Nous voici donc en plein mois de novembre à Manchester, deuxième plus grande ville d’Angleterre, renommée pour ses deux clubs de football rivaux, mais aussi pour un certain groupe britpop récemment reformé. Mais Manchester, c’est également, pour ce qui nous concerne plus directement, la terre d’accueil du plus grand festival indoor de musiques extrêmes d’Europe, qui se tient depuis quelques éditions au Bowlers Exhibition Center : le Damnation Festival, vénérable institution britannique, qui fêtait cette année ses vingt ans d’existence. L’occasion était donc trop belle, et l’affiche bien trop alléchante, pour ne pas aller faire un petit tour chez nos cousins d’outre-Manche.
Par Romain Lefèvre et Pierre-Antoine Riquart
DAMNATION DAY 1 – SAMEDOOM
Rarement l’expression « être directement dans le bain » aura été aussi appropriée, puisque c’est en compagnie des Américains de Necrot que nous débutons notre périple en Damnatie. Soyons clairs : le trio faisait partie des raisons majeures de notre venue à Manchester en plein mois de novembre, et fort heureusement, le groupe ne nous aura pas fait regretter, une seule seconde, le prix du voyage. Positionnés aux barrières afin de ne pas en perdre la moindre miette, nous sommes, trente minutes durant et avec notre consentement le plus béat, éparpillés façon puzzle par l’expertise de Necrot dans l’art d’associer puissance de feu terrassante, maîtrise de tous les codes du death et, plus rare encore, morceaux ultra-accrocheurs. De « Sinister Will » à « Cut The Cord », en passant par, évidemment, l’imparable tube death de 2024 « Drill The Skull », le trio met la Holy Goat Brewing Stage (HGBS) à genoux, armé d’un son absolument parfait – précision importante, car ce ne sera pas le cas de tous les groupes – et d’une attitude de tontons sûrs de leur (mé)fait. La demi-heure passée en leur compagnie s’écoule bien trop vite, et les termes sont posés pour la suite du festival : bonne chance à celles et ceux qui passeront derrière, car la barre est déjà très haute.
À peine remis de la déflagration Necrot, on revient devant la deuxième scène afin d’assister au show des coreux américains de Deadguy. Les musiciens sont sur scène, effectuent les balances, et Tim Singer discute allègrement avec le public déjà présent. Après s’être excusé, en tant qu’Américain, des méfaits de Donald Trump, le groupe démarre sur « Kill Fee », extrait de son dernier album, et nous démontre immédiatement qu’il n’est pas venu pour faire semblant. La scène est parcourue en long et en large par tous les musiciens, chacun à son rythme, mais toujours avec une énergie folle. Tim, de son côté, hurle tout ce qu’il peut. L’interprétation pourrait être qualifiée de sans faute si l’on ne devait pas émettre un léger reproche sur le son, un peu brouillon sur les trois ou quatre premiers titres, avant de se parfaire pour « Pins And Needles », l’une des meilleures chansons de Deadguy toutes époques confondues. Comme à son habitude, Tim Singer fait chanter le public dès qu’il le peut et le rallie rapidement à sa cause. À ce sujet, on peut d’ailleurs noter que la salle est déjà largement remplie. C’est à partir de « Knife Sharpener » que Brian Bonilla, responsable du merch, rejoint le groupe sur scène et lance dans le public plusieurs tee-shirts à l’effigie du groupe : on sait régaler dans le New Jersey ! Bref, grâce à une setlist parfaitement équilibrée entre nouveaux et anciens morceaux, le groupe a une nouvelle fois délivré un show mémorable qui nous rappelle à quel point on l’adore.
On poursuit avec des retrouvailles, car après le Roadburn, le Hellfest et le Tyrant Fest, c’est déjà la quatrième fois que nous voyons Messa cette année, et pourtant, l’attente reste intacte. Caché derrière une fumée intense sur la Pins & Knuckles Stage (P&K), le groupe entame son set avec « Fire On The Roof », extrait de son dernier album The Spin. Contrairement aux festivals précités, le son s’avère ici assez approximatif et ne permet pas d’apprécier au mieux la finesse de la musique des Italiens. Même le fabuleux, et très personnel comme l’annonce à chaque fois la chanteuse Sara, « The Dress », se voit affublé d’un rendu bien plus poisseux qu’à l’accoutumée, bien que le groupe se produise sur la scène principale du festival. Les conditions sonores finissent toutefois par s’améliorer lors des vingt dernières minutes du concert, durant lesquelles le groupe n’interprète, comme sur le reste de la tournée d’ailleurs, que des morceaux de The Spin. Nous avons l’occasion, après le concert, d’échanger avec Marco et Sara, dont les visages portent les stigmates d’une longue tournée européenne en compagnie de Paradise Lost. Heureux mais épuisés, les musiciens n’ont plus qu’une hâte : celle de retrouver leurs pénates.
