Ipecac, label hors normes fondé par Greg Werckman et Mike Patton fête cette année ses dix ans. Dix ans au service des musiques aventureuses, tous genres confondus : experimental, metal, hip-hop, folk, rock, pop, electro, noise rock, musiques de films, tout y passe. De quoi donner le tournis. Dix ans de prises de risques, de dévouement envers de nombreux disques difficiles, dix ans de travail motivé par la passion de la musique seule. Aussi, depuis 1999, ils sont nombreux à avoir fait confiance à cette petite structure qui aujourd’hui affiche à son palmarès quelques noms établis (Melvins, Ruins, Fœtus, The Young Gods, Ennio Morricone, Justin Broadrick, Paul Barker, Josh Homme…), des artistes prometteurs (Bohren & Der Club Of Gore, Mugison, Dub Trio, Otto Von Schirach…), des valeurs sûres d’aujourd’hui (Dälek, Isis, The Locust) et quelques bizarreries totales (The Kids Of Widney High, Farmers Market, Neil Hamburger…). En cette période délicate pour les labels indépendants, Ipecac subsiste, sans compromission. Quelques secrets à partager Mr Werckman ?
Commençons par le début, peux-tu nous dire quand et comment tu as rencontré Mike Patton ?
Greg Werckman : C’est vraiment le tout début ça ! (Rires) A l’époque j’étais le manager général du label punk Alternative Tentacles, le label de Jello Biafra à San Francisco. Mike et Billy Gould de Faith No More étaient vraiment fans d’un des groupes du label : NoMeansNo. A chaque fois que NoMeansNo jouait à San Francisco je les croisais dans la salle. San Francisco est une grande ville, mais pas une énorme ville non plus, il est facile de se rencontrer, surtout dans le milieu de la musique. Mike est moi nous sommes trouvés un tas de passions communes, la musique bien sûr, mais aussi les jeux vidéos et le basket. On a donc commencé à pas mal traîner ensemble et nous sommes devenus amis.
Tu es aussi devenu son manager….
Il jouait dans ce groupe, Mr Bungle et n’arrêtait pas de me dire « On a vraiment besoin d’un manager, c’est trop le bordel, rien n’est fait correctement. » Pour être tout à fait honnête, je n’étais pas super fan de Bungle, mais il m’a demandé de venir à une réunion pour rencontrer tout le monde, et voir si ça pouvait m’intéresser. Puis j’ai vraiment accroché humainement avec eux, j’ai donc accepté de devenir leur manager, et j’ai tenu ce rôle jusqu’à ce qu’ils se séparent. Après ça, Mike m’a demandé de continuer de le manager, il avait d’autres projets sur le feu.
Et c’est donc là que vous avez décidé de monter Ipecac pour sortir le premier album de Fantômas ?
Quand j’étais le manager de Mike, sur la dernière tournée de Faith No More – enfin ce que l’on pensait alors être leur dernière tournée – il bossait sur deux nouveaux albums, l’un allait devenir le premier Fantômas, l’autre l’album de Maldoror. A la fin de la tournée, il me les a fait écouter. J’ai vraiment trouvé ça barjot, de la vraie musique de dingue. A l’époque à cause de Faith No More et Mr Bungle, Mike était encore sous contrat avec Warner Bros. Avant de chercher de nouveaux labels pour les sortir, nous devions leur demander si eux voulaient s’en charger. C’était vraiment marrant : j’ai pris l’avion pour Los Angeles dans le but de les leur faire écouter. Ils n’en revenaient pas, l’un d’eux m’a même demandé « Vous êtes certain que c’est de la musique ? » Bien entendu, ils n’avaient aucune intention de les sortir et m’ont dit que nous pouvions en faire ce que nous voulions. Nous avons donc contacté un tas de labels, et beaucoup se sont montrés intéressés, du fait qu’il s’agissait d’un projet de Mike et que Buzz des Melvins et Dave Lombardo de Slayer étaient impliqués. Des labels metal surtout, mais nous n’étions pas certains d’avoir envie de bosser avec un label de ce type, et nous n’étions pas satisfaits de leurs offres. Je savais gérer un label du fait de mon expérience chez Alternative Tentacles, j’ai donc proposé à Mike de sortir ces disques nous-mêmes. Et voilà, comment tout a commencé. Au début nous ne pensions même pas que nous serions un jour un vrai label, on voulait juste sortir ces deux disques. Puis Buzz nous a dit : « Vous savez, nous n’avons pas de label en ce moment, et on veut sortir trois albums en six mois, pour foutre en l’air notre carrière pour de bon ! Ça peut être marrant, si vous voulez être de la partie… » Et nous nous sommes dit que nous devions faire d’Ipecac un vrai label, là on n’avait plus le choix. (Rires)
Comment avez-vous choisi le nom du label ?
