert solo le 8 octobre au 106 à Rouen dans le cadre d’une soirée spéciale autour de Nico du Velvet Underground, à l’occasion de la sortie du livre de Pierre Lemarchand consacré à la chanteuse. Quelques sorties sur Nahal sont également à prévoir bientôt.

Propos recueillis par Clément Duboscq

 

La playlist :