Nous retournons ensuite à la HGBS, après la semi-déception d’un Messa un peu rincé par des mois de tournée, moins en lévitation qu’à l’accoutumée, et à qui l’on souhaite un repos bien mérité. Le changement d’ambiance est alors radical, puisque l’on retrouve le juvénile, mais pourtant expérimenté et prolifique, trio texan de Portrayal Of Guilt. On les avait déjà croisés au Hellfest il y a quelques années, à l’occasion de la sortie de leur dernier long-format en date, le charmant Christfucker, et force est de constater que leur santé mentale ne semble pas s’être notablement améliorée depuis. Parti d’une base hardcore/screamo assez classique à la fin des années 2010, le groupe a depuis mué en une forme – passionnante, il faut bien le dire, mais singulière et déglinguée – de black metal noisy, voire légèrement arty et expérimental sur les bords, comme en témoigne leur dernier disque en date, le curieux Devil Music, et sa face B orchestrale. PoG reste en tout cas un groupe à part, qui plonge la HGBS dans son univers grinçant et glaçant, en taillant, sans surprise, la part du lion aux deux disques précités : la face A de Devil Music y passe quasi intégralement (« Burning Hand », « Devil Music », « One Last Taste Of Heaven », « Untitled »). De notre côté, nous sommes plutôt ravis, mais reconnaissons que le groupe demeure assez peu accessible et ne semble pas totalement convaincre la HGBS, la faute, peut-être aussi, à une communication quasi inexistante avec le public. Décidément un groupe mystérieux.
Nous formons ensuite deux équipes afin de couvrir un maximum de groupes : la première, que l’on appellera la « team fragile », ou la « team saine d’esprit », file à la troisième scène du Damnation au moment même où résonnent les cloches annonçant le premier morceau du groupe de black metal dépressif danois Afsky. La formation débute sa prestation avec « Flagellanternernes Sang », extrait de son dernier et excellent album Faellesskab. On constate instantanément que toutes les conditions sont réunies pour assister à une prestation dont on se souviendra. Torches brûlantes en guise de décor, lumières minimalistes pour une ambiance désespérée, musiciens au sommet de leur forme, son quasi parfait – on pourrait pinailler sur celui de la batterie, un peu clinique –, tous ces éléments nous permettent de nous délecter pleinement des mélodies ténébreuses des Danois. « Natmaskinen », que nous écoutons en boucle depuis la sortie de Faellesskab, est interprété avec maestria. Alors que le groupe entame « Tyende Sang », celui-ci disparaît peu à peu sous un épais nuage de fumée, nous invitant à fermer les yeux et à nous laisser emporter par les décibels : Afsky délivre, sans conteste, l’une des meilleures prestations de la journée.
L’autre team, qu’on qualifiera de « team velue » ou de « team des imbéciles heureux », reste devant la deuxième scène et se prépare à une atomisation façon Brodequin. Le moment ne doit pas être galvaudé, car le groupe des frères Bailey est non seulement, et sans aucun doute possible, le nom le plus bourrin à figurer sur l’affiche, mais c’est aussi et surtout la première fois qu’il joue en Angleterre en plus de vingt-cinq ans de carrière. Le cadre étant posé, le bourreau peut exécuter la sentence, et elle sera brutale : c’est bien simple, on a rarement vu un tel déchaînement de violence aveugle en vingt-cinq ans de concerts de musiques extrêmes. On a beau aimer le brutal death, notamment celui, taillé au cordeau et sans concessions, de Brodequin – quasiment jamais de solos, de mélodies ou de ralentissements –, reconnaissons tout de même que l’on se tient ici, chancelants, aux confins de ce que l’âme humaine peut tolérer en matière de BPM, de borborygmes gutturaux et de riffs composés au hachoir à viande rouillé. On passe pourtant un moment agréable à se faire ainsi pilonner la couenne, le trio affichant une décontraction et une jovialité qui tranchent avec l’absurde violence de leurs compositions. Le bon Jamie Bailey, notamment, s’amuse régulièrement à annoncer « OK, we’re gonna play a slow one », avant d’envoyer un morceau filant à trois milliards de BPM de moyenne. Niveau setlist, admettons que distinguer quelque chose dans cet océan de blast relève de la gageure, mais on aura au moins eu le plaisir d’entendre les meilleurs extraits du dernier très solide disque des Américains, Harbinger of Woe, notamment la massive « Of Pillars And Trees », ainsi que l’impitoyable « Diabolical Edict ». Bref, une expérience pour le moins intéressante !
