Mystic Festival 5,6,7,8 Juin 2024
Par Pierre-Antoine Riquart
Nous vous disions l’année dernière tout le bien que nous pensions du Mystic Festival, plus grand festival metal de Pologne dont la première édition remonte à 1999. Né à Cracovie, il s’est déroulé dans plusieurs endroits différents au fil des années pour finalement échouer à Gdansk au sein du chantier naval. Les plus grands noms de la scène se sont produits sur les planches du Mystic, d’Iron Maiden à Slayer en passant par Emperor, Slipknot, Celtic Frost ou encore King Diamond. C’est le dernier concert européen de Danzig qui nous avait fait dégainer la carte bancaire pour prendre les billets d’avion pour l’une des plus belles villes portuaires situées au bord de la Baltique. Si, au moment de sa divulgation, l’affiche de cette année ne nous avait pas autant emballés, non pas en raison de sa qualité, mais plutôt à cause de sa similitude avec celles des autres festivals européens, il nous tardait tout de même de retrouver l’ambiance décontractée du lieu, sa taille raisonnable et, soyons honnête, de déguster autant de Pierogis – raviolis typiques de la cuisine polonaise – que possible.
Premier constat en arrivant sur le site : toutes les scènes sont montées. On se rappelle que l’année dernière une grève un peu étrange avait empêché la Park Stage d’être prêtes à temps. On remarque aussi que le nombre de français a augmenté. Enfin, les prix ont grimpé, mais restent toujours abordables et bien moins élevés qu’au sein des autres festivals majeurs européens. Notons également que l’ambiance est toujours aussi décontractée, voire un peu plus, en raison de la création d’un nouvel espace de détente et de restauration, ce qui améliore considérablement les temps d’attente aux stands. On évolue facilement sur le site sauf, encore une fois, entre la Main Stage et la Park Stage passé 18 h. Si l’organisation pouvait améliorer cette circulation, nous serions sûrement en présence de l’un des meilleurs festivals du circuit.
Mercredi 5 Juin
Côté musique, on démarre les hostilités la première journée avec les Allemands de Slope, groupe funk metal/hardcore que l’on avait hâte de voir live tant leur second album Freak Dreams a tourné en boucle depuis sa récente sortie. Le groupe démarre avec « Goodbye MR. Dandy », tiré de son EP de 2017, et enflamme le public présent. Ça groove, ça bouge dans tous les sens et le public en redemande. On ne misait pas sur un tel succès pour le quintette allemand tant le Mystic semble plutôt ancré dans le metal traditionnel et pourtant la Sabbath Stage est pleine et la foule danse comme un seul homme. Si les tubes de Freak Dreams sont parfaitement interprétés (« It’s Tickin’ », « WHY SAD » ou encore « Freak Dreams »), le groupe a du mal à combler les blancs entre les morceaux. Autre petit point négatif qui, lui, ne leur est pas imputable : il aurait fallu expliquer au responsable des lumières qu’on ne traite pas un groupe funk metal comme un groupe black metal, ça le desserre…
On termine ce concert totalement reboosté avant de littéralement prendre une douche froide car une tempête aussi courte que brutale s’abat sur les lieux. Il pleut des trombes d’eau et tout le monde panique. Une quinzaine de minutes plus tard, la pluie s’arrête et nous nous ruons vers la petite scène extérieure, la Desert Stage, afin d’assister au set d’Ingested. Si sa prestation s’avère excellente, le groupe death metal technique anglais est malheureusement interrompu dans son élan par une coupure de courant. C’est toute la partie principale du fest qui se retrouve sans électricité empêchant les Mancuniens de reprendre leur set. Ils se retrouvent reprogrammés à minuit et demi, malheureusement pendant la fin du concert de Sanguisugabogg.
