[Report] Roadburn 2019 (troisième jour)

Roadburn 2019

Par Thierry Skidz & Romain Lefèvre 

SAMEDI

Troisième jour de festival toujours sous un froid relativement polaire, et comme la veille on commence plutôt bien la journée en ratant Have A Nice Life, dont on aura cependant pas entendu grand-chose d’incroyable en termes de retours des collègues qui y étaient, et, plus rageant (mais on les avait vus au Glazart au Gladstonefest 9 avec Hangman’s Chair, Cowards et Deliverance), en ratant également les envoutants Belges de Wolvennest, qu’on aurait bien voulu revoir dans le cadre privilégié de la Mainstage, où ils jouaient l’excellent Void en intégralité. On avait cependant une bonne excuse : l’interview de Vile Creature (à venir dans notre numéro 50).

 On arrive cependant à point nommé pour poursuivre nos pérégrinations au rythme, entre autres, du programme The Burning Darkness concocté par Thomas Lindberg, qui continue ce jour dans la Green Room, avec uniquement des artistes invités issus de la scène de Göteborg, ville natale du frontman aux multiples casquettes. On commence par Fontän, duo electro-kraut que Thomas présentait en ces termes : «  proggy, electronic psych/space rock with a pop edge. Imagine Magma and Kraftwerk with Robert Fripp on guitar, mixed with more electronic experimentalists such as Boards of Canada with a serious cinematic kraut edge. The whole vibe of Fontän reeks of folky, trippy melancholia, in the most unsentimental way. This is something that could easily have been produced by Brian Eno in his prime. ” On ne sera peut-être pas aussi enthousiaste que lui, mais leur concert de ce début d’après-midi fera très bien l’affaire pour prendre douillettement la température, tout en douceur, dans un bain chaud de LSD liquide.

On enchaine avec Gore, découverte pour certains, mais pour d’autres, le trio-llandais (humour fascinant) est tout simplement l’un des précurseurs, piliers, darons, rayez la mention inutile, de la scène européenne noise rock à tendance sludgy (voire hardcore, voire indus) : actifs entre 86 et 97 avant de splitter et de tomber dans un relatif oubli (sauf pour des archivistes des musiques bruitistes tels que Walter ou notre bon vieux Réd’ Chef), les Hollandais récemment reformés sortaient une nouvelle version de leur album de 1992, Lifelong Deadline, ces jours-ci (le bien nommé Revanche, doté d’un artwork délicieusement laid d’ailleurs), d’où l’invitation du Roadburn à venir malmener la Koepelhal à cette occasion. Ne connaissant le groupe que de très loin (on aura poncé un de leurs premiers albums avant d’aller les voir, en l’occurrence le solide Mean Man’s Dream), on y va sans a priori, et on ne sera plutôt pas déçus. Reformé sous son line-up de la période 1991-1997, le groupe est visiblement content d’avoir remis le couvert (bien qu’un rien tendu et statique en début de set) et bénéficie d’un son excellent. Sur le fond, la mixture 100% instrumentale, musculeuse et anguleuse du trio fait son office avec efficience et savoir-faire. De ce qu’on a reconnu et comme c’était à prévoir, le groupe déroule une setlist qui mélange les classiques issus de Mean Man’s Dream et surtout de  Revanche/Lifelong Deadline.  L’absence de chant, déstabilisante de prime abord, passe finalement bien, et aucune monotonie ne s’installe, le groupe tapant dans des genres aussi variés que le sludge, le hardcore, le noise, voire le math rock par instants. Bref, belle découverte d’un groupe de 1986 en 2019, comme quoi il n’est jamais trop tard !