Toute personne qui connaît le groupe le sait : High On Fire délivre généralement sur scène des prestations énergiques et puissantes, mais dont le son se révèle souvent soit trop fort, soit trop brouillon – soit les deux. C’est donc en plein doute, ou en plein questionnement dirons-nous, que nous rejoignons la scène principale afin d’assister à une nouvelle prestation de Matt Pike et consorts. Premier constat, alors que le trio entame son set avec « Burning Down » (et non, rassurez-vous, Matt Pike n’a pas mis de tee-shirt) : le batteur n’est plus Coady Willis, qui avait rejoint le groupe après avoir quitté Big Business, juste avant l’écriture de Cometh The Storm. Ce n’est qu’après quelques minutes que nous réalisons que c’est Ben Koller (Converge) qui officie derrière les fûts, sa nouvelle longue barbe n’ayant pas facilité son identification. Et le son, finalement ? Il est on ne peut plus correct sur l’échelle du High On Fire drama sonore. Si le public est présent en masse, il se montre assez peu réactif, même lorsque le groupe interprète son titre le plus influencé par Motörhead, « Rumors Of War ». Il faut attendre l’inévitable « Snakes For The Divine » pour que les pogos s’activent et que les cœurs s’emballent. Pas un morceau de Blessed Black Wings, notre album favori, ne viendra nous contenter, mais c’est tout de même ravis que nous laissons les Américains, après une prestation réussie.
Pas le temps de niaiser, puisqu’on retourne derechef à la HGBS, où rendez-vous a été pris de longue date avec les Canadiens de Panzerfaust, soit l’un des meilleurs groupes de black metal en activité outre-Atlantique. C’est la seconde fois que nous les voyons, après une prestation qui avait absolument démoli notre âme au Soul Crusher 2023. On en attendait donc beaucoup, d’autant plus que le quatrième volet de leur série de concept-albums The Suns Of Perdition, intitulé To Shadow Zion, s’imposait comme l’un des meilleurs disques de black metal de 2024, voire de ces dernières années. Mais pourquoi sont-ils si excellents, au juste ? En premier lieu, parce que les Canadiens délivrent, depuis bientôt vingt ans et avec une régularité exemplaire, des compositions impeccables et très personnelles : double chant parfaitement complémentaire, progressivité, forte emphase sur la rythmique et les ambiances, riffs lancinants à la Mgła, tous ces éléments induisent une dimension rituelle et percussive qui sied idéalement aux atours occultes du black metal. En second lieu, parce que Panzerfaust assure des performances scéniques de très haut niveau, où la complémentarité et le charisme combiné du possédé Brock Van Dijk (chant/guitare) et du physiquement menaçant, et bien nommé, Goliath (chant), ne laissent aucune place au doute. C’est donc sans surprise, au vu de ces atouts, que Panzerfaust détruit la HGBS et délivre l’un des concerts les plus hypnotiques et intenses du week-end : parcourant toute sa discographie, le groupe conquiert sans peine et plonge les masses en transe à coups de « Occam’s Razor », « The Hesychasm Unchained », « The Far Bank At The River Styx », ou encore de l’incroyable « Promethean Fire ». Quel groupe !
Pas encore tout à fait repus de black metal malgré la terrible sanction infligée à l’instant par Panzerfaust – l’un des meilleurs concerts du week-end, sans aucun doute –, on file à la P&K pour voir une nouvelle fois Deafheaven, avec un immense plaisir qui tient à deux éléments. En premier lieu, nous les avons vus en juin, et savons donc que sur cette tournée, le groupe joue très majoritairement des extraits de son extraordinaire dernier album Lonely People With Power, qui est, à notre humble avis, leur meilleur depuis Sunbather. Deuxième raison : le groupe a incroyablement progressé dans l’exercice de la scène, et est désormais devenu une très sérieuse machine de guerre en live, ce qu’il n’était clairement pas encore il y a quelques années. On le sait par les diverses interviews accordées au cours de la dernière décennie, Deafheaven s’est largement professionnalisé, a remplacé la drogue par le sport et les répétitions acharnées, la vodka par le chai latte, et même si tout cela n’est pas très metal et fera hurler plus d’un gatekeeper, force est de constater que, pour ce qui est d’écrire des albums fantastiques et de donner des concerts dantesques, la méthode fonctionne très bien. Modérons toutefois ce qui précède en précisant que, côté stupéfiants, un doute subsiste concernant le bon George Clarke : frontman toujours aussi beau gosse et charismatique, infiniment meilleur sur le plan vocal qu’il y a quelques années, celui-ci dégage une telle énergie – voire une telle agitation – sur scène que l’on se demande s’il n’apprécierait pas un peu trop la farine sud-américaine. Précisons cependant que cela le regarde, et que, pour ce qui est du concert donné ce 8 novembre au Damnation, George, Kerry, Daniel et les autres font une nouvelle fois carton plein : le son est au niveau — pas autant qu’au Hellfest cependant, le mix se montrant un peu étrange par moments —, le quintette en grande forme, et il enchaîne les morceaux de bravoure issus de Lonely People With Power : « Doberman », « Winona » en clôture, les deux « Incidental », et surtout l’imparable « Revelator », l’un des morceaux de l’année à notre humble avis. Quant aux extraits du reste de leur désormais riche discographie, Deafheaven a bien compris ce que le bon peuple du metal voulait entendre, et nous offre les deux poutres porteuses que sont « Brought To The Water », d’une part, et, heavydemment, d’autre part, le morceau qui les a fait naître au monde des musiques extrêmes : « Dream House ». Quel retournement de situation après le moyen Ordinary Corrupt Human Love et le pas de côté Infinite Granite.