La Park Stage est, elle, toujours alimenté en électricité, ce qui permet à Fear Factory de commencer à l’heure. Le groupe entame son concert sur « Shock », premier titre ravageur d’Obsolete. Le son est bon, l’interprétation efficace, mais Dino Cazares rencontre des problèmes de connexion avec sa guitare sans fil, laissant le bassiste Tony Campos seul pendant un peu plus de trente secondes. C’est la première fois que nous avons l’opportunité de voir le nouveau chanteur, Milo Silvestro, et s’il manque cruellement de charisme, il compense par un chant techniquement parfait, soit tout le contraire de son prédécesseur Burton C Bell. Si « Powerschifter » s’avère toujours aussi puissant, on a tout de même l’impression de voir un groupe de reprise sur scène. C’est lors de l’interprétation de l’horrible « Linchpin » que nous décidons d’arrêter le massacre pour aller dîner…
Le ventre bien rempli, nous nous plaçons devant la Park Stage pour voir Body Count et sa figure de proue Ice-T. Le groupe démarre sur sa fameuse reprise du « Raining Blood » de Slayer, et on a du mal à en croire nos oreilles : Ernie C. est aux fraises, donnant le sentiment que les Américains n’ont pas ou peu répété avant d’entamer leur série de concerts estivaux. Le groupe se rattrape avec « Bowels Of The Devil » et on se met à rêver d’un concert mémorable, mais un nouveau titre très moyen, « The Purge », nous oblige à revoir nos ambitions à la baisse. Puis, pour introduire « Manslaughter », Ice-T croit avoir la bonne idée de nous expliquer l’origine des paroles du morceau qui puise dans la misogynie la plus crasse. Il n’hésite pas à déclamer, devant un public qui ne comprend pas bien l’anglais : « il n’existe pas de patriarcat, les hommes se sont simplement affaiblis, on assiste à une féminisation totale de la société… ».
Il ne nous en fallait pas plus pour quitter ce groupe de has-been rétrogrades pour aller voir les New-Yorkais de Suffocation sur la petite scène extérieure dans l’allée principale, la Desert Stage. Très mauvais choix de la part de l’organisation : le public est présent en masse jusque dans l’allée et la circulation devient impossible. Le groupe entame son set sur « Seraphim Enslavment » issu de son dernier et excellent album Hymns From The Apocrypha, et annonce la couleur. Ce sera violent, rapide et terriblement efficace. « Thrones Of Blood », issu de leur meilleur album Pierced From Within, prend le relais et ne lâche pas la gorge d’un public que le groupe tient en respect. C’est à la fin de ce morceau qu’une pluie fine mais intense vient gâcher la fête nous obligeant à assister au set, tant bien que mal, derrière la régie où se trouve une structure permettant de se poser entre divers hamacs et chaises longues. Avec un peu de patience, on finit par trouver une belle place, mais cet interlude ne nous aura pas permis d’apprécier pleinement la prestation sans faille d’un des meilleurs groupes de death metal technique du circuit.
Alors que la pluie a cessé de tomber, nous quittons les lieux pendant que se font entendre les dernières notes de « Infecting the Crypts » afin de se placer pour le set de la légende du thrash allemand Kreator, formation dans laquelle évolue le français Frédéric Leclercq (ex-Dragonforce, Sinsaenum, Loudblast…). Depuis que le groupe a entamé un virage thrash de stade, sa musique ne nous intéresse plus vraiment, mais il faut lui reconnaître une efficacité indéniable. C’est sur « Hate über Alles » et avec une tonne de pyrotechnie que le groupe entame un set redoutable, avant d’enchaîner avec « Phobia », de leur petit chef-d’œuvre des 90’s, Outcast, largement décrié à l’époque. Le public polonais est déchaîné et sait rendre hommage aux groupes de metal historiques. Sodom ou Bruce Dickinson auront aussi droit à leur part du gâteau un peu plus tard dans le week-end. Le titre « 666 – World Divided » pointe le bout de son nez et illustre parfaitement (son refrain et le pont horrible en têtes) le côté thrash de stade qui a tendance à vite nous fatiguer. Cette considération mise à part, il n’y a vraiment pas grand-chose à reprocher à la prestation de Kreator et les fans présents sont ravis.
On décide ensuite d’aller voir Witching dont le black doom moderne nous a pleinement convaincu à l’écoute d’Incendium, leur second album. C’est justement sur le morceau-titre que le groupe démarre devant un public de curieux venu en masse. Les Américains impressionnent instantanément, notamment grâce à la facilité technique dont font preuve sa bassiste Tatiana Buonassisi et son guitariste Nate Zagrimanis. C’est propre, brillamment interprété et très dynamique. On peut cependant reprocher à la chanteuse Jacqui Powell ses incursions mélodiques pas toujours très justes, alors que son chant hurlé reste parfait. Les arpèges de « Last You, Fell From Divinity », sont interprétés avec majesté et les blast beats furieux portant des riffs black metal en aller/retour impressionnent à leur tour. Sacré prestation pour un groupe que nous allons suivre de près.