Retour immédiat à la Mainstage pour se faire malmener les oreilles par l’infernale machine post-metal expérimental / sludge Sumac, supergroupe indéniable car piloté par l’hirsute Aaron Turner (ex-Isis, Mamiffer, Old Man Gloom), assisté à la batterie par Nick Yacyshyn (Baptists aka le meilleur sous-Converge de la scène) et à la  basse par Brian Cook (Russian Circles, ex-These Arms are Snake, ex-Botch : ça va le CV ?). Le choc est rude. Comme d’habitude à la Mainstage, le son est absolument dantesque, et l’hyperactif groupe (trois LP en quatre ans tout de même) en profite pour nous ensevelir sous un déluge de riffs accidentés, de batterie millimétrée mais semblant en roue libre, de bourdonnements de basse abêtissants et de hurlements absolument terrifiants (Aaron Turner est l’un des plus salement monolithiques beugleurs du circuit). Sumac, on rentre dedans ou on passe un sale quart d’heure et on finit par se carapater, choqué, car bien que leur dernier album soit plus « accessible » et construit que les précédents, la musique du trio reste globalement extrême et réellement difficile d’accès. Enchainant des breaks monstrueux et des passages totalement abscons et expérimentaux, Sumac frappe très fort, à coup de « Atti’s Blade », de l’excellent « Arcing Silver » et sa basse entêtante, ou de « The Task ». Sumac en live est une expérience physique qu’il faut vivre si on s’intéresse un tant soit peu au post-metal et qu’on n’est a priori pas rebutés par la dimension potentiellement absconse et expérimentale de l’exercice, et ce n’est pas l’impeccable « Thorn in the Lion’s Paw » (cette intro mes aïeux…) qui nous contredira. Un excellent concert, un des meilleurs de la journée.

Sumac © Visual_Violence

On va faire un petit tour à la Koepelhal et au merch  pour se remettre de ces vents contraires, ce qui nous permet de jet un œil et deux oreilles sur Morne, et, étant assez, voire très clients du style pratiqué (un genre de doom sludge atmosphérique qui se laisse, ici et là, avilir par quelques attaques crust), on se laisse vaguement séduire, bien que l’ensemble nous apparait comme manquant un peu de relief et d’aspérités, surtout après le set de Sumac. Qu’à cela ne tienne, on se promet que l’on réécoutera le groupe plus en détails et avec davantage d’attention, d’autant que les Américains ne sont pas des bleu-bites et comptent déjà quatre LP à leur actif (le dernier en date, To the Night Unknow, sorti en 2018).

Retour à la Mainstage ensuite, pour une heure a priori nettement plus easy listening en compagnie du Cave In de l’infatigable (même s’il nous aura paru, pour le coup, un rien émoussé) Stephen Brodsky. Nul besoin de revenir une nouvelle fois en détails sur la tragédie qui a frappé le quatuor alors qu’il se remettait tranquillement aux affaires en 2018, mais Caleb Scofield, membre aussi important pour le groupe que ne l’est Brodsky est passé de vie à trépas en mars 2018 dans un accident de la route, c’est donc Nate Newton (Converge, Doomriders, et surtout Old Man Gloom, qui joue le lendemain, avec justement Stephen Brodsky à la place de Caleb Scofield) qui tenait sa place. L’émotion demeurait palpable un an après les faits, et c’est sans surprise que Cave In mettra plutôt l’accent sur la dernière partie de sa carrière (on espérait vainement, comme à chaque fois et tout en sachant parfaitement bien que c’était totalement inutile, un set blindé de Until Your Heart Stops : on n’aura malheureusement droit qu’à « Juggernaut », mais c’est toujours ça que les boches n’auront pas), tout en oubliant cependant pas de nous caler quelques classiques de la grande époque, notamment « Off To Ruin », issu de Perfect Pitch Black, ou l’évident « Big Riff » de Jupiter. Pour le reste, on aura droit à un peu d’Antenna, beaucoup de White Silence, et à deux morceaux de Final Transmission, qui sortait ces jours-ci, sorte d’album posthume/compile des dernières démos enregistrées avec Scofield entre 2017 et 2018. Deux excellents morceaux d’ailleurs, qu’il s’agisse de « Shake My Blood », et plus encore de « All Illusion ». Pas grand-chose à redire sur la performance du groupe, si ce n’est que Brodsky aura pas mal peiné au chant. Pas grave, l’essentiel était ailleurs : continuer à faire vivre l’héritage de Caleb Scofield. Finissons par une anecdote un peu plus marrante : la présence de Jacob Bannon pendant les balances sur trois morceaux, pourtant, ledit Bannon n’apparaitra pas sur scène avec Cave In. Incompréhensible ? Attendez qu’on vous parle du quatrième jour…

