New noise présente “Chacun Mes Goûts”, une série limitée de discussions où groupes et artistes habitués de nos colonnes nous parlent de leurs disques de chevet. Aujourd’hui, ce sont Olivier Pernot et Lola Frichet de Pogo Car Crash Control qui se prêtent au jeu… 

Votre premier disque acheté/acquis ?

Olivier (chant/guitare) : Does This Look Infected?, Sum 41. Acheté au Carrefour de Pontault-Combault entre les machines à laver et les téléviseurs, au rayon culture. J’avais 10 ans, c’était l’année de sa sortie. J’ai eu un accès précoce au punk rock grâce à mon grand frère

Lola (basse) : Je n’ai pas eu de grand frère pour me mettre sur la voie. Du coup c’est Kyo, Le Chemin. Album que j’adore et que JE SAIGNE ENCORE. Et JE COURS TOUS LES JOURS avec… Nan, je déconne.

Un disque que vous faisaient écouter vos parents ?

O.: Mon père c’était un best of de Queen, et ça ne me plaisait pas beaucoup. Le son des années 80 m’a fait fuir pendant longtemps, jusqu’à ce que je le comprenne un peu plus, assez tardivement.

 

L.: Ma mère c’est Born To Run de Springsteen. Elle est fan, elle m’a emmené le voir au Stade de France quand j’avais 7 ans. Une grande dingue. C’est ce qui m’a fait aimer la guitare. Et avec mon père, deux cassettes tournaient en boucle dans la voiture. Celle qui m’a marquée c’est Eyes In The Sky du Alan Parsons Project, que j’ai d’ailleurs racheté le vinyle il y a peu. C’est bien prog, mais j’aime bien.

Un disque qui vous a fait découvrir le rock et ses dérivés ?

O.: « Poison » sur l’album éponyme de Rancid de 2000. Avec ce disque, je suis entré dans le hardcore assez tôt. Je l’ai acheté à 10-11 ans, ça m’a fait découvrir le punk dur et rapide. J’ai ensuite enchainé avec Dead Kennedys, The Exploited… Puis Slayer qui est mon groupe préféré. On peut dire que c’est le premier disque « street crédible » que j’ai possédé.

L.: La révélation c’était sur Doolittle des Pixies. Même quand je le réécoute, il a tellement de facettes… Tu as l’impression d’être à Hawaï sur une piste, ou en voyage dans un train sur l’autre. Il y a tout, c’est génial. Une vraie bible du rock.

 

Un disque qui vous a donné envie de faire de la musique ?

O.: Jay Reatard, Blood Visions. Il a complètement changé ma vision. Un disque très inspirant, il m’a fait me dire qu’il était possible de faire sa musique soi-même.

L.: American Idiot de Green Day. Sorti quand j’étais en 6^ème, un pote me l’a fait découvrir. Il m’a dit « Tu vas voir la troisième est dingue« . Et là j’ai pris « Holiday » dans la gueule, puis je me suis dit qu’il y avait un truc à faire… J’ai formé un groupe avec ce pote d’ailleurs, mon tout premier.

Le meilleur album de tous les temps ?

O.: Reign In Blood de Slayer, sans aucune hésitation. Je connais tellement ce disque que je m’y sens comme dans un nid douillet. Je suis dans mes chaussons quand je l’écoute.

L.: Le deuxième album des Raconteurs, Consolers Of The Lonely. Pour moi, c’est le parfait mélange d’acoustique et d’électrique. Comme c’est un dilemme personnel, c’est parfait. Mention spéciale pour la chanson « Carolina Drama », c’est un poème, trop beau.

Votre disque grunge préféré ?

O.: Réponse snob pour ne pas citer Nevermind : Houdini des Melvins. J’aime beaucoup ce groupe, c’est hyper metal et artistique à la fois, et j’aime leurs breaks, ils m’ont beaucoup inspiré.

L.: Je n’arrive pas à choisir autre chose que Nevermind, et je remercie Olivier de me l’avoir laissé ! Faut-il vraiment développer ? Pour moi ça a été la suite logique après la confrontation avec Green Day. Je l’ai saigné.

Votre disque punk/hardcore préféré ?