Dernier concert de la journée qui permet de réduire à néant le peu de QI qu’il nous reste, celui de Sanguisugabogg sur la Desert Stage. Si la fosse n’est pas remplie, cela n’empêche pas le groupe de démarrer un set dantesque sur « Black Market Vasectomy » et de convaincre toutes les personnes présentes, ainsi que les passants qui restent hypnotisés. Les quatre musiciens sont affamés et démontrent qu’ils ont fait autant de progrès sur scène qu’à la salle de musculation. Les hits « Face Ripped Off » et « Dragged By A Truck » sont interprétés avec brio. Le groupe termine sa prestation sur un nouveau titre, « Permanently Fucked », dévoilé quelques jours plus tôt, et son morceau le plus bête et jouissif, « Dead As Shit ». Vainqueur par K.O. de la première journée, Sanguisugabogg n’a laissé personne indifférent.
Jeudi 6 Juin
On commence la deuxième journée sous le soleil avec le nouveau groupe de neo rap metal Blackgold qui officie sur la Main Stage. Sa musique provoque globalement chez nous un ennui certain et les refrains en chant clair pompeux à souhait ont vite fait de nous faire déguerpir… pour assister au set des Allemands de Kadavar, que nous n’avons pas vu sur scène depuis un petit moment. Grosse surprise donc de constater que leur leader Christoph « Tiger » Bartelt ne porte plus la barbe et s’est coupé les cheveux. Passé ces considérations capillaires, on assiste avec grand plaisir à l’écoute de leur proto hard rock toujours aussi efficace. Les titres « Doomsday Machine », « All Out Thoughts » et « Black Sun » nous rappellent un passé pas si lointain où le groupe nous passionnait. On y reviendra avec plaisir car la prestation était en tout point excellente.
Malheureusement pour Pest Control et leur thrash crossover que nous adorons, nous ne pouvons assister qu’à deux morceaux de leur set, un peu entaché par une prestation vocale moyenne de la chanteuse Leah Massey, car elle se chevauche avec celle des Allemands d’Endseeker, une des exclusivités de ce Mystic Festival 2024, aux côtés de Lik, deux groupes swedeath dont nous attendions les prestations avec impatience. La Sabbath Stage est totalement remplie lorsque le set des Hambourgeois débute sur le massif « Into The Fire », introduction de leur excellent album Flesh Hammer Prophecy. Le son est puissant, la prestation aux petits oignons et le public en feu lors de pogos incessants. Endseeker a sorti l’année dernière un album proche de la perfection, Global Worming, et celui-ci est à l’honneur avec « Terror », « Global Worming », évidemment, « Hell is Here » et « Violence is Gold ». Pas grand-chose à reprocher au groupe tant son concert est réglé au millimètre, si ce n’est un petit manque d’aspérité, de folie, qui ternit un peu le tout.
Avant d’apprécier le set de Lik, on passe faire un petit tour du côté de la Park Stage pour assister au début de la prestation de l’autre chantre du thrash allemand présent sur l’affiche : Sodom. À l’instar de Kreator la veille, le groupe est acclamé comme un seul homme par le public présent en nombre. Le trio entame son set sur « Procession To Golgatha », le morceau instrumental de transition de Persecution Mania avant d’enchaîner sur sa suite directe, « Christ Passion ». Sodom puise dans de vieux titres et le public est ravi. Il reprend ensuite à l’unisson le refrain de « Jabba The Hut » qui lance également les hostilités côté pogo. Si les musiciens, Tom Angelripper en tête, accusent le coup physiquement, leur âge ne se ressent pas du tout côté interprétation et les riffs acérés de « The Crippler » déchaînent les passions. Nous quittons les légendes du thrash après le deuxième titre de Get What You Deserve, le bien nommé « Sodomized », afin de ne pas louper une minute de Lik. Nous apprendrons par la suite que le groupe a joué « Agent Orange », ce qui nous inonde de tristesse, mais la vie en festival est faite de choix…
Nous pouvons enfin assister à la prestation de Lik sur la Sabbath Stage, second passage du groupe au Mystic après leur prestation de 2022, et premier constat, la salle est bondée. Nous nous frayons un chemin tant bien que mal devant afin de ne pas en perdre une miette. Dès les premières notes de « Celebration Of The Twisted », le public se déchaîne et entame un circle pit qui ne cessera quasiment pas pendant le concert et atteindra son apogée lors de l’interprétation de « Necromancer », tiré de Mass Funeral Evocation. Le groupe est précis, incisif et déploie une énergie massive dont peu de groupes death metal présents sur cette édition pourront se targuer. Tous les tubes de Misanthropic Breed tels que « Decay » et « The Weird » y passent. Par chance, le groupe termine son set quelques minutes avant le gong, puis c’est sous les cris du public réclamant « Funeral Anthem », l’hymne du quatuor suédois, qu’il achève sa parfaite prestation.
