New noise présente “Chacun Mes Goûts”, une série limitée de discussions où groupes et artistes habitués de nos colonnes nous parlent de leurs disques de chevet. Aujourd’hui, ce sont Shiran Kaidine et Johan Sébenne de Year Of No Light qui se prêtent au jeu…
Votre premier disque acheté ou acquis ?
Johan (basse): Je n’arrive pas trop à me souvenir si c’était une K7 de Ludwig von 88, des Bérus ou Repeater de Fugazi. Je me souviens aussi d’un paquet de 7”, avec des tubes à la noix, qu’on achetait au supermarché quand on était gamins.
Shiran (guitare) : Il s’agit du CD 2 titres de Big Gun d’AC/DC (tiré de L’O.S.T. de Last Action Hero avec Schwarzenegger). J’avais 11 ans, énorme claque, surtout qu’à l’époque on pouvait voir passer le clip ici et là. Plus que Schwarzenegger, à mes yeux c’était Angus le super héros.
Un disque que vous faisaient écouter vos parents ?
J : Je pense au Greatest Hits de Queen que j’ai aussi pas mal fait écouter à mon fils ! (Sourire)
S : C’est plutôt mon frère qui a commencé à me faire écouter des disques avec surtout Money For Nothing de Dire Straits.
Un disque qui vous a fait découvrir le rock ou le metal ?
J : Le rock, certainement les albums des Beatles, Queen ou des Who écoutés à la maison, aucune idée de celui découvert en premier. Le metal par contre, je suis 100% sûr, c’était Rust in Peace de Megadeth que m’avait offert ma tante en K7. Elle était rentrée chez un disquaire en Asie et avait demandé “Qu’est-ce qu’écoutent les jeunes aujourd’hui ?”.
S : Le double CD Live at Donington d’AC/DC toujours. L’énergie de ce concert m’a de suite connecté avec l’essence même des musiques hard.
Un disque qui vous a donné envie de faire de la musique ?
J : Au collège les disques de Nirvana & Guns N’ Roses m’avaient bien motivé pour jouer de la guitare avec les copains, mais le disque qui m’a vraiment donné envie de jouer dans un groupe c’est le Scattered, Smothered & Covered d’Unsane. Quelques années après, à mon arrivée à Bordeaux, on montait Mothra avec mes camarades Mr L’ours & Fattos, et c’était 100% inspiré par Unsane.
S : Si AC/DC m’a connecté au hard, c’est en découvrant A Real Dead One d’Iron Maiden, via une copie K7 sur TDK ferro 90mn, que j’ai compris que mon truc c’était le hard et la musique. J’ai du coup emprunté une guitare acoustique à mon voisin et j’ai commencé à essayer de reprendre à l’oreille les mélodies de Maiden ou les riffs d’AC/DC. Au bout de deux jours, j’ai tout de suite compris qu’il fallait que je prenne des cours pour comprendre la logique derrière toutes ces cordes et toutes ces frettes.
Le meilleur album de tous les temps ?
J : Une seule réponse possible : Joy Division Unknown Pleasure
S : Black Sabbath Sabotage. Mais demain ça aura switché pour Kryptonite de Neil Merryweather, après demain pour Forest of Equilibrium de Cathedral et hier c’était Crystal Ball de Prince.
Votre disque metal “généraliste” préféré ?
J : Ça peut changer régulièrement entre des disques de Maiden, Bolt Thrower, Entombed, mais vraiment “généraliste” et fondateur je dirai Black Sabbath même s’il y a plus de tubes sur Paranoid !
S : Fire Down Under de Riot et Painkiller de Judas Priest.
Votre disque post-rock ou post-metal préféré ?
J : Je déteste l’appellation post-metal car je trouve qu’elle ne correspond à rien musicalement, mais si tu veux un groupe qui pousse plus loin les codes du metal en ce moment j’écoute à fond le premier album éponyme de Duma. Une sorte de digital hardcore qui vient tout droit du Kenya. En post-rock, mis à part peut-être Spiderland de Slint ou Radiant, Discharged, Crossed-Off de Bästard, il n’ y a pas beaucoup de disques que je réécoute avec plaisirs.
S : Bon, il s’agit de genres musicaux qui ne m’intéressent pas, mais peut-être un disque de Godspeed You! Black Emperor. A chaque fois que j’en entends, je trouve ça remarquable.
Votre disque doom ou sludge préféré ?
J : Eyehategod, Take As Needed For Pain pour les morceaux & Dopesick pour le son. Mais pendant longtemps je t’aurais répondu Dopethrone d’Electric Wizard.
S : Stream from the heavens de Thergothon ex aequo avec Forest Of Equilibrium de Cathedral et El Mundo Frio de Corrupted.