On sera un peu moins prolixe sur le groupe suivant, car nous sommes surtout allés voir Perturbator par curiosité, n’ayant jamais eu l’occasion de le voir en salle, et aussi pour patienter en attendant Corrosion Of Conformity. Cela fait maintenant plus d’une décennie que James Kent fait gambader le petit monde des musiques sombres, accomplissant au passage une véritable œuvre de conservation patrimoniale en remettant de la hype sur la synthwave – avec des artistes comme Dan Terminus, Gost, également programmé ce samedi, et heavydemment Carpenter Brut –, tout en la faisant s’interpénétrer avec le monde des musiques extrêmes : louable entreprise ! N’étant ni hostile ni particulièrement client du genre, et plutôt ouvert par ailleurs aux musiques électroniques, nous avions des attentes mesurées à propos de ce concert, et, in fine, nous avons passé un excellent moment à danser sur ses tubes certes électro/synthwave, mais aussi ponctuellement parés d’atours plus gothiques/cold wave. On comprend, à la lumière de lectures postérieures, qu’il s’agit d’influences ayant affleuré sur ses disques les plus récents, et si ces styles sont moins notre came que le reste de ceux peuplant son univers, force est de reconnaître que ces inclinaisons plus froides viennent agréablement compléter et équilibrer le reste de son arsenal dansant. Bref, c’était très bien, et il aurait sans doute même été plus judicieux, en termes de montée en puissance de la soirée, d’inverser le festif Perturbator avec la daronnade NOLA qui lui a succédé une heure plus tard.
Dernier groupe de la soirée, et non des moindres : les Américains de Corrosion Of Conformity. Ce n’est pas la première fois que nous voyons le groupe sur scène, mais il faut admettre que la dernière remonte déjà à quelques années. Nous sommes donc plus qu’impatients de découvrir ce que le groupe a à offrir en 2025. De manière surprenante, le quatuor démarre sa prestation sur « Bottom Feeder », le dernier morceau – instrumental improvisé – de notre album chouchou Wiseblood. Pas vraiment l’idéal pour chauffer une audience qui a envie d’entendre du heavy, mais passons. Les choses sérieuses démarrent avec l’inéluctable « King Of The Rotten », et on se dit cette fois que le groupe est prêt à en découdre. Pepper Keenan est en voix, Woody Weatherman semble avoir pris dix ans, mais donne tout ce qu’il a, Bobby Landgraf montre une nouvelle fois l’étendue de toutes ses grimaces, et Stanton Moore se révèle impeccable derrière les fûts. À partir de là, les tubes s’enchaînent : « My Grain », le groovy « Diablo Blvd », qui semble ravir toute la salle, avant que « 13 Angels » ne nous fasse voyager. Une nouvelle fois, on trouve qu’il est un peu tôt pour faire redescendre la température, mais l’interprétation étant sans faille, on leur pardonne tout. « Vote With A Bullet » remet immédiatement les choses à leur place, avant que « Shake Like You » et le sublime « Albatross » ne nous rappellent à quel point le groupe nous avait manqué. Avant d’envoyer leur dernière chanson, les Américains nous précisent qu’un nouvel album sortira en avril – un double, si nous avons bien compris – et en dévoilent la pochette en avant-première en backdrop. Pepper Keenan lance alors les accords mythiques de « Clean My Wounds », et c’est toute la salle qui s’emballe une dernière fois. Malheureusement, le groupe a la mauvaise idée d’insérer un break d’improvisations bluesy au milieu du morceau, cassant sa dynamique et empêchant la prestation de s’imposer comme la meilleure de la journée : très plaisante, oui, mais pas parfaite… On a tout de même hâte de les revoir au Hellfest en tête d’affiche de la Valley.
DAMNATION DAY 2 – DOOMANCHE
Bien qu’ayant eu l’opportunité de voir Conjurer au début de sa tournée européenne, nous étions impatients de commencer cette deuxième journée du Damnation 2025 en leur compagnie. Si le groupe a su rencontrer un succès honorable lors de chaque date, c’est bien en Angleterre, dont il est originaire, que ses fans sont les plus nombreux. On ne compte d’ailleurs plus le nombre de tee-shirts à l’effigie du groupe arborés devant la scène principale. Le quatuor démarre son set avec « Unself », tiré du nouvel album homonyme sorti quelques semaines plus tôt, avant d’enchaîner avec quatre autres morceaux de ce même disque. Le son est dantesque, le groupe très précis et en grande forme, et le bassiste Conor Marshall toujours aussi souple de la nuque. Il faut voir la manière dont il martyrise son cou en le faisant tourner sans relâche pendant de longues secondes : il y a de fortes chances qu’il fasse la fortune d’un ostéopathe dans les prochaines années. Les Anglais enchaînent ensuite « Hang Them In Your Head », que l’on constate aussi puissant et marquant que sur album : ce morceau constitue le grand moment du concert, avant que le groupe ne termine avec « Choke », tiré de Mire, leur excellent premier LP. Au final, une prestation en tout point réussie, qui ne pouvait nous faire espérer meilleur début de deuxième journée, alors que l’on constate, en sortant, que la pluie s’est malheureusement invitée et gâche un peu la fête au sein du food court.
