[Report] Hellfest 2019 (samedi)

HELLFEST : SAMEDI

Par Emilie Denis, Elodie Denis, Olivier Drago, Romain Lefèvre, Stéphane Leguay, Bertrand Pinsac et Bhaine Rivière
Photos : Ronan Thenadey

(Coilguns)

 

Samedi, on arrive sur le site pour la fin du concert de Coilguns, groupe noisecore déviant helvète. Le charismatique frontman Louis Jucker (que vous trouverez en interview dans notre numéro 49), s’offre un petit stage-dive pour un final chaotique qui laisse de nombreux spectateurs médusés sachant qu’on nous raconte que le set a débuté par une distribution générale de croissants à partir d’un énorme sac apporté par la bande hirsute et survoltée. Voilà qui nous apprendra à arriver en retard ! (El.D.)

(Fiend)

Actuellement en tournée avec Tool en Europe, les trop rares parisiens de Fiend déploient leur stoner doom riche et sinueux sous la Valley. Leur troisième disque Seeress est largement représenté, à commencer par un « Morning Star » qui convoque les Melvins ou un orientalisant et psyché « Vessels » (procurez-vous cet album de toute urgence si ce n’est pas déjà fait). Quand ce n’est pas la lourdeur de leur « St Helen’s » (issu de leur premier disque Agla) qui s’abat sur un public tel une chape de plomb. Renaud Lemaitre, nouveau venu derrière les fûts, cimente la section rythmique (formée avec Nico Zivkovick, membres des Tigres du futur, Ddent) et appuie le jeu subtil de Michel Bassin (Treponem Pal, Ministry) et Heitham Al-Sayed (Lodestar, Senser). Nul doute qu’ils ont su convertir les amateurs de Tool sur la tournée qui vient de se terminer. (Em.D.)

À la fin du siècle dernier, on aurait été excité comme une puce à l’idée de voir sur scène le trio psycho-punk The Living End, soit à l’époque de son excellent premier album éponyme, voire même de son deuxième, l’assez bon Roll On. Depuis, on s’est progressivement désintéressé du groupe même s’il nous est arrivé de jeter une oreille à certains de ses disques (surtout les trois derniers Wunderbar, Shift, The Ending Is the Beginning Repeating), tous toujours corrects mais jamais vraiment captivants. De fait, on est aujourd’hui juste curieux de voir ce dont est capable la formation sur la scène de la Warzone au beau milieu de l’après-midi de samedi. Dire que le set est désagréable serait mentir,  les Australiens ont du métier et ça se sent : ils savent parfaitement capter l’attention du public, notamment Scott Owen qui joue régulièrement les équilibristes sur sa contrebasse et un Chris Cheney tout à son aise dans sa position de frontman, échangeant volontiers avec les fans. Force est de constater également que le répertoire de The Living End dans son ensemble s’adapte bien au live, le trio puisant dans quasiment tous ses albums (l’exception faite de Shift) pour offrir un set cohérent et tout à fait plaisant. Et si aucun vrai moment de bravoure n’est à signaler, on est tout de même ravis d’entendre enfin interprétés sur scène « Second Solution » et « Prisoner of Society », titres issus du premier album, plein de panache et galopant à tout va. Bilan des courses, on passe un moment relativement agréable au vu de nos attentes initiales envers ces Aussies. (B.P.)

(Will Haven)

Avec encore en tête leur fabuleuse prestation à Petit Bain (Paris) en octobre dernier, on attend avec impatience Will Haven, et si le concert du jour s’avère moins impressionnant, c’est principalement dû à un public beaucoup moins bouillant et à la brièveté du set. Car le son est excellent et le groupe toujours investit à 200 % dans sa musique, Grady Avenell manquant souvent de se cogner la tête au sol tant son heabanging se fait sauvage. Riff-parpaing après riff-parpaing, le groupe de Sacramento conquiert un peu plus les fans et laisse perplexe quelques jeunes curieux non habitués au monolitisme de façade de la musique des Californiens. Ils restent tout de même scotchés tout le long du set, captivés par le groove et la présence scénique de Jeff Irwin (guitare) et Avenell. Nous, on s’étonne de ne pas avoir entendu l’hymne à la joie : « I’ve Seen My Fate ». (O.D.)