Mike et moi n’arrivions pas à nous décider, et Buzz nous a demandé « Vous connaissez le sirop Ipecac ? » (NdR: un sirop qui provoque le vomissement) et Mike a répondu que oui, qu’il en avait déjà pris. Et Buzz : « ça colle bien avec la musique qu’on va sortir, elle va rendre malade pas mal de gens ! » Très peu de gens savent ce qu’Ipecac veut dire, mais ceux qui le savent trouvent le nom très drôle !
Quels sont tes labels indépendants préférés, ceux qui t’ont peut-être servi de modèle quand il s’est agi de monter Ipecac ?
J’aime les labels qui n’ont pas un son typique, unique. Il est trop facile de sortir cent fois le même disque sous des noms divers. J’aime par exemple Touch And Go ; Urge Overkill n’avait rien à voir avec The Jesus Lizard, les Butthole Surfers n’avaient rien à voir avec Slint. Pour nous, il était important d’éviter les clichés, de nous répéter. Les gens normaux n’écoutent pas un seul genre de musique, Mike et moi écoutons de tout, enfin peut-être pas de tout, mais une grande variété de musique qui va de la country au classique en passant par les musiques de film. Mais je ne pense pas qu’il existe une personne dans ce monde qui aime tous les disques que nous avons sortis, ils sont trop différents.
Alternative Tentacles aussi sort des disques très variés…
Oui, j’ai beaucoup appris de Jello et d’Alternative Tentacles. Il m’a toujours dit : « Ne fais pas attention à ce que font les autres labels, ne te soucie pas de ce que te disent les gens de l’industrie de la musique, fais ce que tu veux, et pas ce que tu es supposé faire selon eux. » Jello est la personne la plus honnête que j’ai rencontrée de ma vie, il traite toujours ses artistes du mieux qu’il peut et les fait passer avant tout le reste. Pour lui, comme pour nous, si un album ne se vend qu’à quelques centaines de copies, ça ne signifie pas qu’il s’agit d’un échec ou d’un mauvais album. L’important, c’est ce que ce disque signifie et ces musiciens signifient pour nous.
Combien de personnes travaillent chez Ipecac ?
C’est compliqué, nous partageons certaines personnes avec d’autres labels, par exemple en Europe notre distribution passe par Southern, et en Australie c’est un autre distributeur. Il est donc difficile de savoir. Mais ici, aux États-Unis, nous avons trois personnes à plein temps.
Comment choisissez-vous vos artistes ?
Il faut qu’ils soient uniques. Par exemple, Isis est l’un de nos plus gros groupes, et nous recevons donc des tonnes de disques et de demos de clones d’Isis tous les jours au courrier, ou alors des liens vers des pages Myspace de groupes qui sonnent exactement comme Isis. Nous avons déjà Isis, pas besoin d’en avoir quatre ou cinq autres, nous ne fonctionnons pas ainsi. On a les Melvins, on ne veut pas d’autres Melvins, on veut des groupes uniques et créatifs. Et encore, une fois que nous tombons sur la perle rare, nous rencontrons le groupe pour nous rendre compte s’il s’agit de gens biens. Nous ne voulons pas de sexistes ou de racistes chez Ipecac par exemple.
Il paraît que vous n’établissez que des contrats pour un album…
Oui, jamais plus, au coup par coup. De toute façon aucun de nos disques ne nous appartient, ils sont la propriété des groupes car nous ne voulons pas instaurer de relation maître/esclave, nous ne voulons pas « posséder » nos artistes. Et puis s’il s’avère que nous n’aimons pas travailler avec un artiste, nous pouvons ne pas continuer, et inversement. C’est l’une des raisons. L’autre, c’est que je pense qu’il est important qu’un artiste conserve les droits de sa musique, ce n’est pas parce qu’il nous laisse sortir son album que celui-ci doit nous appartenir, nous n’avons pas créé cette musique après tout. Je ne sais pas, les galeries d’art exposent des œuvres, ce n’est pas pour ça qu’elles leur appartiennent. Elles donnent juste aux gens la possibilité de les voir et de les apprécier. Un label, ça devrait être la même chose…
C’est une belle façon de concevoir le rapport label/artistes…
C’est celle qui me paraît la plus saine… la plus logique et normale même.