On poursuit cette deuxième journée placée sous le signe du black metal avec le groupe d’avant-garde <Code>. En 2005, celui-ci apparaissait comme l’une des promesses les plus excitantes du genre en raison de son line-up : Vicotnik (Dodheimsgard), Kvohst (Hexvessel, ex-Beastmilk, Grave Pleasures) et Aort (ex-Indesinence). Après deux albums marquants (Nouveau Gloaming, Resplendent Grotesque), le groupe a connu des changements de personnel, accentuant sa dimension progressive. Aujourd’hui, seul Aort demeure présent depuis les débuts, et la qualité de composition a quelque peu décliné. Le groupe démarre avec « The Cotton Optic », excellent morceau d’ouverture de Nouveau Gloaming, mais l’on sent instantanément que la magie opère moins que sur disque. Le son n’est pourtant pas mauvais, mais il apparaît plus difficile de percevoir sur scène la grandeur et la force de la musique développée en studio. « Smother The Grones » remet un peu les choses à l’endroit grâce à la performance vocale réussie de Wacian et à la qualité indéniable de ce formidable morceau. Le groupe continue de favoriser Resplendent Grotesque avec « The Rattle Of Black Teeth » et « I Hold Your Light », dont l’interprétation, pour ce dernier, semble un peu empruntée. La prestation s’achève sur une version tout aussi lisse de « Brass Dogs », ne rendant vraiment pas hommage à la dimension mystique de la musique du quintet. Dommage, il y avait sûrement mieux à faire.
On file rapidement vers la troisième scène du Damnation afin de ne pas manquer une miette du concert de Coilguns, même si c’est déjà la troisième fois cette année que nous croisons la route du meilleur groupe de post punk/noise rock/metal suisse en activité. Les Suisses décident de lancer les hostilités de la manière la plus agressive possible – effet Damnation oblige ? – avec « Bandwagoning », tiré de leur brillant album Odd Love. Le public réagit bien, et le quartet semble apprécier. Louis Jucker s’en donne, comme à son habitude, à cœur joie, n’hésitant pas à faire participer le public et à gesticuler dans tous les sens. D’autres titres de Odd Love s’enchaînent sans relâche, et ce que l’on craignait arrive : pas un morceau du dernier EP Lost Love, sans doute jugé trop alternatif pour le public présent, n’est interprété. C’est au contraire « Millennials », tiré de l’album du même nom datant de 2016, qui clôt un concert parfaitement exécuté. Coilguns demeure définitivement une valeur sûre sur scène, en toute circonstance.
Nous revenons ensuite à la Mainstage et au black metal, avec les Irlandais de Primordial. Indéniablement l’une des stars du Damnation, le quintet déplace la foule en masse, tant il devient quasi impossible de circuler une fois que le groupe démarre son set avec l’épique « As Rome Burns ». Le son est excellent, les musiciens connaissent leur partition par cœur, Alan Averill chante parfaitement et déroule ses meilleurs gimmicks et postures. On pourrait lui reprocher de cabotiner, mais il est aujourd’hui difficile d’imaginer une prestation de Primordial sans la théâtralisation de son illustre chanteur. Le groupe enchaîne avec un vieux titre devenu classique, « Gods To The Godless », et réveille les vieux fans de black metal dont nous faisons partie. S’ensuivent les grands classiques « To Hell Or The Hangman », le sublime « The Coffin Ships » et l’épique « Empire Falls », au terme duquel nous ne pouvons que constater que les Irlandais ont, une nouvelle fois, délivré une prestation en tout point parfaite. C’est de toute façon quasiment toujours le cas avec eux : pourvu que ça dure !