C’est par curiosité qu’on va jeter un œil à la nouvelle coqueluche rap/nu-metal du moment : The Fever 333. Pour être franc, l’album récent laisse perplexe (du moins, encore plus que l’EP Made An America) et souffle le chaud et le froid avec ses passages bien furieux entre Rage Against The Machine et Ho99o9 et des refrains encore plus tartes que chez Linkin Park. Sur scène, le trio dégage une énergie impressionnante qui compense justement ces mélodies qui colleraient presque la honte à Bring Me The Horizon. Si Butler (chant) et Harrison (guitare) font le show devant, c’est Improta à la batterie qui impose le tempo enlevé d’un set bien meilleur qu’attendu. (B.R.)

(Dool)

Bonne surprise que le concert de Dool, groupe comptant des membres de The Devil’s Blood et Gold (d’autres très recommandables compatriotes, qui ont notre préférence). Les Hollandais versent dans un registre dark rock à relents doom et prog assez classique, mais sortent du lot grâce au charisme de Ryanne Van Dorst, chanteuse androgyne à la voix rocailleuse tenant la scène comme personne. Les autres musiciens, même si plus en retrait, se démènent eux aussi pour appuyer sa hargne. Moments forts : « The Alpha », et ses airs de Tool (leur seul morceau qui y fait songer) et une reprise toute personnelle, ralentie et alourdie, du « Love Like Blood » de Killing Joke. (Em.D.)

En 2016, on avait déjà croisé le duo sludge allemand (avec un batteur d’origine turque) Mantar au Hellfest. Et c’est un plaisir de retrouver les gueulantes et riffs rampants de Hanno Klänhardt, comme le martelage de brute d’Erinc Sakarya. Et les deux de bien évidemment clore leur set sur l’imparable « Era Borealis » (tiré d’Ode To the Flame, 2016) : « This is Era Borealis, This is Death über alles! », un véritable hymne punk metal pour un duo qui n’a – sur scène – rien à envier à Jucifer et Black Cobra. (El.D.)

Avec un line-up aussi  impressionnant (pour rappel : Nick Yacyshyn batteur de Baptists, Brian Cook bassiste de Botch et Russian Circles et Aaron Turner guitariste chanteur d’Isis et Old Man Gloom), comment se fait-il que  Sumac n’a jamais rien sorti d’autre que des albums chiants comme la pluie ? On espère qu’en live et avec le son toujours impeccable de la Valley, le sludge/post-metal du trio nord-américain sera plus convaincant. Perdu ! Les riffs écrasants et lourds se perdent en dérives bruitistes pesantes et pénibles, et l’ensemble manque de rythme et de relief. On regarde des musiciens prendre grand plaisir à produire du bruit en s’emmerdant ferme au bout de deux titres. Sumac, non, décidément, rien n’y fait… (B.R.)

Toujours sous la Valley, bonne gifle infligée par Cave In et sa setlist de choc : après « Luminance », tiré de de l’EP Creative Eclipses, les Bostoniens enchaînent sur le fabuleux « Dark Driving » de l’EP Tides of Tomorrow. Puis Stephen Brodsky s’époumone sur un « Juggernaut » du meilleur effet, qui nous rappelle le regretté Caleb Scofield. Un hommage explicite lui est d’ailleurs rendu par son remplaçant, le bassiste Nate Newton de Converge qui fait preuve de la même hargne/passion vocale (« Trepanning ») tout au long du set, même si on le trouve un peu en retrait dans le mix. Du fait du temps qui s’est écoulé depuis leur dernier concert avec Pelican (il y a une douzaine d’années) et surtout du décès récent de Scofield, ce concert émeut son monde, notamment sur des hymnes post-hardcore stellaires comme « Shake My Blood » (tiré du nouvel album) ou « Big Riff » (Jupiter) avant un « Sing my Loves » fabuleux en guise de clôture. (El.D.)

(Candlemass)

On arrive sous la Temple pour voir les deux derniers morceaux de Candlemass, le récent « Black Trinity », extrait du dernier album en date The Door to Doom , et l’ultime classique du groupe « Solitude ». Suffisant pour nous faire regretter de ne pas avoir pu assister au reste du set et constater que Johan Langquist tient bien la scène après toutes ces années sans entraînement et évoque autant Dio vocalement que gestuellement. (O.D.)