Vous sortez néanmoins presque tous les disques d’Isis, Dälek et des Melvins. Pourquoi eux en particulier ?
Je ne sais pas… En ce qui concerne les Melvins, Mike et moi pensons qu’il s’agit du meilleur groupe rock de tous les temps, c’est donc un honneur de sortir leurs albums. Tu ne sais jamais à quoi va ressembler le prochain, même si tu sais que ce sera du Melvins. En plus, ils existent depuis 25 ans et ne cessent de s’améliorer, leurs deux derniers sont à ranger parmi leurs meilleurs. En ce qui concerne Dälek et Isis, lorsque nous avons commencé à travailler avec eux très peu de monde les connaissaient, ce sont des groupes qui se sont développés avec nous, dont nous avons suivi le parcours. Et puis ce sont des gens extra, ils font partie de la famille.
Aimes-tu tous les albums qu’Ipecac a sortis ?
C’est une bonne question ! (Rires) Je les aime tous pour différentes raisons. Il y en a que je n’écouterais pas chez moi, c’est certain, mais j’aime les musiciens, il y a toujours quelque chose que j’aime dans ou autour de chaque disque. Musicalement, certains sont trop étranges pour moi, Mike et moi n’avons pas les mêmes goûts, il aime les musiques d’avant-garde, bruitistes et étranges, je préfère les musiques plus construites et mélodiques, mais nous nous rejoignons quelque part au milieu de tout ça, et nous nous complétons.
Et tes préférés ?
Dur de répondre, car je ne veux blesser personne. (Rires) Il m’est facile de répondre les Melvins, vu ce que je t’ai dit tout à l’heure, mais je vais aussi te citer deux artistes que j’adore et à côté desquels tout le monde est passé : Mugison un songwriter que j’adore, pas très populaire en dehors de son pays l’Islande, ce que j’ai du mal à comprendre. Et Goon Moon, notamment leur deuxième album, Licker’s Last Leg, que nous avons sorti il y a deux ans. C’est le groupe de Chris Goss de Master Of Reality et de Twiggy Ramirez le bassiste/guitariste de Marilyn Manson. Je pensais que tout le monde allait tomber amoureux de ce fabuleux disque de pop psychédélique, eh bien non… C’est l’un de mes préférés.
Vos meilleures ventes ?
Fantômas vend bien, mais je pense que c’est l’album de Peeping Tom. Et les disques que Josh Homme sort chez nous, le premier Eagles Of Death Metal est l’une de nos plus grosses ventes. Mais on n’a pas le nez collé en permanence sur nos résultats de ventes, ce qui compte avant tout c’est la musique.
Vous ne semblez pas du tout paranoïaque en ce qui concerne le téléchargement illégal. Vous continuez à envoyer des promos, et des promos qui ne sont pas divisés en 100 plages ou bipés.
Oui, à quoi bon ? Mais je pense que le téléchargement illégal est une chose terrible et stupide qui fait beaucoup de mal aux artistes. Je me fiche des labels, en particuliers des gros labels, qui se sont fait suffisamment de fric sur le dos des artistes toutes ces années. Je ne sais pas, quand tu vas au cinéma, tu n’as le choix entre payer ou ne pas payer. Quand tu rentres dans une librairie, tu n’as pas le droit de voler n’importe quel livre. Pourquoi la musique devrait-elle être gratuite ? Mais si un de nos artistes choisit de mettre en téléchargement libre son album, nous ne nous y opposons bien sûr pas… Mais bon, la plupart veulent aussi être payés pour leur travail, donc…
Vous avez sérieusement ralenti votre rythme de sorties depuis quelques mois…
Oui, et on continue. Les gens achètent de moins en moins de disques, et nous ne voulons pas déposer le bilan pour avoir fait l’erreur d’en sortir trop, d’avoir dépensé trop d’argent en publicité, etc. On ralentit le rythme, on travaille sur nos albums plus longuement, comme ça on peut faire face.