Les groupes cultes s’enchaînent au Mystic puisque le prochain concert qui nous intéresse n’est autre que celui des vétérans du hardcore New-Yorkais, Biohazard. Le groupe démarre sur « Shades Of Grey » et fait preuve d’une forme absolument époustouflante. Tous les musiciens, Evan Seinfeld et Billy Graziadei, en tête, arborent un sourire contagieux et une forme physique exemplaire, ce qui se ressent dans l’interprétation. Tous les tubes de Urban Discipline et State Of The World Adress y passent et ravissent un public totalement déchaîné. Pas une seule personne présente ne peux rester statique durant « Five Blocks To The Subway » – exemple parmi tant d’autres. Quel concert, quelle incroyable énergie, définitivement un des meilleurs groupes de scène dans la sphère hardcore.
Les derniers riffs de Biohazard résonnent encore lorsque nous nous précipitons devant la Desert Stage pour voir High On Fire. L’espace est bien évidemment noir de monde et comme d’habitude il est difficile de circuler dans l’allée lorsqu’un groupe de cette envergure se produit sur une si petite scène. On se rend vite compte que le trio joue comme à l’accoutumée beaucoup trop fort ce qui rend sa prestation assez brouillonne. Fort heureusement les notes de Snakes For The Divine résonnent assez rapidement et nous assistons à un concert impeccable d’un point de vue de l’interprétation, mais assez foireux côté qualité sonore.
On décide de préserver ce qui nous reste de tympans pour Machine Head qui officie sur la Main Stage. Le groupe de Robb Flynn n’est plus vraiment une priorité pour nos vieilles oreilles, mais il faut bien admettre qu’il demeure impressionnant sur scène. Si le début de la setlist est un régal avec « Imperium », « Ten Ton Hammer », « Aesthetis Of Hate » et « Old », l’arrivée de « Locust » et plus tard de « Bulldozer » sonne comme une souffrance. Heureusement, « The Blood, The Sweat, The Tears », « From This Day », « Davidian » et « Halo » nous redonne goût au groupe et achèvent une prestation totalement honorable.
On termine la journée sur quelques minutes de Zeal & Ardor qui ne nous convainquent guère. Rideau.
Vendredi 7 Juin
Afin de s’échauffer en douceur, on décide de commencer la journée en compagnie des Finlandais d’Insomnium et leur metal mélodique et mélancolique lorgnant vers le death metal. Le quintette a droit à la Main Stage en milieu d’après-midi – oui, le festival débute vraiment à des heures raisonnables – et délivre une prestation en tout point réussie. Techniquement et aussi bien sur le plan du charisme que du son, tout convainc le public. Le groupe ne prend aucun risque en concentrant sa setlist sur ses meilleurs titres les plus récents tels « Ephemeral », « Lilian », « While We Sleep » et « Heart Like a Grave »… On ne lui en veut pas trop de ne pas avoir été déterrer de titres composés avant 2011.
Direction la Park Stage pour cette fois apprécier le sludge metal de Crowbar. Comme à peu près tous les groupes américains présents sur le festival, les musiciens ont subi de grosses galères pour venir à Gdansk et Kirk Windstein nous en fait le récit en précisant également qu’ils sont obligés de s’accorder entre chaque morceau car les températures chutent pas mal et les cordes ne le supportent pas trop. Si le soleil était présent la veille (entrecoupé d’une averse), c’est plutôt la grisaille et une température fraîche qui règnent ce jour en Pologne. Les éléments n’empêchent pas les vétérans de délivrer un set monstrueux et riche en excellents titres, récents comme anciens. C’est la première fois que nous avons l’opportunité d’entendre live des extraits de Zero And Below (« Chemical Godz » et « Beeding From Every Hole ») et ceux-ci s’intègrent parfaitement au répertoire de Crowbar. Le bonheur est total lorsque le quatuor entame « Planets Collide » et « All I had (I Gave) ». Voilà un groupe qui ne déçoit jamais.
