[Avant-première] Scorn + Kool Keith + Submerged : EP, premier extrait clippé

(c) DR

 

Repéré sur le très réussi Café Mor sorti il y a dix-huit mois, le morceau « Talk Whiff », avec en invité spécial Jason Williamson de Sleaford Mods, avait prouvé que l’ambient/dub protéiforme de Scorn se prêtait bien à l’exercice vocal. Mick Harris, poussé au crime par Kurt Glück (aka Submerged) , patron de son label Ohm Resistance, a donc décidé de remettre le couvert avec Distorsion, un EP sur lequel le rapper Kool Keith a posé son flow.

Voici en avant-première le clip de « Distortion » :

Q&A :

Qui a eu le premier l’idée de « Distorsion » ? Est-ce une véritable collaboration ou un morceau que l’un de vous trois a composé et sur lequel se sont greffés les deux autres ?
Kurt Glück (Submerged) : C’est une véritable collaboration. J’ai rencontré Kool Keith et je lui ai donné un thème que Mick avait en stock en lui proposant d’en faire ce qu’il voulait. Et à partir de là, on a tous mis la main à la patte.
Mick Harris (Scorn) : Oui, c’est vraiment un morceau auquel nous avons tous les trois collaboré de façon équitable et j’espère que ça se reproduira. A la base, le thème qui a servi de point de départ était plus ou moins destiné à Jason de Sleaford Mods avec qui j’avais déjà travaillé pour un morceau du dernier Scorn. Mais entre la sortie de leur nouvel album et la promo, il était malheureusement trop occupé, et Kurt m’a alors suggéré de le proposer à Kool Keith tout en offrant quelques lignes de basse qu’il avait enregistrées. Une fois le tout assemblé, je l’ai envoyé à Kool Keith avec pour seule instruction de se faire plaisir. C’était vraiment fun, ça m’a vraiment donné envie de travailler sur des morceaux incorporant du chant…

Vous vivez dans trois pays différents. Vous n’avez pas rencontré de difficultés particulières sur le plan logistique ?
Kurt : Franchement, vu les outils à notre disposition, non. Keith a enregistré sa voix dans un studio de Brooklyn dont je connais l’un des propriétaires depuis plus de quinze ans, c’était donc facile. De mon côté, j’ai tout fait dans mon home studio, tout comme Mick. C’était d’ailleurs pour cette raison qu’au final cet EP contient quatre versions differentes, tout s’est tellement bien passé qu’on a été très inspiré.

Mick, en 2019 nous avions longuement parlé de ta collaboration avec Jason. Peut-on dire que sans elle, « Distorsion » n’aurait jamais existé ?
Mick :
Sûrement. Je voulais intégrer du chant dans Scorn depuis une éternité, et travailler avec Jason en particulier. A partir du moment où j’ai entendu sa voix, j’ai tout suite su qu’à un moment ou à un autre il faudrait que je fasse un morceau de Scorn avec lui. Mon plus gros regret, c’est de ne pas avoir enregistré un EP  complet avec lui dès 2014 lorsque nous avons commencé à en discuter ensemble, car Sleaford Mods est désormais trop gros, Jason est surbooké. Mais encore une fois, travailler avec lui a été si facile. Je lui ai envoyé un morceau plus ou moins terminé, il a posé les voix chez ses copains et a renvoyé les fichiers dans lesquels je les ai mixés et voilà. Tu sais, je ne suis pas très fort pour me vendre ou demander à d’autres musiciens de collaborer car j’ai toujours eu un problème de confiance en moi. J’ai toujours peur de déranger ! (Petits rires) Mais j’ai promis à Kurt que le prochain Scorn comporterait plus de chant.

Kurt, tu as démarré ton label Ohm Resistance en 1999 en sortant un split partagé par Submerged et Quoit, l’alter-ego drum’n’bass de Mick. J’imagine que vous voir tous les deux partager à nouveau un EP plus de vingt ans après est assez symbolique, non ?
Kurt : Je suppose que oui, mais pour moi, c’est juste la preuve que j’ai beaucoup de chance. Mick est Mick, Keith est Keith et je ne suis que le gars au milieu qui a réussi à s’incruster ! (Rires)

Par Olivier Badin