On commence ce samedi en enfer – au sens assez littéral du terme puisqu’on a rarement autant crevé de chaud en 17 Hellfest – avec le jeune et prometteur quintette crossover de Leeds, Pest Control. Sur disque, le groupe nous avait plutôt plu, sans plus, peut-être parce qu’il arrivait alors que nous souffrions d’une légère indigestion de crossover, Power Trip ayant engendré une palanquée d’ersatz pas toujours très emballants. Mais force est de reconnaître que la prestation donnée par Pest Control à la Warzone, en ce midi écrasant de fête de la musique et de premier jour d’été, ferait changer d’avis n’importe qui. Débarquant couteau entre les dents, l’escouade menée par Leah Massey-Hay rase la Warzone avec ses assauts thrash entrecoupés de traquenards hardcore et parcourt une grande partie de sa courte mais tranchante discographie en l’espace de trente minutes. De « Extermination » à « Masquerade Party », en passant par « Time Bomb », « Year Of The Pest », « Enjoy The Show » ou les crossotubes « The Great Deceiver » (notre petit préféré), « Don’t Test The Pest » et « P.M.C. » en closer, les Anglais mettent tout le monde d’accord et s’affirment comme une valeur sûre de la scène crossover européenne.
Il fait à peu près 40 degrés sous la Temple, mais avec le taux d’humidité digne du Big Bog Hawaiien qui règne sous cette tente où aucun air ne passe, on a plutôt l’impression de mater le concert du quatuor américain d’Agriculture depuis un foutu cuit-vapeur. Bref, on prend cher, mais on ne raterait pour rien au monde la prestation des si singuliers Californiens, hérauts de ce qu’ils ont eux-mêmes nommé « ecstatic black metal », soit une forme assez expérimentale de post-black à fleur de peau, et clairement plus humaniste et lumineuse que l’immense majorité de ce que propose le genre par ailleurs. Pas avare en éléments psyché/progressifs et n’hésitant pas à aller puiser l’inspiration dans des composantes emo/screamo, la proposition de l’aussi hirsute qu’habité Dan Meyer et ses trois camarades nous avait déjà franchement emballé lorsque nous les avions vu fin avril au Trabendo, en première partie de Chat Pile. Sauf erreur de notre part, la setlist est d’ailleurs quasiment identique, et parcourt tant le premier album que leur plus récent EP Living Is Easy, tout en nous offrant, avec le franchement génial « Bodhidharma », un premier aperçu de leur prometteur prochain album, qui sort bientôt chez les excellents The Flenser.
Pour se remettre de ces émotions agro-pastorales, rien de tel que la brutalité absurde et le flegme typiquement britannique du caveman battle doom de Conan, qui s’emploie à dévaster la Valley à coups de décibels, transformant l’endroit en champ de ruines. C’est dans ce décor post-apocalyptique que le trio déploie toute la puissance de son doom aussi balourd que jubilatoire. Le son est monstrueux, Jon Davis est en voix (autant que faire se peut, le chant n’étant pas son point fort), et ses deux comparses – issus d’un nième changement de line-up – se montrent parfaitement à l’aise. Johnny King (ex-Malthusian, Dread Sovereign, Altar Of Plagues), colosse à la pilosité luxuriante, matraque sa batterie avec férocité tandis que le vétéran David Riley (ex-Fudge Tunnel), dont on dirait qu’il dort dans la rue depuis dix piges et se lave les dents à la Valstar, détruit sa basse et nos oreilles au passage. En synthèse, on a rarement vu un tel mur de son écraser la Valley par un beau samedi estival, et franchement, on se régale (notre nuque, moins). Le trio explore son abrutissante discographie en tous sens, nous offrant force tubes guerriers (« Satsumo », « Foehammer », « Hawk As Weapon » et j’en passe), et taille évidemment la part de la couenne du lion à son dernier album, l’intelligent et mesuré Violence Dimension. Bref, on a vu Conan un sacré paquet de fois, et celle-ci restera comme l’une des meilleures : merci à eux !
