New Noise présente “Chacun Mes Goûts”, une série limitée de discussions où groupes et artistes mis en avant dans nos colonnes nous parlent de leurs disques de chevet. Aujourd’hui, ce sont Martin et Rémy d’Untitled With Drums qui se prêtent au jeu…
Le tout premier album en votre possession ?
Martin (chant/basse) : Je crois que c’était le premier album de Gorillaz, le sans titre… Je l’avais acheté dans la chaîne de magasins Nuggets à l’époque… (Rires) Je ne sais plus quel âge j’avais, 14 ou 15 ans. Et je le trouve toujours aussi bon ! Tout de suite je pense aux clips et à tout leur univers visuel, ça me rendait fou quand j’étais gamin. Je suis illustrateur à côté, donc l’association entre cet univers cartoon et leur musique, je trouvais ça fun. J’associe ce disque à ça et faire du vélo avec les potes. (Rires)
Rémy (batterie) : Le premier disque qu’on m’a offert, j’ai un gros doute, c’était soit un AC/DC soit un Renaud… Par contre le premier que j’ai acheté avec mon propre argent, c’était l’album de Guerilla Poubelle Punk = Existentalisme, sorti vers 2007. Je devais être au collège. Je me revois accrocher 10 000 affiches dans ma chambret…
M.: Par-dessus le papier peint… (Rires)
R.: Un papier peint Le Roi Lion qui d’ailleurs est toujours là chez mes parents, avec les mêmes posters ! Il devait aussi y avoir Pleymo dont j’étais hyper fan. Ça me rappelle aussi les orgas de concert, j’achetais tous les disques dès que je croisais la Guerilla Asso.
Un disque qu’écoutaient vos parents ?
M.: Un en particulier c’est difficile, ma mère est une immense fan de musique avec une discothèque de dingue. Là, comme ça, je citerais King Crimson avec In The Court of the Crimson King, le grand classique. Mais il y a aussi Neil Young, Bob Dylan, B’52s avec Planet Claire, puisque ma mère s’appelle Claire, Pink Floyd et Wish You Were Here… Ou Alice Cooper, à fond la caisse. Vraiment un choix difficile ! En tous cas, King Crimson c’est la pochette que j’ai bien mémorisée !
R.: Ma mère était hyper fan de Renaud, et Mistral Gagnant a tourné en boucle. Mon père, c’était Pink Floyd avec The Wall et Brothers In Arms de Dire Straits. Et je sais que ce dernier et Mistral Gagnant ont dû être rachetés plusieurs fois parce qu’on les rayait à force de les écouter quand on était gamins !
Un disque qui vous a ouvert les portes vers le rock ?
M.: Je pense au premier album de Led Zeppelin. Là je me suis dit que c’était vraiment un genre à part entière. Je ne dirai pas que c’est ce qui m’a donné envie d’en faire, mais ça a établit le genre chez moi.
R.: Je pense à un disque de Pleymo… Un live, Ce soir c’est grand soir, le premier qu’on dû m’offrir je crois. Et maintenant qu’on en parle, le premier disque que j’ai dû posséder ça a certainement été Le Chemin, de Kyo (Rires) Et ce n’est qu’ensuite que j’ai découvert Pleymo. Je n’ai pas écouté Kyo longtemps, mais Pleymo a suivi., puis le live de Slipknot, 9.0. Je l’ai bien poncé et je l’écoute encore régulièrement aujourd’hui. Mais je dirais quand même Pleymo… Je ne sais pas lequel j’assume le plus entre eux et Kyo ! (Rires) Il faut bien commencer quelque part ! La variété française des années 2000 m’y a aussi ouvert, tu vois, les trucs les plus « rock » comme Calogero, Pascal Obispo, Damien Saez et compagnie…
Le meilleur album de tous les temps ?
R.: Celui que je préfère par-dessus tout, sans hésiter : Push The Sky Away de Nick Cave. Je l’adore pour plein de raisons. Apaisant, hyper bien construit du début à la fin. Une ambiance et des textes sublimes. Et le morceau de clôture est fabuleux. D’ailleurs, j’ai vraiment kiffé votre dossier dans le dernier numéro de new Noise (NdR : on embrasse Elodie Denis !) ! J’ai aussi adoré le dernier album, Ghosteen. C’est peut-être même mon deuxième préféré. Et allez, je me dois de citer Through Silver in Blood de Neurosis, pas très loin derrière.
M.: J’aurais tendance à répondre Fantastic Planet de Failure. Je le trouve très narratif, c’est ce que j’aime dans un album. Quand on y trouve des gros tubes mais aussi des transitions bien pensées, un dosage et un rythme. Je trouve celui-là vraiment bien. Il a aussi évidemment eu une influence à retardement sur notre musique. Ce « grunge du futur », c’est vraiment lui mon préféré. Et puis, sans surprise, Flies The Fields de Shipping News, puisque le nom de notre groupe en est tiré.