Histoire de continuer dans l’allégresse, direction la Main Stage pour voir Life Of Agony. Comme d’habitude, le groupe offre une prestation dantesque axée sur ses meilleurs titres et notamment ceux issus de son chef-d’œuvre River Runs Red. Joey Z est monstrueux à la guitare, Alan Robert parfait à la basse et Veronica Bellino précise à la batterie. Et que dire de Mina Caputo ? Qu’à nouveau ses prouesses vocales et ses ondulations ophidiennes en font l’une des chanteuses les plus charismatiques du circuit. Ajoutez à ça une interprétation dantesque de « Weeds », que nous n’avions pas entendu live depuis la fin des années 90, et vous obtenez l’un des tout meilleurs concerts de cette édition.
On décide après tant de plaisir de voir quelques minutes de Pigs x7 avant d’assister au show de Paradise Lost. Sans surprise les Novocastriens offrent une prestation rimant avec énergie et sueur. Nous avons seulement le temps de capter « World Crust, Big Rig » et « Mr Medicine », mais le moins que l’on puisse c’est que c’était intense.
Retour sur la main stage pour le « setlist by request » de Paradise Lost. Soyons clair d’emblée : nous avons assisté là au pire concert du groupe qu’il nous a été donné de voir depuis le milieu des années 90. Retard de dix minutes, engueulade sur scène avant de démarrer, problèmes techniques en pagaille (micro qui coupe régulièrement, une guitare absente sur la moitié d’un morceau), chant approximatif, prompteur pour ne pas oublier les paroles, attitude feinte et musiciens passablement agacés… Si le groupe se rattrape globalement au milieu du set, ce n’est pas suffisant pour nous satisfaire, d’autant plus qu’il renonce à jouer « Eternal » et « Pity The Sadness » par manque de temps. À oublier !
S’il y a bien un concert que nous redoutions, c’était celui de Terrorizer, groupe grindcore américain culte monté par David Vincent et Pete Sandoval (Morbid Angel) et feu Jesse Pintado (Napalm Death). Si on apprend que Sandoval a eu un mal fou à venir et n’a atterri que quelques heures avant le début du concert, cela n’entache en rien sa prestation. Il en est de même pour David Vincent et Richie Brown, même s’ils se font plus discrets. Que dire cependant du chanteur Brian Werner totalement possédé et appelant à la violence la plus extrême « I want blood and i want it fucking right now ! » ? De mémoire de vieux briscards, nous n’avions jamais vu un concert aussi agressif, méchant et barbare de notre vie, en témoigne les nombreux pogo et circle pit ravageurs tout au long du set. Le groupe concentre sa prestation sur son classique de 1989 World Downfall et ne relâche jamais son étreinte. Un petit « Hordes Of Zombies », de l’album du même nom paru en 2012, est également asséné et ne fait aucunement tache. S’il fallait décerner un prix du concert le plus agressif du Mystic Festival, il est évident que Terrorizer le remporterait haut la main. Ce concert nous ayant mis littéralement à genoux, il était difficile de filer voir Megadeth sur la Main Stage. Après échanges avec de nombreux festivaliers, Dave Mustaine n’était absolument pas en voix, nous n’avons donc rien manqué.
On termine la journée avec le black metal folk et atmosphérique des cowboys de Wayfarer. American Gothic, leur dernier album, étant l’un de nos disques préférés de 2023, nous attendions avec une impatience non feinte de pouvoir écouter ses morceaux joué sur scène. Le groupe n’a absolument pas déçu et délivré un set tout en volupté. Quarante-cinq minutes de voyage dans les plaines du Colorado et dont l’apogée est atteinte avec le final « False Constellation ».
Samedi 8 juin
On arrive tout juste sur le site pour entendre quelques titres du groupe stoner rock grec 1000Mods sur la Desert Stage. Sympa, toujours efficace, mais il nous en faut plus pour atteindre le nirvana.
Direction la Main Stage pour assister à l’une des prestations les plus attendues du week-end, celle du nouveau groupe de Kerry King, présent sur toutes les affiches des festivals d’Europe. From Hell I Rise, le premier album du guitariste de Slayer est un disque de thrash relativement appréciable qui ne révolutionne absolument rien. Le constat demeure le même sur scène : c’est parfaitement interprété, carré, puissant, Mark Osegueda se montre impeccable au chant et le tout se voit accompagné de pyrotechnie efficace, mais il est cependant triste de constater que les morceaux qui nous font le plus vibrer sont ceux de Slayer : « Rainin’ Blood », « Black Magic » et surtout « Disciple ».