Nous avions laissé Moonspell il y a une vingtaine d’années sur une quadrilogie d’albums efficaces, innovants et franchement bien torchés (Irreligious, Sin/Pecado…). Les Portugais étant restés dans notre souvenir les orfèvres d’un goth metal élégant et racé, quelle ne fut donc pas notre déception de retrouver un groupe assez quelconque dans le son (un black/dark metal un peu ampoulé) comme dans l’attitude scénique 100 % Hellfest-compatible. Entre les palabres convenues de Fernando Ribeiro à une Altar très bien garnie et les poses Manowaresques de son bassiste, l’aura gothique des Lisboetes en a donc pris un sacré coup. « Em Nome Do Medo » (Alpha Noir, 2012) reste certes une entrée en matière convaincante, mais la suite de la setlist, principalement constituée du dernier album 1755, peine à soulever les âmes : les classiques « Opium » ou « Alma Mater », desservis par un son approximatif, semblent être plus mus par la force de l’habitude que par leur romantisme noir originel. (S.L.)

On préfère s’éclipser sur les premières notes de « Full Moon Madness », tant pis pour les souvenirs. Car Combichrist n’a que faire de ses considérations et ne tarde pas à transformer la Temple en gigantesque dancefloor (un monde fou : le public déborde du chapiteau de tous les côtés, jamais on n’aurait pensé le groupe si populaire ici). Réhaussée d’une guitare et de deux batteries, l’EBM brontosauresque des Norvégiens, qui n’est pas sans rappeler les transes punitives de Cubanate, lamine les corps à force de beats meurtriers et de synthés terroristes. En digne héritier de Nitzer Ebb, Andy LaPlegua a bien compris les mécaniques du corps et les sons qui les transcendent. Sa force de frappe électronique est donc d’une puissance inouïe, entre rave sauvage et moshpit hardcore (« Blut Royale », « What the Fuck Is Wrong with You »). Un délice de sauvagerie et un « interlude » revigorant dans ce week-end à guitares. (S.L.)

Il existe trois sortes de setlist : celle constituée majoritairement de titres d’un nouvel album (lorsqu’on soutient la sortie de ce dernier), celle allant piocher dans toute une discographie au gré de l’envie du groupe ou bien celle (essentiellement privilégiée en festival) en forme de best of compilant les morceaux emblématiques de la formation. The Ocean choisit pour son show à la Valley l’option la moins évidente, à savoir la première. Il interprète en effet pas moins de cinq titres de son dernier disque, Phanerozoic I : Palaeozoic, pour une setlist de neuf morceaux au total. À ceux-ci s’ajoutent trois titres de l’album précédent, Pelagial, et un de Heliocentric. Une approche curieuse dans ce cadre donc, mais démontrant que The Ocean a foi en la capacité de ses nouvelles compositions à fédérer et séduire. Le line-up n’est toujours pas stabilisé autour du guitariste-fondateur Robin Staps et du frontman Loic Rossetti et on compte depuis 2018 l’arrivée d’un nouveau guitariste mais surtout l’intégration d’un synthé transformant le quintette en sextette. Alors bien sûr, la formation allemande n’a pas la tâche facile en jouant après Cave-In (dont le concert était fantastique) et avant Envy (dont le show allait être proprement énorme), mais elle s’en tire vraiment bien, aidée par un son percutant et limpide et un Rossetti généreux, impliqué et allant volontiers au contact du public. Un public qui ne s’y trompe pas et salue chaleureusement la performance du collectif. On reste malgré tout loin du niveau d’excellence scénique de Cult Of Luna, pour rester dans le même domaine musical, mais The Ocean n’a nullement a rougir de ses faits d’armes. (B.P.)