Martin, un disque avec un chanteur/bassiste qui t’influence ? Tu as le droit de répondre Calogero si tu veux…
M.: Je viens de griller ma cartouche…
R.: Attends, mais Sting a fait un feat avec Maître Gims il n’y a pas longtemps !
M.: Oui, j’ai vu, mais je n’ai pas envie de parler de ça. (Rires) C’est compliqué car j’aurais bien pu citer un album de Failure… Mais en y réfléchissant, je dirais Peter Steele, avec Life Is Killing Me de Type O Negative. Et pour le coup vraiment pour l’aura qu’il dégageait et l’être humain qu’il était. Sa voix était très typée et son charisme imbattable.
Et Rémy, un disque sur lequel joue un batteur qui t’a influencé ?
R.: Sans hésitation, Station de Russian Circles. Dave Turncrantz est une grosse influence. Je jouais de la batterie depuis longtemps, à un moment j’ai décroché et je me suis mis à la guitare. J’ai découvert Russian Circles lorsque j’ai remonté un groupe de post-metal. Ça m’a remis à fond dans la batterie, j’ai adoré son jeu. Je m’en suis un peu détaché aujourd’hui, car quand tu en mets un peu partout en repet’ tu te fais vite des ennemis ! (Rires) Mais je pense qu’il s’agit de mon influence principale à la batterie.
Un disque d’un groupe avec qui vous êtes amis ?
M.: Je pense qu’on donnera tous la même réponse : nos copains de Niandra Lades, qui viennent de sortir leur album You Drive My Mind. Notre claviériste Nicolas joue aussi avec eux, il en faisait partie avant UWD.
R.: On traîne beaucoup avec eux dans notre bande de potes à Clermont-Ferrand. On se connaît depuis 10 ans et ils jouent ensemble depuis avant même qu’on se connaisse. On devait partir en tournée avec eux au mois d’avril, on espère pouvoir rattraper ça vite !
Un disque qui selon vous représente le mieux les inspirations d’Untitled With Drums ?
M.: On ne peut pas répondre Failure à chaque fois. (Rires) Parce que c’est un des albums qui nous a motivé à enregistrer avec Serge Morattel, je dirais Ultima Necat de Ventura. On a trouvé que c’était un bon compromis en termes d’inspiration musicale et de son. L’équilibre d’ensemble nous correspondait bien, je ne sais pas ce que tu aurais répondu Rém’ ?
R.: C’était plus vrai sur l’EP que l’album, mais je pense à True Widow, sans album particulier. Je pourrais très bien répondre Cave In aussi. Mais Ultima Necat je suis complètement d’accord. Tu y trouves des morceaux rapides, d’autres plus mid-tempo, de belles mélodies, de la dissonance…
Votre pochette de disque préférée ?
M.: J’aime bien celle de Hex de Bark Psychosis, un groupe obscur des années 90, early post-rock. Je le conseille vivement, c’est très bien. Et je trouve ce panorama de nuit avec un lettrage cool vraiment sympa. S’il sortait aujourd’hui, il n’aurait rien d’original, mais je l’aime beaucoup. Et Kollapse de Breach, très simple, très graphique.
R.: Parce que ça a aussi été une méga claque ces dernières années : Mirror Reaper de Bell Witch (NdR: article sur l’illustrateur Mariusz Lewandowski à lire dans notre numéro 53). Je n’écoute pas trop de doom d’habitude, mais j’ai trouvé cet album hyper cool, et la pochette colle à fond. Ce style graphique ne me parle pas plus que ça habituellement, mais c’est fou, le gars a une vraie patte. J’ai repris le disque entre les mains il y a peu, et tu te rends compte que l’œuvre prend tout le gatefold, c’est une vraie composition. C’est ce qu’on aurait aussi voulu aussi, mais on a renoncé pour des questions de budget. Je trouve que Bell Witch l’ont très bien fait.
Un disque plaisir coupable que vous n’assumez vraiment pas ?
M.: Ah, moi en plaisir coupable que j’assume, il y a Pantera avec The Great Southern Trendkill, je pourrais me le passer en boucle. Sinon, parmi ceux que je n’assume pas, un bon Limp Bizkit. Significant Other, ou le premier, Three Dollar Bill, Yall$. Malgré leur connotation douchebag, je trouve ces disques bien cool.