En termes de marché, comment considères-tu la France ? Vous prenez de la publicité dans les magazines français, il est facile d’obtenir des interviews de vos artistes, ils tournent ici, etc. Alors que d’autres labels tel Hydra Head semble n’avoir rien à foutre de notre pays…
Oui, c’est un pays difficile. Il y a de moins en moins de petits disquaires pour mettre en avant la musique indépendante, ils ne restent que les grosses chaînes où nos disques ne se vendent pas énormément. Mais remarque, c’est un peu la même chose aux États-Unis. Et en ce qui concerne la presse, c’est pareil, il est très difficile pour nous d’acheter de la pub dans les gros magazines, de toute façon, on se rend compte que les gens qui achètent nos disques ne les lisent pas. Pour nous, le meilleur moyen d’exister en France c’est que nos groupes tournent là-bas, vendent du merchandising sur place, etc.
Quelles sont vos prochaines sorties ?
Il y en a pas mal : un nouveau Ruins, plusieurs albums des Melvins, nous rééditons le premier album de Queens Of The Stone Age dont la sortie a été repoussée plusieurs fois, Josh trouve sans cesse de nouveaux bonus à ajouter. Il bosse aussi sur les prochaines Desert Sessions avec plusieurs amis. Il voulait y traîner Mike, mais il déteste le désert ! Mike va sortir le premier album de son projet Mondo Cane. Il reprend de vieux standards pop italiens accompagné d’un orchestre, ça devait sortir en novembre, mais à cause de la reformation de Faith No More je pense que nous ne le sortirons que l’année prochaine…
Et si Faith No More enregistre un nouvel album, penses-tu que vous pourriez le sortir sur Ipecac ?
Oh, je ne pense pas que Faith No More sortira un nouvel album, je n’y crois pas du tout… Si ça arrivait, on aimerait le sortir, mais franchement je pense que ça n’arrivera pas. Et puis Mike ne représente qu’un cinquième du groupe…
Oui, mais on ne croyait pas non plus qu’ils tourneraient de nouveau…
Oui, mais c’est différent… On peut t’offrir un gros paquet de fric pour tourner. Tu tournes, et à la fin de la tournée tu encaisses, et tu passes à d’autres projets. Par contre on ne te payera pas autant pour enregistrer un album. Puis il faut être sûr d’avoir encore des choses à dire ensemble musicalement, sinon, à quoi bon ? Et ils ont tous d’autres projets… Je ne peux parler pour tous, mais je sais que Mike n’a absolument pas le temps de se lancer là-dedans…
Sais-tu si le nouveau groupe de Jello Biafra avec Billy Gould va enregistrer un album ?
J’espère ! Leur groupe a un nom désormais ? J’ai vu leur premier concert, et c’était fantastique, un putain de groupe ! Il y a Ralph de Victims Family à la guitare. Je crois que mis à part les Dead Kennedys, c’est le meilleur groupe dans lequel j’ai vu Jello jouer. Je leur ai dit qu’ils devaient enregistrer un album, ils travaillaient dessus je crois, je pense que ça sortira sur Alternative Tentacles, j’espère en tout cas…
Le prochain album des Melvins sera un album de remixes, non ?
Oui, ce sera un album de remixes par des gens de la scène noise. Mais ils vont aussi entrer en studio à la fin de l’année pour enregistrer leur nouvel album.
Quel groupe rêverais-tu de signer sur Ipecac ?
Ooooh, c’est une excellente question ! Le premier groupe que nous avons contacté lorsque nous avons été certains de vouloir devenir un vrai label, c’est The Cramps. Mais ils ont toujours préféré sortir leurs disques eux-mêmes, et maintenant que Lux est mort, ça ne se fera jamais. Mon groupe préféré, c’est Sigur Rós, je ferais n’importe quoi pour bosser avec eux. J’ai essayé de contacter leur manager pour le leur faire savoir, mais nous n’avons jamais réussi à travailler ensemble. Ou Willie Nelson, une légende au même titre que les Cramps… Ce serait un honneur.
Que conseillerais-tu à quelqu’un qui veut monter un label en 2009 ?
Oh mon dieu ! (Rires) Ne te lance pas là-dedans, c’est si difficile ! C’est vraiment la pire période, et c’est dommage car il y a un paquet de bons groupes. Mais monter un label maintenant, c’est presque l’assurance de perdre de l’argent, alors à moins que tu en aies beaucoup… Si vraiment quelqu’un veut monter un label, je lui dirais : prépare-toi à perdre beaucoup d’argent, et à te battre en permanence avec les distributeurs pour qu’ils te payent ce qu’ils te doivent… pas facile.