Cave In © Paul Verhagen

 

 

Changement d’ambiance total : quatuor harsh noise rock suédois qui compte en son sein deux ex-Skull Defekts (ceux-ci ayant splitté l’an passé) et un Brainbombs (le batteur Anders ‘Drajan’ Bryngelsson qui joue aussi dans plein d’autres bons groupes comme No Balls, Regler ou Swinehood), Orchestra Of Constant Distress ne vous veut pas du bien. Avec leurs morceaux monomaniaques ressemblant à des lock grooves éreintés jusqu’à l’os, ils devraient faire disparaitre très rapidement toute velléité de bien-être et anéantir tout soupçon de joie. Ruine, désastre et désolation. No fun. Pas une once. Leur programme : l’inconfort, le concassage, vous faire craquer par la répétition jusqu’au-boutiste de riffs ultra-minimalistes, râpeux comme le corps d’un galeux, sur des rythmiques tout aussi livides, assenées avec la même obstination qu’un dément psychotique se tapant la tête contre un mur en parpaings avec comme unique volonté de fracasser son crâne afin que le Démon claustrophobe qui y séjourne puisse enfin respirer un air moins vicié. Les plus mélomanes remarqueront peut-être ici et là des micro-variations dont Skull Defekts avaient le secret. Pour les autres, devrait suffire ce simple résumé : “Just when you think something is about to happen, it doesn’t.” Sur scène, les quatre Suédois resteront impassibles, le regard fixe, planté droit dans le nôtre, scrutant l’apparition du voile grisâtre de la reddition qui viendra fatalement l’obscurcir, les deux globes oculaires roulant dans leurs orbites pour une dernière danse et nos corps de se dérober comme des poupées de chiffons aux oreilles perforées. Game over.

Après le rendez-vous passablement raté de 2012 (pour cause de son abusivement fort et inaudible, de musiciens gravement jetlagés et/ou d’un trop plein de mescaline), Sleep faisait enfin son retour sur la Mainstage du Poppodium pour deux sets de deux heures (en déclinant l’offre de Coachella pour honorer cette double invitation), soit largement de quoi contenter les insomniaques les plus affamés. Aujourd’hui est prévu un set centré autour de leur deuxième et cultissime (par la force des choses, en regardant les 27 années écoulées) album Holy Mountain, qui sera joué dans l’ordre et dans son intégralité. Avant cela, pour patienter et se mettre dans l’ambiance, s’égrène lentement une longue et erratique conversation entre la mission Apollo 11 et le centre de contrôle de Houston lors de cette historique journée du 20 juillet 1969, en guise de prologue à la venue des trois Marijuanautes. On a donc largement le temps d’admirer le moteur de la fusée avant sa mise à feu : huit gros amplis Orange et seulement six têtes pour Matt Pike, quatre gros frigos Ampeg pour Al Cisneros et toujours un kit tout ce qu’il y a de plus réglementaire pour Jason Roeder, quand même agrémenté d’une ou deux cymbales supplémentaires par rapport à ses concerts avec Neurosis.