Difficile d’imaginer ambiance moins adaptée que celle de la Temple pour le black metal glacial des Canadiens de Spectral Wound. Il doit faire 45 degrés sous la tente, mais le groupe débarque en full corpse paint et perfecto pour livrer peu ou prou le même set qu’à Paris en mai dernier. Et à vrai dire, ça fonctionne à merveille. Leur black metal old school, classique mais ultra efficace, repose sur une exécution précise et des compos mémorables, avec une setlist axée sur Songs Of Blood And Mire (dont l’hymne « Aristocratic Suicidal Black Metal »). Ce choix laisse peu de place aux deux disques précédents : un seul morceau issu de A Diabolic Thirst (l’inévitable « Frigid And Spellbound ») et un seul extrait d’Infernal Decadence (« Woods From Which The Spirits Once So Loudly Howled »). Le son est excellent – rare pour un groupe de BM sous la Temple – et les musiciens semblent mieux supporter la chaleur que le public, totalement éreinté. Un très bon concert, même si on n’est pas fâchés de sortir de l’étuve au bout de 45 minutes.
Croyez-le ou non, c’est la première fois qu’on voit Windhand en concert. Le groupe de Virginie, solide formation doom qui approche des quinze ans de carrière, pratique un sabbath worship sans grande surprise, mais très bien foutu, porté par la voix souveraine de Dorthia Cottrell, l’une des plus impressionnantes du genre. Sous le cagnard, on rejoint donc la Valley alors que retentit un riff monumental issu d’un morceau qu’on ne reconnaît pas sur le moment (après vérification, il s’agit de « Old Evil », extrait de leur split de 2014 avec Satan’s Satyrs). De notre côté, on espérait surtout entendre du Soma et du Grief’s Eternal Flower, nos disques préférés du groupe, et on sera servis avec « Orchard », « Cassock » et « Forest Clouds ». Le son est excellent et le public dodeline en cadence. Alors certes, Windhand a globalement le charisme d’un sandwich au poulet – exception faite de la nouvelle guitariste Leanne Martz, très expressive – et Dorthia reste statique, parfois même un peu gauche. Mais sa voix fait oublier toutes ces limites scéniques. Une heure qui passe en un éclair, et l’envie de les revoir très vite.
On en a longuement parlé dans notre dernier podcast : la programmation du Hellfest 2025, aussi riche soit-elle, reste désespérément pauvre en death metal. Voire inexistante, à l’exception notable d’Unleashed. Alors mille mercis aux Nancéens de Disfuneral, venus sauver l’honneur du genre sur la Hellstage samedi soir. Un défi en soi, tant cette scène de passage reste difficile : au milieu de la fête, il faut captiver les curieux, qui souvent n’ont pas la moindre idée de qui joue. Le quatuor s’en sort haut la main, délivrant un set brutal et suintant d’un death ultra old school, quasi primitif, suédois jusque dans sa typographie. Pas pu rester pour tout le set – débordement sur Terror et Deafheaven oblige –, mais les 20-25 minutes auxquelles on a assisté étaient excellentes. On a hâte de les revoir en conditions optimales, avec encore plus d’Entombed et de Dismember worship !
En chemin vers la Temple pour la quatrième fois de la journée, on se fait cette réflexion : cela fait six ou sept ans qu’on n’a pas vu Abbath en live, et les dernières fois étaient… disons décevantes. Souvent ivre mort, multipliant les pains comme un boulanger en transe, chantant n’importe comment et se déplaçant tout aussi maladroitement, l’ancien d’Immortal – légende du black norvégien, faut-il le rappeler – semble avoir perdu de sa superbe. Bref, si on était là, c’était évidemment plus pour la setlist que pour le bonhomme, puisque l’inénarrable Olve Eikemo déroulait ce soir un set intitulé Doom Occulta, ignorant complètement sa carrière solo pour se concentrer sur un maxi best of supplément glace et blizzard des meilleurs titres d’Immortal, dont une paire qu’on n’avait jamais vue joués live. Bref, on doit bien admettre qu’on était assez enthousiasmés par la perspective, tout en étant assez inquiets de la qualité réelle de ce à quoi on allait assister. Et sans grande surprise, le résultat fut assez ambivalent. Le son tout d’abord, pas folichon en début de set, pour heureusement s’améliorer nettement par la suite, ne