(Def Leppard)

« Rocket », « Animal », « Let It Go » : le concert de Def Leppard démarre sous les meilleurs auspices, mais malheureusement un trop-plein de ballades sirupeuses vient ensuite casser le rythme du set. On parle-là des dégoulinantes « When Loves and Hate Collides » et « Two Step Behind », pas de la sublime power ballad (power, oui : toute la différence est là) « Bringing’ on the Heartbreak » (reprise par Mariah Carey), enchainée comme sur l’album High ‘n’ Dry avec l’instrumental chromé « Switch 625 » qui met en avant les deux guitaristes plutôt bien entretenus Phil Collen et Vivian Campbell (qui ressemble de plus en plus à Bruce Springsteen). Après un milieu de set très « ventre mou » donc, les Anglais relancent la machine avec « Hysteria », « Pour Some Sugar on Me » et surtout « Rock of Age » et « Photograph », deux extraits de Pyromania, que Joe Elliot ne parvient malheureusement plus à interpréter de façon aussi acide qu’à l’époque. Aucun extrait du dernier album en date (un petit « Dangerous » aurait bien fait plaisir), et toujours pas de « Rock Brigade ».  Et pour répondre à la question posé par un festivalier avant le concert : « oui, le batteur n’a toujours qu’un bras« .  (O.D.)

Après de gros bouleversements (départ puis retour du chanteur, remplacement du batteur et d’un des guitaristes par deux nouveaux…), on attend Envy au tournant, mais confiant. Le dernier single en date est excellent et il n’y a pas de raison que les maîtres japonais du post-screamo ne nous offrent pas une prestation digne de leur dernier passage sur cette même scène il y a quatre ans. Le chanteur Fukagawa se montre, comme à son habitude, toujours aussi timide et effacé entre chaque titre qu’habité par sa musique. On se demande même s’ils ne se sont pas retrouvés avec trois guitaristes après n’avoir jamais osé dire à l’un des deux postulants qu’il n’était pas pris. Dans tous les cas, le nouveau line-up se montre à la hauteur tout le long d’une set très convenu (quasiment le même qu’en 2015 avec les deux nouveaux titres en plus), mais génial de la première à la dernière note. Les trois guitares n’apportent pas grand-chose de plus musicalement, mais les (jeunes) nouveaux amènent une dose de rage supplémentaire lors des explosions qui ponctuent chaque belle montée de mélancolie. Et bien sûr, « Farewell to Words », vestige des débuts plus hardcore et screamo d’Envy, vient conclure un concert parfait d’intensité et d’émotion. Arigato. (B.R.)

(Kiss)

Clairement, on se fiche un peu de Kiss, cette machine hard (mais pas trop) rock mercantile d’un autre âge dont le plus grand tube restera une horreur disco-rock FM. Mais cette fois, c’est soi-disant la dernière tournée et la der des der en France. Le spectacle fait un peu de peine (même si les grands moyens sont de sortie) et on sourit gentiment en entendant les quelques classiques passés dans l’imaginaire pop collectif joués mollement par ces sexagénaires peinturlurés (« Detroit Rock City », « Shout It Out Loud »). Puis on fixe les gros plans sur l’écran géant et derrière les maquillages, on sent le poids des ans. Entre chaque morceau, l’attente est de plus en plus longue et on devine que oui, c’est dur. Si Kiss a toujours été obsédé par l’argent, on finit tout de même par se dire que Stanley et Simmons ne peuvent pas n’être motivés que par ça. Oui, le cirque Kiss est tout proche de la fin, mais les deux messieurs Loyal ne lâchent rien parce qu’ils vivent aussi pour le rock. Assister à leur dernier concert dans l’Hexagone revient à assister aux funérailles en grandes pompes d’une époque qu’on n’a même pas connue. On ferme le cercueil sur un dernier « Rock and Roll All Night » comme on regarderait brûler un vieux celluloïd d’un dessin animé Hannah-Barbera. Ce qui se montre finalement bien plus triste qu’on aurait pu le penser. (B.R.)

(Bloodbath)