Avec Ipecac, vous ne perdez pour l’instant pas d’argent puisque vous continuez…
Non, mais on a de la chance, nous avons quelques artistes avec de solides fanbases. Nous avons commencé avec Mike Patton et les Melvins, qui ont des fans partout dans le monde. Nous avons participé au développement de groupes comme Isis, mais maintenant il est tellement difficile d’arriver à ce résultat, de lancer de nouveaux groupes. Nous avons donc, Mike, les Melvins, Isis, Josh Homme, des artistes de qualité avec un public nombreux et fidèle, ça nous permet de tenir.
Comment vois-tu le futur ? Abandon du CD, retour au vinyle, domination du streaming… ?
Nous écoutons les fans, s’ils veulent du vinyle nous en sortons. Mais bon, tout le monde fait toute une histoire de ce soi-disant retour du vinyle. Le vinyle a toujours été populaire auprès d’une certaine population de passionnés, une population qui est toujours restée fidèle à ce format. Par contre, les gens qui achètent du CD n’ont jamais été attachés à l’objet, et n’en achètent d’ailleurs plus. Ce n’est pas que les ventes de vinyle augmentent tellement, c’est juste que les ventes de CD chutent tellement rapidement qu’elles donnent l’impression que celles de vinyles augmentent de manière considérable, mais non. Certains de nos groupes tiennent à sortir des versions vinyles, d’autres s’en contrefoutent. Je pense qu’il faut juste essayer de contenter les gens au maximum, et donc de faire plaisir aux fans de vinyles. Je ne sais pas si le CD va complètement disparaître, mais sa chute est vertigineuse.
Ipecac : 20 indispensables (mais n’oubliez pas de fouiner dans le reste)
Zu – Carboniferous (2009)
Certainement le meilleur album – en tout cas le plus accessible – de ce trio batterie/sax baryton/basse italien, adepte des collaborations diverses et œuvrant dans le mélange noise-rock et jazz. Abrasif, explosif, varié, riche e -n ambiances, une véritable réussite.
Dälek – Gutter Tactics (2009)
Redevenu duo depuis le précédent album Abandoned Language, Dälek sort son album somme, tantôt bruitiste, étouffant et lourd, tantôt en quête d’ambiances brumeuses, mais ne lâche pas la bride avec des lyrics acides toujours emplis de colère.
Dub Trio – Another Sound Is Dying (2008)
Et de trois pour Dub Trio, qui boosté par une production d’enfer (mon dieu ce son de basse !) durcit considérablement sa fusion metal dub post-rock pour aboutir à ce petit chef-d’œuvre totalement instrumental, si on excepte l’intrusion de Patton sur un titre.
Qui – Love’s Miracle (2007)
Déjà auteur d’un premier album passé complètement inaperçu, ce duo guitare batterie se paye David Yow de Jesus Lizard sur Love’s Miracle, lequel revient régulièrement squatter nos platines depuis sa sortie. Blues décharné, noise rock minimaliste et Yow qui fait son show. Nous voilà conquis.
The Young Gods – Super Ready / Fragmenté (2007)
Grand retour aux guitares pour les suisses Young Gods après quelques années à expérimenter du côté de la musique ambiante. Saturations insectoïdes, groove toniques, samples de feu, chant obsédant et des compositions parmi leurs meilleures depuis le chef-d’oeuvre TV Sky.
Unsane – Visqueen (2007)
Premier album pour Ipecac – et dernier en date – de ce trio noise-rock new-yorkais culte. Sans aucun doute l’un de ses meilleurs aussi : onze brûlots imparables aux rythmiques implacables, à la basse distordu, véritable bulldozer, aux riffs scotchants et au chant déchiré. Pure urban hatred!
Hella – There’s No 666 in Outer Space (2007)
Seul album véritablement audible de Hella ? Duo math-rock guitare (Spencer SeIm) et batterie (l’impressionnant et parfois fatiguant Zach Hill), ici augmenté de trois membres dont un chanteur. Résultat : une tornade noisy-prog rock épique et mélodique à souhait. Vivifiant.
Melvins – A Senile Animal (2006)
Premier album en formule quatuor pour les Melvins, qui viennent alors d’intégrer le duo rythmique Jarred Warren/Coady Willis soit Big Business. Un album totalement exempt d’expérimentations et qui sonne comme la réactualisation d’un certain heavy rock seventies. Brillant.