nous a pas aidé à franchement entrer dans le show. Le groupe en lui-même ensuite, qui a fait le job mais guère plus, en termes de présence scénique et d’intensité. Le sieur Abbath lui-même enfin, plutôt décent dans sa performance, mais tout de même assez limité au chant et pas toujours précis à la guitare. Il nous fait tout de même le plaisir immense de dérouler, comme prévu, une setlist franchement dantesque : « Sons Of Northern Darkness », « Tyrants », « One By One » (l’un des morceaux de black metal les plus catchy de l’histoire), « Blashyrkh (Mighty Ravendark) », « In My Kingdom Cold » et j’en passe, avec évidemment, en apothéose, l’imparable et indépassable « Withstand The Fall Of Time » pour finir le concert. Bref, il nous semble que c’était aussi bien que ça pouvait l’être vu l’état de relative décrépitude du légendaire norvégien, et que la dignité du black metal old school a été sauvegardée ce soir : on s’en contentera ! (Romain Lefèvre)
C’est d’un pas alerte et enjoué qu’on rejoint la Warzone à 18h40 pour le concert de Stick To Your Guns. Notre empressement s’explique facilement : les Californiens ont toujours incarné une machine de guerre scénique, véritable rouleau compresseur capable de prestations de haut vol. La Warzone affiche complet et ceux qui se sont placés au cœur du pit ne sont manifestement pas là pour rigoler. On se cale à une distance raisonnable de ce qui s’annonce comme un beau chaos, guettant avec impatience le début des hostilités. En guise d’introduction, le tube d’A-Ha « Take On Me » est repris à pleins poumons par tout le public… le calme avant la tempête. Et cette dernière ne tarde pas. Le metalcore de Stick To Your Guns ne fait pas dans la dentelle, et dès « Nobody », morceau d’ouverture, la Warzone explose. Slams à répétition, pogo massif, ambiance incandescente : le chaos est total. L’énergie du groupe, proprement ébouriffante, se propage immédiatement. Chaque musicien arpente la scène sans répit, tandis que Jesse Barnett confirme, une fois encore, son statut de frontman exemplaire. Il harangue la foule, l’incite à hurler, galvanise les troupes, tout en assurant une performance vocale irréprochable. Délaissant ses débuts discographiques, Stick To Your Guns met à l’honneur les morceaux de Disobedient et Diamond, mais surtout ceux de son excellent dernier album, Keep Planting Flowers, qui représente près de la moitié de la setlist. Le show se conclut sur l’attendu « Against Them All ». On ressort totalement emballés : Stick To Your Guns prouve une fois de plus qu’il reste une référence absolue en live dans sa catégorie.
Après la claque infligée par Stick To Your Guns, on reste à la Warzone pour accueillir Terror – pour un moment de douceur et d’amour du prochain, bien entendu. Les Angelinos, qu’on a déjà vus un paquet de fois, annoncent la couleur : ça va taper fort. Chaque concert du groupe ressemble à un uppercut, qui vous laisse sonné mais comblé. La foule reste dense pour accueillir Scott Vogel et son escouade de bagarreurs. Ces derniers investissent la scène au son du « Refuse/Resist » de Sepultura, histoire de faire monter la pression, le public reprenant en chœur ce classique des Brésiliens. Terror démarre fort avec la doublette « One With The Underdogs »/« Spit My Rage », tous deux joués la bave aux lèvres et la rage au ventre. Vogel, fidèle à lui-même, désigne l’équipe de sécurité aux barrières, intimant au public de leur donner du boulot. Comme toujours, il se dépense sans compter, véritable bête de scène. La setlist enchaîne les classiques, pour le plus grand bonheur des moshers et autres pratiquants du two-step. Le concert prend rapidement des allures de best-of : impossible de résister à des brûlots comme « Stick Tight », « Lowest Of The Low », « The 25th Hour », « Always The Hard Way », « Overcome », « Keep Your Mouth Shut » ou l’imparable « Keepers Of The Truth » en clôture. Prévu pour durer une heure, le show s’achève finalement au bout de quarante minutes, écrasantes de puissance et de maîtrise. Et c’est largement suffisant pour mettre tout le monde d’accord : Terror sur scène, c’est une leçon. Et on ne donne pas cher de la peau de ceux qui passent après.