O.: Le premier album de Retox, Ugly Animals. Tellement la violence. Et aussi parce que le guitariste, Michael Crain (NdR : aussi membre de Dead Cross), est une grosse influence. Je lui ai piqué beaucoup de gimmicks, son approche du riff simple à jouer, chaotique, assez surf aussi… Je me suis évidemment senti obligé de participer à sa cagnotte quand il a été atteint du cancer. Heureux qu’il aille mieux d’ailleurs !

L.: Le premier album de punk que j’ai saigné : Guerilla Poubelle, Il Faut Repeindre le Monde… Avec mes potes de collèges on ne chantait que ça. Et lorsqu’ aujourd’hui, on part faire des dates avec eux, c’est un peu le rêve.

 

Votre disque metal préféré ? 

O.: Ayant déjà cité Raining Blood, je choisi Master Of Puppets de Metallica… J’aime vraiment trop ce disque, et ce groupe, il m’a beaucoup marqué.

L.: J’en écoute seulement depuis peu, j’hésite entre Cult Of Luna, Iron Maiden et Gojira… Aaaah, je ne sais pas. Mais récemment j’ai beaucoup écouté Chronopoly de Town Portal. J’adore ce disque.

Votre disque préféré d’un groupe ou artiste francophone ?

O.: J’ai eu une révélation à l’écoute du premier album de Bruit Noir. C’est le groupe de Pascal Bouaziz, alias Mendelson. Je suis d’accord à 100% avec tout ce qu’il y raconte.

L.: Bleu Pétrole d’Alain Bashung. J’ai du mal à trouver plus fort que les textes qu’il chantait. Je n’ai vraiment rien trouvé de mieux écrit en français. Sa plume est folle et son timbre vient tout sublimer. En plus, ma maman aime beaucoup, alors elle sera contente que je choisisse cet album là !

Pour Olivier : un disque avec ton/ta chanteur.euse préféré.e ?

O.: Facile, Hörse Of The Dög, le premier album d’Eighties Matchbox B-Line Disaster… Un chanteur génial, hyper créatif. Une voix entre les Cramps et Nick Cave, en beaucoup plus rock ‘n’ roll. Quand il crie ça fait froid dans le dos. Une référence assez claire dans notre chanson « Comment lui en vouloir ».

Pour Lola : un disque avec ton/ta bassiste préféré.e ?

L.: Kim Deal des Pixies, toujours avec Doolittle. J’ai moins écouté ce qu’elle a fait avec les Breeders. Et sinon, j’ai beaucoup été influencée par le son de basse de Klaxons sur Myths Of The Near Future. Meilleure intro : « Gravity’s Rainbow ».

Un disque d’un groupe ou artistes avec qui vous êtes potes ?

O.: Sans hésiter, Johnny Mafia. Princes de l’Amour. Je connais tous leurs morceaux, chaque fois que je les vois sur scène c’est comme la première fois. Ils sont nos frères de cœur. Même s’ils vivent dans un trou paumé on arrive à maintenir notre relation.

L.: Le dernier Toybloid, Modern Love. Des copines que j’aime trop. Comme j’ai un temps remplacé Madeleine à la basse, je connais tous les morceaux. Des putains de showgirls. Je les aime très fort.

Un disque issu de votre label préféré ?

O.: Teenage Menopause, c’est assez classe comme label. Et je choisi le dernier Jessica93, Guilty Species.

L.: Third Man Records, avec Acoustic Recordings de Jack White. J’ai le vinyle là. Un double album vraiment excellent. Je vais le réécouter tout de suite après, tiens.

Votre pochette d’album préférée ?

O.: Leprosy de Death. J’adore le dessinateur, Edward Repka, connu aussi pour ses visuels d’albums de Megadeth. Je m’étais renseigné sur lui et il est plutôt accessible en fait. Et je cite également la pochette de Spiritual Healing.

L.: Je m’étais jamais posé la question ! Je dirais Suck It And See d’Arctic Monkeys. Ça a toujours été un de mes groupes préférés, et j’aime le fait qu’ils sortent des EP. Franchement, la pochette de cet album est super rock, et tu imagines qu’ils se sont marrés en la choisissant. J’aime bien cet esprit.

Un disque plaisir coupable ?

O.: Vraiment la honte, car minable : Rape of the Earth de Patrick Rondat. Je trouve une mélancolie colossale dans ses mélodies de guitares. Je l’ai réécouté récemment et je me suis laissé prendre. C’est déchirant. Mais c’est loin d’être homologué par la fédération du hardcore !