New Noise n’a jamais caché son affection pour le groupe High Vis, mais il faut préciser que depuis deux ans, leurs albums tournent en boucle et que cette affection s’est transformée en véritable amour. Nous avions donc hâte d’assister à notre cinquième concert du groupe depuis la sortie de Blending en septembre 2022. Comme à l’accoutumée, les Londoniens démarrent sur « 0151 » afin d’enflammer le public. C’est chose faite au bout de deux minutes : le quintette emporte avec lui un public de metalleux pourtant tout sauf acquit à sa cause. Les tubes s’enchaînent, de « Talk For Hours » à « Altitude » en passant par « Trauma Bonds », et Graham Sayle, le chanteur, hypnotise le public présent. Nous assistons tout simplement là au meilleur concert de cette édition 2024 du Mystic. Notons que leur bassiste historique Rob Moss semble avoir définitivement quitté le groupe et qu’un morceau de leur prochain album prévu pour la fin de l’année a été interprété.
Difficile de reprendre ses esprits après une telle prestation, mais il nous est pourtant impossible de manquer le show des Néerlandais d’Asphyx, qui enchaîne sur la scène voisine. La salle est comble, la chaleur à son paroxysme et le public hurle avant que le groupe ne démarre les hostilités, signe d’un concert qui s’annonce excellent. Le quatuor lance la charge avec les deux premiers morceaux de son premier album The Rack. Les bases sont posées, ce sera vilain, sale et poisseux. Leur dernier disque en date, Necroceros, sorti en 2021 se voit ensuite mis à l’honneur avec « Botox Implosion » et « Molten Black Earth », titre qui impose son rythme lourd au détriment des tempos thrash des morceaux précédents. Le groupe, totalement à son aise, délivre une prestation absolument parfaite et le public le lui rend bien. Des « Napierdaać » (NdR : terme familier polonais incitant quelqu’un à donner le meilleur de lui-même) sont scandés à tue-tête et Martin Van Drunen n’a pas le temps d’en comprendre la signification que son groupe enchaîne les riffs de « Deathhammer » pour continuer de maltraiter le public. Asphyx en 2024 demeure toujours aussi incroyablement pertinent.
Petite pause gustative puis nous décidons d’enchaîner avec le stoner des vétérans londoniens d’Orange Goblin. Fait assez rare pour le noter, le groupe démarre son concert sur un tout nouveau titre, « Cemetary Rats », tiré de son nouvel album à paraître, Science, Not Fiction. Celui-ci passe totalement le cap du live et nous donne envie de nous plonger dans cette livraison à venir. Le groupe met ensuite à l’honneur tous ses albums, anciens comme récents, avec une sélection de « bangers » bien choisis. « Sons Of Salem », « Made Of Rats », « The Filth & The Few » ou encore « The Devil’s Whip », si bien que les riffs cultes s’enchaînent aussi intensément que le public headbangue.
Avant de nous régaler devant le dernier concert de la journée et du festival, celui de Chelsea Wolfe, nous décidons de regarder la prestation de Bring Me The Horizon vautré dans des chaises longues et devant un écran géant qui ornent l’un des espaces repas, hors de question d’assister à ce carnage musical de plus près. Comme on s’y attendait, nous ne sommes pas faits, ou trop vieux, pour ce metalcore aseptisé (et pourtant déjà ancien). On s’amuse tout de même à commenter leur prestation et on explose littéralement de rire quand le groupe invite sur scène une jeune femme tirée du public, nommée Vicky, pour interpréter « Antivist ». Si la démarche est louable et sympathique, la pauvre Vicky chante tellement mal que ç’en est hilarant.
Ragaillardis, nous allons nous placer devant la Park Stage avant que Chelsea Wolfe n’en foule les planches alors que le concert devait débuter des trombes d’eau s’abattent sur Gdansk obligeant l’Américaine à commencer avec dix bonnes minutes en retard, et nous à trouver de quoi nous abriter, n’étant pas du tout équipés ni habillés pour supporter ce déluge. C’est après vingt minutes d’attente que nous décidons de rentrer nous coucher, un peu déçu de terminer de la sorte cette excellente édition du Mystic Festival.