Celui qui, à la Warzone, passe juste derrière cette tornade en surchauffe permanente qu’est Terror livre pourtant l’un des meilleurs concerts de cette édition, nous plongeant dans un torrent d’émotion qui file le frisson. Apparemment très attendu par une partie du public, Defeater assoit ici, en à peine une heure, son statut de figure incontournable de la scène post-hardcore américaine de ces quinze dernières années, aux côtés de Touché Amoré. Dix ans que les Bostoniens n’avaient pas mis les pieds au Hellfest, six qu’ils n’avaient pas joué en France : ce soir, ils soignent leur retour avec un concert vibrant, intense et pugnace. En revisitant chaque album au fil d’une setlist d’une quinzaine de morceaux, le groupe explore les points culminants de sa discographie. Le concert oscille en permanence entre tension et explosion, propulsant le pit dans une effervescence collective. Le public scande les paroles aux côtés d’un Derek Archambault toujours au bord de la rupture, qui éructe chaque ligne avec une intensité bouleversante. Outre l’interprétation d’ensemble, impeccable, le batteur Joe Longobardi s’impose comme une attraction à part entière : précision chirurgicale, technicité renversante, sa prestation fascine, au point de nous hypnotiser. Autre pilier de la musique de Defeater, son sens supérieur de la mélodie, forgé par une paire de guitares complémentaires, qui confère à chaque morceau une identité propre et un pouvoir de captation rare. Tout cela culmine dans une performance habitée, obsédante, d’une cohérence irréprochable. Seul le morceau guitare-voix « Headstone » nous accorde une respiration. Pour le reste : une immense claque. (Bertrand Pinsac)
Ça y est, on est samedi, c’est enfin la (première) journée 100 % dédiée au hardcore à la Warzone. On prend en marche ce marathon baston avec Pest Control, nouvelle coqueluche crossover hardcore/thrash venue d’Angleterre, tout juste signée chez Triple-B Records avec un excellent EP. Ultra dynamique, le groupe donne furieusement envie de mosher (« Year Of The Pest » !), balance une reprise maligne du break de « Domination » de Pantera, et s’appuie sur l’énergie débordante de sa chanteuse Leah Massey-Hay. Le groupe ne joue pas encore dans la cour de Power Trip, Dead Heat ou Enforced, mais il n’existe que depuis 2020 et semble promis à une belle montée en puissance.
Le défi pour les Américains de Spy, habitués aux sets express, consiste à occuper tout leur créneau sans lasser avec leur fusion hardcore punk/powerviolence aux titres ne dépassant presque jamais les deux minutes. Ils enfilent donc l’intégralité de l’EP Seen Enough et quasiment tout Satisfaction. Le public paraît d’abord décontenancé mais réagit plutôt bien face à ces morceaux éclatés et à la mise en scène foutraque (mention spéciale aux looks seventies de certains membres). Ce qui leur permet de s’en sortir largement avec les honneurs, même si le cadre gigantesque du Hellfest ne colle pas vraiment avec leur vibe.
Retour au punk hardcore avec les Anglais de The Chisel, qui tirent vers le street punk survolté. Musicalement, on pense à du Exploited 80s, joué par des gamins très sûrs d’eux, avec une attitude scénique proche de celle de leurs compatriotes d’High Vis. Rien de novateur, mais ce n’est pas le propos. Le groupe du guitariste Chubby Charles donne furieusement envie de lever sa pinte en pogotant, même si la chaleur rend chaque mouvement héroïque.
Nasty est un cas à part : plus ils sombrent dans le second degré, plus on les prend au sérieux. Sous leurs dehors beaufs (leurs clips, quand même…), les Belges livrent un beatdown metal ultra solide, calibré pour les festivals où le public accepte volontiers de laisser son cerveau à la consigne. Eux aussi viennent de sortir un EP sur Triple-B, peut-être leur meilleure livraison à ce jour. Il fait 40°C et, lessivés par la fournaise, nos neurones restants jubilent à chaque riff caverneux et chaque break cataclysmique. Bas du front, peut-être, mais redoutablement efficace.
Sous la Temple, Deafheaven doit prouver qu’il peut traduire en live l’excellence de Lonely People With Power. Il a intérêt, car on sacrifie Terror pour venir les voir – un choix risqué. Mais le groupe ne déçoit pas, bien au contraire. Par le passé assez statiques et figés sur scène, les Californiens nous bluffent littéralement avec un son énorme et leurs titres les plus fédérateurs. Le niveau musical est au rendez-vous (ce batteur !), l’énergie aussi, avec des musiciens qui bougent beaucoup et un George Clark au top de sa forme, que ce soit sur le plan vocal ou physique. L’enchaînement « Doberman »/« Magnolia » place déjà la barre très haut, puis « Brought To Water » souffle la Temple et « Revelator » déclenche un moshpit étonnamment goofy où même un désoiffeur se lance dans le circle pit, sa citerne de bière dans le dos. Il peut sembler paradoxal de voir Deafheaven provoquer des réactions de festoche kermesse, mais c’est finalement très raccord avec la joie libératrice se dégageant de leurs compos et de l’attitude du groupe sur scène, en état de grâce. La conclusion, avec le tube « Dream House » suivi d’un bouleversant « Winona », tutoie la perfection. On pense aux grands soirs d’Envy. Rien que ça.