C’est ensuite un gros changement d’ambiance qui nous attend à la Lou Brew’s Stage – qui s’appelait encore la veille la Pins & Knuckles Stage : pour d’évidentes histoires de sponsoring, les scènes ont la mauvaise idée de changer de nom chaque jour, ce qui n’aide pas vraiment à s’y retrouver –, puisque les saints patrons du grindcore américain, Pig Destroyer, s’invitent à la fête. C’est la première fois que nous les voyons, et probablement pas la dernière si l’occasion se représente, tant le groupe constitue une figure plus que tutélaire du genre, auteur de véritables pierres angulaires du grind du début des années 2000, notamment Terrifyer et Prowler In The Yard (même si notre petit cœur balance pour Phantom Limb). Sans grande surprise, leur setlist fait la part belle aux deux premiers disques cités, ainsi qu’à l’excellentissime Book Burner. Côté pit, c’est heavydemment la guerre nucléaire : les assauts infatigables du musculeux Scott Hull déclenchent les plus violentes jacqueries du week-end, ainsi qu’un fort beau volume de crowdsurf au mètre cube, lequel fait suer à grosses gouttes nos amis de la sécurité. Sur la forme, le son est très bon, mais franchement trop fort, surtout au vu de la brutalité de ce à quoi l’on assiste. Côté performers, mention spéciale à l’incroyable Adam Jarvis, qui démontre une nouvelle fois qu’il est l’un des tous meilleurs batteurs du game – ce qui n’a rien d’étonnant vu le nombre de groupes qui se l’arrachent (Misery Index, Lock Up, Scour, Nailbomb sur sa dernière tournée, ex-Hate Eternal…) : un patron. Le débonnaire JR Hayes affiche, pour sa part, une forme nettement moins flamboyante, mais nous gueule dessus de façon tout à fait respectable sur les monstres sacrés du grind que sont « Junkyard Gods », « Trojan Whore », « Gravedancer », « Thumbsucker » ou encore « The Diplomat ». Bref, la daronnade est bien présente, et l’on ressort de ces cinquante minutes de violence bien abrutis, mais aussi un tout petit peu émus, car JR Hayes, comme plusieurs autres groupes au cours du week-end, aura des mots plus qu’élogieux pour l’inoubliable Tomas « Tompa » Lindberg, récemment décédé.
Les concerts de black metal se suivent en ce dimanche, mais ne se ressemblent pas, puisque cette fois nous assistons à une version speed metal/thrash old school du genre avec Hellripper. Notre rapport au groupe est particulier : nous le trouvons tantôt imparable, tantôt redondant, tout dépend vraiment des morceaux sur album et des setlists proposées en concert. Les Écossais démarrent sur les chapeaux de roues – ont-ils déjà fait différemment ? – avec l’hymne « All Hail The Goat », repris à gorge déployée par le public. Ils poursuivent sur l’EP Black Arts & Alchemy avec le morceau-titre, afin de rester dans le ton. Le son est toujours bon, l’interprétation sans faille, l’énergie démentielle, et le retour du public tonitruant. C’est avec « Goat Vomit Nightmare » que le groupe commence enfin à interpréter des morceaux de Warlocks Grim & Withered Hags, que nous considérons comme le pinacle, à ce jour, de leur discographie. Le 22 octobre dernier, le quintet a dévoilé un nouveau single, « Kinchyle (Goatkraft And Granite) », qu’il interprète ensuite afin d’offrir un peu de nouveauté au public. Le morceau est très agréable, mais n’apporte pas d’énergie véritablement nouvelle à la musique des Écossais. Aucun autre extrait de Warlocks n’est joué, pas même le puissant « I, The Deceiver », qui aurait pourtant trouvé sa place dans une setlist devenue un peu trop homogène sur les vingt dernières minutes. Dommage : au final, cette prestation n’est pas la meilleure que nous ayons vue d’Hellripper.
Concert suivant, et pour changer, un concert de black metal, évidemment, mais dans sa version la plus excessive et apocalyptique avec les Brummies d’Anaal Nathrakh. Nous nourrissions l’espoir, avant leur passage, de voir Mick Kenney jouer avec le groupe, car bien que membre fondateur, il ne participe depuis un moment qu’à la création et aux enregistrements des albums, délaissant totalement la scène. Dès l’entame de « In The Constellation Of The Black Widow », nous constatons son absence, mais n’avons guère le temps de la déplorer tant le son est, une nouvelle fois sur la scène principale, extrêmement fort. Après Pig Destroyer, il devient difficile de demander à nos oreilles de supporter encore autant d’agressions à ce volume… Peu importe, nous sommes venus pour souffrir, et souffrance il y aura. Fort heureusement, l’interprétation à laquelle nous assistons frôle la perfection, et le chant de Dave Hunt se montre aussi irréprochable en voix hurlée qu’en chant clair grandiloquent. Le groupe navigue entre ses titres anciens et récents, et ravit le public présent en nombre. C’est avec « Feeding The Death Machine », leur morceau « le plus At The Gates », comme l’annonce Dave Hunt, que les Anglais rendent hommage à Tomas Lindberg – hommage que The Haunted n’aura, assez scandaleusement, pas rendu en dépit de la présence de Jonas Björler et Adrian Erlandsson. Ce n’est que vers la fin du concert qu’est interprété « Forging Towards The Sunset », véritable tube en puissance. Anaal Nathrakh demeure un groupe à part, et sans doute trop mésestimé au-delà de ses frontières.