Sleep © Visual_Violence

 

Quand nos trois héros du Riff entrent enfin en scène, on est surpris par le fait que Pike et Cisneros semblent avoir perdu pas mal de gras. Pour ceux qui ne sont pas au courant, Matt Pike souffre de diabète, ce qui l’a obligé à interrompre une tournée de High On Fire avec Municipal Waste pour se faire opérer à l’automne dernier (amputation partielle d’un doigt de pied). À ce que l’on a pu en juger, il a plutôt l’air d’avoir retrouvé la forme, même s’il s’éclipsera rapidement de scène à deux ou trois reprises lors de ces deux concerts de Sleep. Question musique, ce premier set était formidable, même si Cisneros n’était pas très en voix, surtout sur les titres les plus agressifs comme « The Druid », « Evil Gipsy » et « Inside the Sun » (rarement joués en concert). Il était par contre très en doigts ; ceux-ci gambadant comme des cabris sur les quatre cordes de sa Rickenbacker. Jason fut impeccable et Matt Pike, comme à son habitude, fut grand, très grand, désirant visiblement rappeler à tous que Sleep, c’était d’abord du blues, dès l’intro et lors de la belle ballade country-blues « Some Grass » jouée en interlude. De « Dragonaut » à « Nain’s Baptism », il enchainera aussi les purs riffs et les soli d’anthologie avec tout le naturel qu’on lui connait, avant de prolonger le plaisir sous les ovations du public évidemment totalement acquis à leur cause, avec une version écourtée (une demi-heure quand même) du célébrissime « Dopesmoker » (terrible au départ, un peu décousu sur la fin) et de finir sur « The Clarity », premier single sorti par Sleep en 2014 après sa réactivation cinq ans plus tôt. Suite du programme spatial de la mission Sleep dès demain.

Sleep © Paul Verhagen

 

Difficile de se détacher d’un tel voyage, et pourtant, certains d’entre nous, tout hypnotisés qu’ils étaient par le set des légendaires Américains, trouvaient la force mentale de s’échapper de la Mainstage et de rejoindre une Koepelhal scandaleusement dépeuplée (la faute à Sleep, heavydemment) pour assister au set de ce qui était pourtant l’un des groupes les plus intéressants de l’affiche cette année : les excellents Suédois d’Agrimonia, également invités dans le cadre de la programmation Burning Darkness mise en place par Tomas Lindberg sur cette édition. Forts de quatre albums depuis 2008, dont l’excellent dernier en date Awaken (paru début 2018), les Suédois font partie de ces groupes injustement ignorés car difficilement cataloguables, et on ne fera pas mieux, pour vous convaincre de l’intérêt qu’il existe à les découvrir, que la description qu’en a donnée Tomas au Roadburn : “Imagine a more progressive Amebix; that could be your starting point. But that is too easy, Agrimonia is so much more than that. It is the ultimate combination of beautiful desperation and harsh heaviness, set in a crustcore soundscape. Colour it with some blackened Swedish/UK death metal, and atmospheric postrock and you are getting close to the animal that is Agrimonia ». Bref, un groupe aussi sombre et mélodique qu’abrasif, et qu’on ne voulait pas louper. On sera un peu restés sur notre faim vu le peu d’ambiance et le global manque de réceptivité du public, mais le groupe, lui, a délivré tout ce qu’on attendait : un set avec un son excellent, durant lequel ont été joués « The Decay » mais aussi et surtout « The World Unseen », opener du dernier album et peut-être leur meilleur morceau à notre sens : tout à la fois plombé et aérien, atmosphérique et incisif (ces passages crust / hardcore, cette voix blackened crust infernale de Christina Blom, adorable frontwoman visiblement assez émue d’être là), ce morceau est un voyage que l’on vous conseille fortement de faire. Leur set passe comme l’éclair, faisant la part belle au dernier album sans ignorer les trois précédents, et on se dit qu’on est, malgré tout, bien heureux de les avoir vus.