Le virage pop assumé du dernier album de Turnstile a beau avoir divisé les fans de la première heure (et même ceux de la deuxième), Never Enough fait un carton et propulse le groupe vers des sommets jamais atteints par aucune formation hardcore auparavant. C’est même probablement la dernière fois, ce samedi soir, qu’on pourra les voir au Hellfest sur la Warzone. Une Warzone évidemment bondée, avec un public totalement acquis à la cause des hardcoreux de Baltimore. Le triomphe semblait inévitable. Turnstile ouvre logiquement avec le single « NEVER ENOUGH »… mais contre toute attente, le décollage se fait attendre : Brendan Yates chante faux, le son reste brouillon, le public peine à entrer dans le concert, qui prend alors des allures de pétard mouillé. Heureusement, « T.L.C. » puis « ENDLESS » remettent les choses sur les rails. Et dès que Turnstile replonge dans ses débuts discographiques, les milliers de spectateurs présents réagissent au quart de tour. Sur scène, ça bouge et ça joue bien, tandis que le public reprend en chœur les tubes « Mystery », « Holiday » et « Blackout ». Hardcore ou pas, difficile de nier qu’on assiste à une performance majeure, même si les interludes electro-chill s’avèrent un brin laborieux (l’interminable final de « Look Out For Me », notamment). Si un doute subsistait, il est désormais levé : Turnstile est devenu un grand groupe de rock, capable de faire transpirer des dizaines de milliers de personnes, que ce soit avec ses titres les plus pop (« I Care », formidable en live) ou ses classiques hardcore comme « Keep It Moving » ou « Drop ». La prochaine fois qu’ils fouleront le sol de Clisson, ce sera très probablement sur la Mainstage, et pas en début de journée… Leur troisième (après 2016 et 2018) et sans doute ultime passage par la Warzone n’en devient que plus précieux. (Bhaine)
Pour tout amateur de heavy metal, assister à un concert de Judas Priest relève de la messe cathartique – une véritable communion sur l’autel du décibel. Plus encore qu’avec d’autres figures du genre, comme Iron Maiden par exemple, l’expérience suscite chez les initiés d’intenses débats d’exégètes, tant sur la sélection des morceaux que sur l’atmosphère dégagée par les musiciens sur scène. Sur cet aspect comme sur tant d’autres, le clivage générationnel réserve bien des débats et des désaccords – ce qui ne va pas manquer de poindre dans les lignes suivantes – mais au moins tout le monde sera d’accord pour dire que « Le Priest » a désormais perdu beaucoup de sa cadence coutumière (certains diront routinière). L’âge grandissant de l’illustre Rob Halford y est sans doute pour beaucoup, et si sa voix garde de sa superbe, et que son allure générale n’est pas aussi délabrée que celle de Klaus Meine chez Scorpions, le poids des ans se fait désormais sentir pour le God Of metal. S’il arrive encore à passer la première pour faire entrer sa grosse cylindrée sur « Hell Bent For Leather », ses déplacements sont considérablement réduits sur scène et cela manque notamment pour combler le fossé permanent qui semble séparer des musiciens hyper-statiques. Les guitaristes Richie Faulkner et Andy Sneap s’ignorent royalement de part et d’autre de la Main Stage, quand les indétrônables Ian Hill à la basse et Scott Travis à la batterie jouent en roue libre. Bref, ça manque cruellement de charisme et ça s’en ressent. Niveau setlist, le fait que le groupe ne joue pas en complète tête d’affiche (un scandale !) a conduit à des choix aussi discutables que subjectifs. Beaucoup se satisferont donc du fait que l’album Painkiller, dernier « grand » album du groupe (même si Firepower en 2018 et leur Invincible Shield de l’an dernier – trois morceaux joués par ailleurs – ont remonté la pente dévalée par leurs prédécesseurs) se taille la part du lion. Avec sept morceaux, dont le phénoménal titre éponyme, c’est en effet un choix entendable. Malheureusement, il signifie ce soir-là le sacrifice de morceaux comme « Freewheel Burning » ou « Metal Gods ». Une hérésie, sur une tournée où manquent déjà à l’appel des classiques comme « Tyrant » ou « Sinner ». Résultat, un goût d’inachevé dans la bouche au moment où se termine un set sans rappel, ni relief. Les plus jeunes étaient contents, les plus anciens plus circonspects. (Laurent Catala)
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