Votre disque expérimental préféré ?
J : Black To Comm, Alphabet 1968. Marc Richter est un petit génie trop méconnu.
S : Peut-être Iceland de Richard Pinhas.
Pour Shiran : un disque avec ton/ta guitariste préféré·e ?
S : Rust In Peace de Megadeth avec Marty Friedman et je suis obligé de citer également Houdini des Melvins avec Buzz Osborne.
Pour Johan : un disque avec ton/ta bassiste préféré·e ?
J : Je ne pense pas avoir de bassiste préféré. J’ai eu une grosse période Bill Laswell et des disques comme Dub Meltdown avec Style Scott ont pas mal compté. On pourrait aussi parler du dernier Sleep The Sciences car c’est vrai que j’ai aussi un petit faible pour le son d’Al Cisneros. Son dernier 7” dub est d’ailleurs super bien aussi.
Un disque d’un groupe ou artiste avec qui vous êtes potes ?
J : Le prochain album de Richard Francés qui sort sur Hyle Tapes à la rentrée, c’est le dernier disque qui m’ait vraiment donné des frissons. Et je suis super content que nous ayons réussi à démarrer ce big band psychédélique ensembles avec Richard (Pointe du Lac, Acid Fountain…) à la batterie, Trux (Pierre et Bastien) à la batterie également, Quentin Rollet aux sax et machines, Cédric à la guitare (Cyann et Ben, Yeti Lane…), Lily à l’autre guitare (ex-Telescopes) et moi aux synthés et machines.
S : Le tout premier LP de Bombardement, de Bordeaux. Une pépite de riffs et de d-beat. Les vocaux d’Émilie de Monarch (NdR : l’album est sorti à l’automne 2019 et Emilie n’en fait plus partie depuis) dessus sont tellement cools !
Un disque issu de votre label préféré ?
J: Suivant les époques, pas mal de labels avec une forte esthétique m’ont bien marqué, comme Dischord, Hydra Head, Touch… Et mon dernier coup de cœur, c’est Chicago Research, on peut acheter toutes leurs sorties les yeux fermés. S’il fallait en retenir un : Civic Center, The Ground Below.
Votre pochette d’album préférée ?
J: Le split Merzbow/Shora avec son boitier métallique rasoir qui découpe les doigts…
S : Peut-être la pochette de Somewhere In Time d’Iron Maiden par Derek Riggs.
Un disque plaisir coupable inavouable ?
S : « Slow » de Kylie Minogue, sur son album Body Language. Une bonne partie du disque est produite/écrite par Emiliana Torrini en plus.
Un disque que vous assumez, mais qu’on ne s’attendrait pas à retrouver dans votre discothèque ?
S : Des disques de tango de Carlos Gardel ou Astor Piazzola.
Un disque que vous offririez à votre meilleur·e ami·e ?
S : Visions of the country de Robbie Basho.
Un disque que vous offririez à votre pire ennemi·e ?
S : Heavy Metal Machine de Lou Reed, de prime abord il/elle n’y comprendrait pas grand chose, mais il/elle pourrait y voir quelque chose de beau et se dire “Dans le fond, c’est pas un bâtard Shiran”.
Le disque que vous écoutez en boucle en ce moment ?
S : Solinari de Morgion. Un fantastique album de doom des 90s qui marrie à merveille Fields Of The Nephilim et le death/doom (bonus point pour ce merveilleux son HM2). Beaucoup de chants traditionnels georgiens aussi avec Hamlet Gonashvili. Sa voix et ses interprétations sont d’une tristesse et d’une beauté des plus profondes.
J : Pendant le confinement, le disque qui a le plus tourné est le premier album éponyme de Riki.
Mais en ce moment j’oscille entre S. Product, Suicide Beat, et L’exil de Bernardino Femminielli.
Votre dernier disque acheté ou acquis ?
J : La réédition LP de l’album sans titre de Liaisons Dangereuses que je cherchais depuis un bail à pas trop cher !
S : Les Chansons de l’innocence Retrouvée d’Étienne Daho. Une merveille ! Des textes magnifiques et un songwriting riche, sombre et d’une mélancolie des plus élégantes.
Et pour finir : team vinyles, team CD’s, team cassettes ou team streaming ?
J : Sans hésitation team vinyles !
S : Vinyles mais beaucoup de stream pour écouter/découvrir des raretés ou gemmes introuvables.
Year Of No Light devrait sortir son nouvel album en 2021. Shiran joue également dans Monarch!, qui entre en studio la semaine prochaine pour enregistrer son prochain disque, qui sortira chez Profound Lore.
Propos recueillis par Clément Duboscq
La playlist :