Une fois remis de l’incroyable concert donné par Envy (on voudrait déjà être à décembre, date à laquelle ils reviennent faire chialer toute la Maroquinerie), on se trouve devant un choix cornélien : Cult Of Luna ou Bloodbath ? Devant notre incapacité à trancher, on s’en remet à quelques faits objectifs : on a déjà vu CoL, on les revoit en novembre, et on n’a par contre jamais croisé la route de Bloodbath. Ce sera donc le death velu et sanguinolent du all-star band suédois. On se traine (l’heure n’aidant pas) à l’Altar pour le bain de sang, et on n’est pas déçus. La nuit règne, la scène est baignée de lumière rouge, les types dans le pit (peu nombreux, on s’attendait à plus d’affluence sous le chapiteau) ont l’air plus bourré, méchant et agressif que d’habitude (et ça se vérifie, puisque l’un d’eux se fait dégager par la sécurité en plein concert : mettre des droites aux gens, au hasard, ça a tendance à énerver l’orga, d’ailleurs on la remercie de n’avoir aucune merci pour les fumiers qui confondent moshpit et bastons de clodos). Bref ça sent un peu le souffre, la bagarre et la guignolade, ce qui n’est pas pour nous déplaire. Le groupe, de son côté, semble en forme, notamment Nick Holmes, charismatique dans son costard gris et sous son maquillage blafard, dont on se demande toujours un peu s’il va réussir à gueuler aussi salement pendant une heure. En l’occurrence, le bonhomme s’en sort à merveille et semble même particulièrement en voix. On est par contre un peu gênés par la qualité globale du son, assez brouillon pendant une bonne partie du concert : comme trop souvent, la section rythmique mange les guitares, et on discerne mal certains riffs dès que la batterie s’emballe. Mais est-ce finalement si important que ça ? Les compos de Bloodbath, globalement assez caricaturales et tenant avant tout de l’hommage à la scène swedeath 90s, sont surtout là pour permettre à tout le monde de se faire mal à la nuque pendant une soixantaine de minutes. En cela, le contrat est plus que rempli et on passe un excellent moment.  (R.L.)

(Cult Of Luna)

Six ans après son dernier passage à Clisson, Cult Of Luna reprend possession de la Valley aux alentours de minuit. Dans un magnifique clair-obscur de lights frontales découpant les sept musiciens en ombres chinoises, le son granitique et majestueux des Suédois étire ses accents post-metal dès l’entame du nouveau titre « The Silent Man ». Une mise en bouche intéressante, suivie trente minutes plus tard d’un second extrait, prometteur lui aussi du huitième album prévu à l’automne. Entre temps, « Owlwood, « Finland » et l’immense « Ghost Trail » ont déjà mis toute l’assistance sous hypnose au gré du sac et ressac de riffs aussi écrasants que lumineux. A la fois cliniques et tribales, les deux batteries offrent une symétrie visuelle fascinante, superbe toile de fond aux convulsions électriques des trois guitaristes et aux rugissements de Johannes Persson. Aussi impressionnant visuellement qu’implacable dans sa mise en son et son execution (« In Awe Of »), ce show de Cult Of Luna aurait dû ainsi sceller de la plus belle des manières la fin de cette deuxième journée. (S.L.)

(Sisters Of Mercy)

Malheureusement, nos immodérables amours goth n’ont pas résisté à l’appel des Sisters Of Mercy dans la Temple (of Love) voisine… Et une nouvelle fois depuis leur retour live en 1997, nous sommes déçus. Déçus par ce sempiternel parti pris guitares « musclées », certes cohérents avec les cinq extraits de Vision Thing (le dernier album en date sorti en… 1990) et avec l’ambiance du Hellfest, mais totalement inadapté aux back-catalogue du groupe. Or ce sont ces « Alice », « No Time To Cry » ou « Dominion/Mother Russia », entre autres, joués ce soir qui ont construit le culte des Sisters. Un culte fait de nuances de guitares, de mélodies caverneuses à la croisée des chemins entre minimalisme à la Suicide et gothic flamboyant. Un culte qui ne survit à trente ans loin des studios qu’au travers d’un inestimable héritage, encore une fois ce soir largement auto-saboté. La faute à un Andrew Eldritch en mode économie vocale, à un son sans ampleur et au remplacement systématique de toutes les lignes de basse par des séquences générées par Doktor Avalanche, la fameuse boîte à rythmes. Le résultat, rigide et brouillon, normalise ainsi les trésors d’hier (« First & Last & Always », « Lucretia », « Temple of Love ») et les titres plus récents, exclusifs à la scène (« We Are the Same, Susanne », « Crash & Burn »). Le public, sans doute moins exigeant que les fans, semble néanmoins heureux du show et enterre les dernières notes de « This Corrosion » sous une franche pluie d’applaudissements. Tant mieux pour eux. Nous, on part se coucher, encore une fois vaguement énervés ! (S.L.)

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