Peeping Tom – S/T (2006)
Le projet « pop » de Mike Patton, ou plutôt sa première tentative d’écriture de morceaux au format pop depuis FNM. Hip hop, rock, electro, Peeping Tom fait cohabiter les genres, souvent au sein d’une même chanson et jouit des participations de nombreux invités : Rahzel, Massive Attack, Dub Trio…
Dälek – Absence (2004)
Deuxième album sur Ipecac pour ce duo – trio à l’époque – hip-hop du New jersey qui cite aussi bien My Bloody Valentine et Faust que Public Enemy et Jay-Z en influence. Un mur de distorsions, des beats massifs et un flow imperturbable qui en impressionneront plus d’un. Une vraie révolution.
Isis – Panopticon (2004)
Considéré comme leur meilleur album (avec le précédent Oceanic), Panopticon confirme le potentiel d’Isis qui continue ici son évolution vers une musique plus progressive et contemplative culminant en quelques crescendo rageurs où riffs lourds et beuglantes animales éclatent soudainement.
Melvins/Lustmord – Pigs Of The Roman Empire (2004)
La rencontre du maître de la dark ambient et des joyeux lurons Melvins aura fonctionné à merveille. Nappes synthétiques lugubres, riffs massifs, compositions à rallonges, exactement ce que l’on attendait de cette confrontation. En bien mieux même peut-être.
Venomous Concept – Retroactive Abortion (2004)
Buzz Osborne + Kevin Sharp (Brutal Truth) + Shane Embury (Napalm Death) + Raymond Herrera (Napalm Death) = Venomous Concept, combo grind punk débridé mais finalement très… catchy. Depuis, Buzz a laissé sa place Dann Lilker (Brutal Truth), faute de temps à consacrer au projet.
Tomahawk – Mit Gas (2003)
Deuxième album, peut-être encore meilleur que le premier, avec quelques refrains toute gorge déployée qui feront le bonheur des fans de Faith No More. Mais aux côtés de ces titres rock, Tomahawk n’hésite pas à expérimenter et installe quelques ambiances insolites… Un must.
Phantomsmasher – S/T (2003)
De nouveau un supergroupe réunissant James Plotkin (ex-Old, ex-Khanate), Dave Witte (Burnt By The Sun, Municipal Waste) et DJ Speedranch. Après un premier album sous le nom Atomsmasher chez HydraHead ces trois furieux ont choisi Ipecac pour sortir ce second manifeste digital-grind total azimuté.
Skeleton Key – Obtainium (2002)
Certainement l’une des sorties les plus obscures du label. Skeleton Key, de New York, dont c’est là le grand retour après quelques années d’absence, s’adresse avant tout aux fans de Cop Shoot Cop, Foetus et Barmarket. Indie rock mélodique et bricolé, zébré de funk et d’industriel percussif.
Tomahawk – S/T (2001)
Association de quatre personnalités fortes, à savoir Duane Denison de Jesus Lizard à la guitare, John Stanier ex-Helmet et actuel Battles à la batterie, Kevin Rutmanis ex-Cows et ex-Melvins à la basse, et enfin Patton au chant et au clavier. Imaginez Jesus Lizard avec Patton au chant et vous avez tout bon.
Fantômas – The Director’s Cut (2001)
Un album complet de reprises de musiques de film passées à la moulinette avant-metal avec brio et considération. Les célèbres thèmes de Rosemary’s Baby, The Godfather, The Omen ou Cape Fear sont transcendés par l’interprétation crue et puissante du quatuor. Indispensable, magique.
Melvins – The Trilogy (1999-2000)
Rarement citée, cette trilogie est pourtant un must : The Maggot (album heavy rock magistral de bout en bout mais indispensable rien que pour la reprise de « The Green Manalishi ») The Bootlicker (leur album soft), The Crybaby (leur album de collaborations, dont une monumentale avec Tool).
Fantômas – S/T (1999)
Première pierre de l’édifice Fantômas, projet metal expérimental né de l’esprit torturé de Mike Patton et concrétisé grâce à l’aide de Buzz des Melvins, Dave Lombardo de Slayer et Trevor Dunn ex-Mr Bungle. Hystérique, violent, déconstruit, voire absurde mais étonnement addictif.