La fin de cette deuxième et dernière journée se profile doucement, et tant nos lombaires que nos petits petons réclament justice. Notre foie, pour sa part, demande la paix des ménages : nous assumons donc de remplacer les grosses pintes – qui font ici un litre, un tonnage quasi comique qui nous permet d’observer, circonspects, des quadragénaires britanniques s’envoyer seuls de l’ale tiède par litrons – par un bon vieux chai latte au lait végétal des familles. C’est aussi l’occasion d’aller poser nos miches endolories à quelques mètres de la scène où officie l’ingénieur en mécanique sonore industrielle Author & Punisher. Nous ne l’avions encore jamais vu, malgré ses nombreux passages en France, pour la simple et bonne raison que si sa musique nous a souvent intrigués et intéressés, elle ne nous a jamais totalement emportés : trop lente, trop ambiante et atmosphérique, malgré une réelle capacité à cracher le feu d’un metal industriel martial et bourré d’identité — rappelons d’ailleurs que le bon Tristan Shone construit lui-même l’immense majorité de ses drone machines, qu’il opère sur scène, effet visuel garanti, d’autant plus qu’il est désormais accompagné d’un guitariste. Mais la curiosité ne fait pas tout, et, fatigue aidant, nous devons bien reconnaître que nous peinons à nous laisser embarquer dans le Shone-Verse, malgré un très chouette dernier disque, Nocturnal Birding, dont il joue, sauf erreur de notre part – ou à moins que nos oreilles ne soient déjà saturées de dry stout, ce qui, à ce stade du week-end, demeure tout à fait possible –, la quasi-totalité.
On poursuit notre lente descente vers la fin de ce fantastique week-end, en abandonnant toute dignité métallique et en allant carrément se poser sur une vieille chaise pour assister, à distance respectable, à l’énième show de la caution melodeath de la programmation, représentée en l’occurrence par les solides Suédois de The Haunted. Enfin solides, surtout sur disque, car le groupe nous a régulièrement déçus en live, notamment le fidèle Marco Aro, qui se montre malheureusement parfaitement incapable d’assurer les parties écrites et chantées, en leur temps, par le bien plus talentueux, mais aussi plus imprévisible, Peter Dolving. Pas de chance, tout un pan des meilleurs morceaux du groupe, devenus de véritables monuments du melodeath, ont été composés à l’époque de Revolver, quand c’est PD (un acronyme à ne pas sortir de son contexte) qui officiait derrière le micro : le groupe ne peut tout simplement pas faire l’impasse sur ces titres. On est donc un peu saoulés d’avance à l’idée d’entendre ce bon vieux Marco, qui nous semble encore plus cramax qu’au Hellfest l’an dernier, caviarder des tueries comme « 99 », « No Compromise » ou, pire encore, l’intouchable « All Against All ». On n’y coupera malheureusement pas : c’est un massacre à la corde vocale. Fort heureusement, le reste du groupe exécute ces trois tubes à la perfection. Quant à Marco, il s’en sort mieux lorsque le chant se limite à beugler. Or, des tubes sans Dolving, The Haunted en a aussi écrit à la pelle, et le groupe en adresse une généreuse portion aux masses fatiguées de la Lou Brew’s Stage. On a ainsi droit à la tuerie « D.O.A », au trio de classiques old school ouvrant Made Me Do It (« Dark Intentions », « Bury Your Dead » et « Trespass »), puis bien entendu à l’inévitable « Hate Song », légendaire premier morceau du premier disque du groupe. L’un dans l’autre, pas un mauvais concert des Suédois, qu’on a toutefois déjà vus en bien meilleure forme, notamment sur le plan vocal. On trouve en revanche assez hallucinant, vu le contexte et la composition du groupe, qu’aucun mot n’ait été prononcé en souvenir de Tompa : incompréhensible et regrettable.
Désormais claqués au mur de façon officielle, on n’abandonne pourtant pas le navire ! Mais comme on ne se tapera pas deux heures entières de Wiegedood de vingt-deux heures à minuit un dimanche soir, c’est à vingt heures quinze que nous nous rendons pour la dernière fois à la Cult Never Dies Stage, qui s’appelait Holy Goat Brewing Stage la veille (suivez un peu !). Nous y avons rendez-vous pour parachever notre série de rencontres au sommet avec les Québécois de Spectral Wound, que nous voyons pour la troisième fois en 2025 : Petit Bain, Hellfest, Damnation, la boucle est bouclée. On connaît désormais la setlist par cœur, on sait qu’elle est quasi intégralement consacrée à Songs Of Blood And Mire, le très solide dernier disque du groupe, et c’est donc en mode complètement automatique que l’on traverse la cinquantaine de minutes de set de ce qui demeure l’une des plus grosses cotes de la scène black metal de ces dernières années. Fatigue culminante et lombaires endoloris, on bouge quand même la tête sur les tubes du groupe, « Aristocratic Suicidal Black Metal », « A Coin Upon The Tongue » et « At Wine-Dark Midnight In The Mouldering Halls » en tête. Le quintette canadien n’oublie pas totalement le reste de sa discographie, avec « Slaughter Of The Medusa », mais surtout avec l’imparable « Frigid And Spellbound », véritable cerise gelée sur la forêt noire A Diabolic Thirst, soit le meilleur morceau de ce qui reste, à ce jour, leur meilleur disque, et celui qui leur a permis de franchir un cap décisif en matière de notoriété. Le son est impeccable, le groupe engagé et théâtral comme à son habitude, surtout son frontman Jonah. Certes, tout cela est un peu propre et catchy pour du black metal, mais l’efficacité se révèle absolument indéniable.