Préalablement annoncé dans la programmation initiale du festival lorsqu’il a été décidé que Thou serait le groupe artiste en résidence cette année et aurait donc la possibilité de jouer tous les jours de cette édition 2019, ce covers set était en effet introuvable sur le running order définitif du fest, alors que l’annonce était bien maintenue et confirmée. Kesako ? Renseignement pris auprès de l’orga : il sera annoncé le jour même. Vu que les trois autres concerts de Thou étaient eux bien identifiés sur les running orders du jeudi, du vendredi et du dimanche, on se doutait bien qu’il devait avoir lieu ce samedi. Par contre, pour l’heure et le lieu, même après un examen à la loupe du running order du samedi, on était plus dubitatif, la seule case possible a priori étant après 23h dans la plus petite salle du fest, en même temps qu’Uran, Maalstrom et Doolhof. La lose quoi. Après bien des tergiversations, l’annonce officielle de ce concert spécial se fera sur les rézos en début de soirée. Pour l’horaire, on avait vu juste (eh merde…). Pour le lieu, on avait oublié le Ladybird Skate Park où se déroulent les concerts gratuits et ouverts à tous, souvent organisés à l’improviste pour les groupes encore sur place souhaitant jouer un set supplémentaire dans une ambiance plus que détendue. Et de la détente, Thou va nous en fournir une grosse pelletée avec un show punk-hardcore tout sourire, composé d’une quinzaine de reprises uniquement piochées dans le répertoire des Misfits, période Glenn Danzig évidemment. Étonnant et un peu dommage quand on connait la diversité de leurs fréquentes réinterprétations (Nirvana, Alice In Chains, Pearl Jam, Shellac, Born Against, Nine Inch Nails, Minor Threat ou Agents Of Oblivion, entre autres), mais pourquoi pas ? Ce fut donc un joyeux bordel, passablement entretenu par la difficulté de pogoter et même de se tenir debout sur un module de skate aux inclinaisons bien casse-gueule. Bryan Funck ne changera aucunement sa façon de « chanter » et n’essaiera donc même pas une seconde de crooner à la Danzig. Mais il partagera souvent le micro, avec Mitch, le bassiste, ou KC, la guitariste, quand des guests comme Nate Newton ou Emma Ruth ne viendront pas lui subtiliser le micro pour entonner leur morceau préféré. Highlights sur « Die Die My Darling », « Skull », « Attitude » et le final « Last Caress » chantés en chœur par l’ensemble de la foule présente. Le concert à la plus chaude ambiance du festival, haut la main.

Thou (Misfits Cover Set)

 

Aussi natif de Göteborg, Uran GBG est, comme Fontän et The Exorcist (« les Goblin suédois » que l’on a bêtement loupé cette après-midi), également signé sur le très intéressant label Höga Nord Rekords adoubé par Andrew Weatherhall (son dernier album est sorti chez eux). Rassemblant une dizaine de musiciens dont trois bassistes et un max de synthés, ce collectif représente « le secret psychékrautspacegroove le mieux gardé de Suède » selon Herre Lindberg qui les présentait comme suit : « Imagine the heaviest psych, in a street fight with the most hypnotizing Stooges riffs, with an electronic Kraut edge and a monstrous Hawkwind presence. » On n’en verra malheureusement que la fin (Thou covers set oblige), mais ce que l’on a pu en voir et entendre était formidable, entre mélopées électroniques d’un autre âge, effets qui fusent en gerbe laser et terrible rythmique qui motorike sec. On en redemande, mais le festival se conclut bizarrement très tôt ce samedi soir (avant 1h du mat’).

Uran GBG © Paul Verhagen

 

 

 

Time to hit the sack, et de revenir demain pour ce qui sera déjà le dernier jour de cette édition 2019 (avec une pensée émue pour celles et ceux qui n’avaient pas de pass 4 jours et ont dû repartir dimanche matin). Mais l’heure n’est pas encore à la nostalgie, il reste quelques fameux rendez-vous d’ici à ce que la bête Roadburn se rendorme pour quelques mois.

JEUDI VENDREDI DIMANCHE

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