R.: Je ne sais pas trop… Je réfléchis par rapport à ce que j’ai vu récemment en concert, et pour le coup j’ai vu Slipknot l’année dernière et je n’assumais pas trop. Mais sinon…
M.: Un truc que tu écoutes régulièrement mais sans le dire aux copains !
R.: (Rires) Bah Orelsan ! Le Chant des Sirènes, sans hésiter. Bien vu Martin, merci !
Et un disque que vous assumez totalement, mais qu’on ne s’attendrait pas à retrouver dans votre discothèque ?
R.: Je réponds tout de suite PNL, Dans la Légende.
M.: J’écoute pas mal de pop stars et en ce moment j’ai bloqué sur Caroline Polachek et son album Pang. Il est vraiment bien produit ; même sans s’intéresser au genre, en tendant l’oreille sur les instrus on peut apprécier. Et c’est une chanteuse de malade. C’est très bien composé. Ce genre de disques, je n’en parle en général pas trop aux copains, ils sont dans ma petite playlist YouTube privée…
Un disque que vous offririez à votre meilleur·e ami·e ?
M.: Un petit Fugazi, The Argument.
R.: J’aurais pu répondre Push the Sky Away, que j’ai offert plusieurs fois d’ailleurs… Ah, je dirais Cult Of Luna et Julie Christmas avec Mariner ! Parce que je l’ai offert un jour, et l’ami en question m’a offert un autre exemplaire derrière car il ne voulait pas de cadeau ! (Rires) Et j’adore cet album, c’est mon préféré de Cult Of Luna.
Un disque que vous offririez à votre pire ennemi·e ?
M.: Je pensais à Peste Noire, pour bien mettre mal-à-l’aise tout le monde. Probablement ça !
R.: Je valide totalement cette réponse.
M.: J’aurais peut-être un peu honte de l’acheter en premier lieu.
R.: Faut le trouver sur PriceMinister ou un truc du genre…
Sur le dark web…
M.: Le black web oui ! (Rires)
Le dernier disque que vous avez acheté/que vous vous êtes procuré ?
R.: Commandé mais pas encore reçu : Bloodletting, le dernier album d’un groupe post-metal qui s’appelle Mountaineer. Je trouve ça super cool. Je me lasse très vite du post-metal, en général je tourne autour des mêmes groupes. Et là c’est un pote qui m’a fait découvrir, c’est super, il y a ce côté très lourd bien acéré, les codes sont bien repris. Mais il y a du chant clair, un côté tubesque que tu ne trouves pas d’habitude dans le genre. Il m’a fait le même effet que le dernier Elder, que beaucoup n’ont pas aimé. Je rapprocherais bien les deux.
M.: On m’a offert un vinyle de Format, un groupe de math rock un peu vénère de Clermont-Ferrand. Ils avaient un projet de disque dont je devais faire la pochette et ils m’ont offert au passage le précédent. Je n’ai rien pour l’écouter ici mais c’est toujours un bel objet !
Le disque que vous écoutez en boucle en ce moment ?
M.: Un groupe anglais qui s’appelle Sorry, avec leur album 925. C’est vraiment une tuerie, de bout en bout.
R.: Je me suis remis au screamo il n’y a pas longtemps, et j’écoute Daïtro en boucle, avec Y. J’arrête pas, je vis Daïtro depuis plusieurs jours. J’étais passé à côté à l’époque où il est sorti, là je me rattrape, je sais pas si tu connais un peu ?
Pas vraiment, à vrai dire j’écoute peu de screamo en dehors d’Amanda Woodward et Birds In Row que j’adore.
R.: Pareil ! Tu vois Amanda Woodward j’ai découvert ce week-end, sans déconner ! Je ne connaissais absolument pas. Pour moi LE groupe de screamo français c’était Daïtro, et j’ai bien le sentiment qu’Amanda Woodward l’a bien influencé. Et je te rejoins dix fois sur Birds In Row, un de mes groupes préférés !
Et enfin : team CD, team vinyle, team cassette ou team streaming ?
M.: Streaming à fond, pour des raisons de budget ! (Rires) C’est comme ça que je fais la plupart de mes découvertes, Spotify, YouTube… J’aime bien avoir plein de trucs à portée de main, ça me correspond bien.
R.: Vinyle. J’achète pas mal de disques, mais je me suis abonné à Spotify au début du confinement et j’écoute beaucoup plus de musique, c’est quand même plutôt cool. En général, dès que j’aime j’achète, et comme dit Martin c’est top pour faire des découvertes.
Hollow, le premier album d’Untitled With Drums est sorti en mars dernier chez Atypeek Music. Vous pouvez l’écouter ICI.
Interview à lire dans new Noise #53, actuellement en kiosque.
Propos recueillis par Clément Duboscq
La playlist :