Alors que la journée touche doucement à sa fin, on se déplace vers la troisième scène afin d’assister à l’avant-dernier concert sur celle-ci. L’honneur en revient aux Hambourgeois de Mantar, et dès les premières notes de « Age Of The Absurd », on constate que le duo a de l’énergie à revendre. Il fait résonner son sludge metal avec toute la puissance qui le caractérise, et ce ne sont pas les petits soucis techniques rencontrés par Hanno Klärhardt qui viennent gâcher la partie. Ce n’est qu’à partir du cinquième morceau que Mantar pioche dans son excellent dernier album en date, Post Apocalyptic Depression, avec le groovy « Cosmic Abortion ». Le public se met enfin en mouvement et déclenche un pogo au rythme des riffs entêtants du morceau, mais c’est surtout « Halsgericht » qui met tout le monde d’accord et fait hurler une salle aux trois quarts remplie. L’inévitable « Era Borealis » clôt ce concert réussi des Allemands, et nous fait regretter de ne pas les voir plus souvent.
Ça y est, c’est plié ? On remballe, finito pipo, il est vingt-deux heures un dimanche de novembre et on a vraiment envie d’aller faire un gros dodo ? Eh bien non, car, comme le disait si justement Juba à Maximus dans Gladiator : « Pas encore. Non. Pas encore. » Et croyez-nous, il fallait une sacrée raison pour que l’on ne se précipite pas dans le premier taxi venu. Cette raison existe, et elle s’appelle Monsieur Patrick Walker. Plus précisément encore : « Warning qui joue Watching From A Distance en entier ». Groupe rare s’il en est – tantôt actif, tantôt en sommeil depuis une trentaine d’années –, Warning avait marqué la scène doom au milieu des années 2000 avec un disque d’une austérité, d’une solennité et d’une nuance profondément singulières, des éléments que l’on retrouve également dans le projet solo semi-acoustique de Patrick Walker, 40 Watt Sun. Nous ne les avions évidemment jamais vus, et ce concert constituait l’une des raisons majeures de notre venue à Manchester. Et si l’horaire tardif et la fatigue ne nous auront sans doute pas permis de profiter de l’instant à cent pour cent, nous ne regrettons clairement pas d’être restés tant le concert s’avère superbe : son incroyable, exécution irréprochable, chant absolument parfait, et surtout une émotion palpable, lisible sur de nombreux visages pourtant exténués. Il y a chez ce groupe, dans ce disque, et chez ce frontman au regard de cocker et au chant traînant, quelque chose de profondément faillible, de touchant et d’humain, une tristesse élégante et résignée qui se transmet au fil des cinquante minutes de « Watching From A Distance », « Footprints », « Bridges », « Faces » et « Echoes ». C’est un disque gris, hivernal, profondément romantique aussi, qui invite à la nostalgie et à la contemplation comme peu d’autres. C’est un véritable privilège de l’avoir vu interprété en live, et d’avoir entendu un Patrick Walker, visiblement touché par l’accueil triomphal qui lui était réservé, confirmer que de nouveaux morceaux sont en préparation. On a hâte de les entendre.
On termine enfin par un petit crochet contractuel du côté des légendaires Napalm Death, qui clôturent le festival, mais que nous avons déjà vus un très grand nombre de fois, pour constater que c’est toujours Adam Clarkson qui tient la basse à la place de Shane Embury, ce dernier n’assurant plus que sporadiquement les tournées avec le groupe. Puis l’on s’en retourne bien sagement à nos pénates : merci le Damnation !
Pour conclure, il ne nous semble pas inutile de partager avec vous quelques impressions sur le festival en lui-même, au cas où vous envisageriez d’y faire le voyage un jour : clairement, on vous le recommande sans réserve majeure. Certes, le site est excentré, situé dans une zone d’activité particulièrement déprimante et désincarnée, mais il se révèle parfaitement adapté à ce type d’événement. Les trois scènes sont bien réparties, les circulations fluides, tout est accessible PMR, on peut s’asseoir, l’espace extérieur est vaste, comporte des zones couvertes, et l’ensemble se montre globalement propre et bien tenu. Côté bouffe – essentiel –, c’est également très positif : de nombreux stands de qualité, des options végé/vegan, de l’excellent café. Côté bars, même constat, avec une offre variée et qualitative, notamment une belle sélection de crafts locales – le festival sait clairement à qui il s’adresse. Côté disques et merch, tout aussi crucial, là encore c’est carton plein, avec de nombreuses distros réparties dans deux espaces merch distincts : on sent que le festival a de la bouteille et sait parfaitement ce qu’il fait. Bref, un quasi-sans-faute, hormis la localisation, qui reste cependant accessible en tram. Au total, quasiment que du positif à déclarer sur cet excellent festival, auquel on compte bien remettre les pieds à l’avenir !