L.:  Thirty Seconds To Mars, Closer To The Edge. Quand je suis à vélo, il passe super. Mais je déteste ce groupe, je n’assume pas du tout de l’écouter, même si ce n’est que de temps en temps.

Un disque qu’on ne s’attendrait pas à retrouver dans votre discothèque ?

O.: Mezzanine de Massive Attack, peut-être, et encore. Mais j’adore ce disque. J’ai eu ma phase trip-hop, drum & bass, electro ganja dans le 7-7 quand j’étais jeune.  J’adorais aussi Wax Tailor. Pour moi, c’est l’œuvre stèle de tout ça. Je tripais à donf. Ils sont les Pink Floyd des 90s pour moi.

L.: Un album de Lily Allen, que j’adore. It’s not me it’s you. Je l’écoutais en boucle au collège, c’est le genre de pop que j’adore. Les textes sont très cools, j’aime beaucoup la production J’ai souvent jammé dessus. Elle avait buzzé à l’époque de  « Fuck You », et lorsque tout le monde s’y est mis j’étais un peu dégoutée.

Un disque qu’on vous a offert ?

O.: Un pote m’a offert la B.O. de The Graduate par Simon & Garfunkel, l’album avec « Mrs Robinson ». Je ne sais toujours pas pourquoi il m’en a fait cadeau, et je ne l’ai même pas sorti de son cellophane. Et c’est toujours mon pote, donc s’il lit l’interview j’espère qu’il vas se rattraper !

L.: Pour moi, c’est Paco De Lucia, Fuerte Y Caudal. Ça remonte à un échange franco-espagnol au lycée. Je me retrouve avec une correspondante insupportable, malpolie, agaçante. Je ne pouvais pas la saquer. Je me retrouve perdue dans sa maison, et avant de partir, son père m’offre ça. J’étais déjà fan de trois morceaux, mais après ça je l’ai poncé. Comme je jouais de la guitare classique à la base, ça m’a touché. Et j’ai eu la chance de le voir avant qu’il ne meurt.

 

Un disque qu’on devrait vous offrir ?

O.: Le dernier Code Orange, Underneath. J’aimerai bien l’avoir en vinyle, je le trouve formidable.

L.: J’ai très envie qu’on m’offre la réédition de High Violet de The Nationals. C’est bientôt mon anniversaire, donc si les fans de Pogo nous lisent et qu’ils veulent me faire plaisir, je passe le message ! Un des plus beaux albums de la terre, avec une ambiance de folie. (NdR : C’est bien sûr ironique)

Le disque que vous écoutez en boucle en ce moment ?

O.: Nonstop Feeling et Time & Space de Turnstile. Je m’identifie beaucoup à ce groupe. Festif, punk, thrash… C’est la grosse teuf, c’est efficace. Je m’y retrouve complètement.

L.: J’ai découvert un vieux disque de 1999, Pinback de Pinback. Une fille qui me suit sur Instagram m’a dit que mes lignes de basse lui rappelaient ce groupe. Du coup, je n’écoute que ça en ce moment, je trouve ce disque génial.

 

Votre dernier disque acheté/acquis ?

O.: Le denier album de No Warning, Torture Culture. J’adore ce disque, neo thrash hardcore qui groove beaucoup, je suis fan.

 

L.: J’ai acheté le dernier album de Fews, Into Red. Très cool.

Et pour terminer : team CD’s, team vinyls, team cassettes ou team streaming ?

O.: J’ai plus de CD que de vinyles, j’en ai beaucoup acheté à l’époque où c’était le support leader. J’achète des vinyles quand j’aime la pochette et que je veux la voir en grand dans ma piaule. Mais ça va faire un an et demi que j’achète sur iTunes et que j’écoute de la musique avec mon iPod.

L.: Comme Olivier, j’ai des disques qui trônent chez moi (NdR: elle montre celui de son autre groupe, Cosse, récemment sorti et qu’on vous conseille fortement d’écouter). Team vinyles à la maison, streaming sur le vélo. Et je fais BEAUCOUP de vélo !

Pogo Car Crash Control sortira son nouvel album Tête Blême le 18 septembre prochain. Interview et chronique dans new Noise n°54, disponible mi-septembre.

 

Propos recueillis par Clément Duboscq

La playlist :