Festival Mix Up à Creil

Du premier au quatre juillet se tiendra à Creil la troisième édition du festival indie rock/electro/reggae Mix Up avec au programme, entre autres, Chokebore, Papier Tigre, Centenaire, Turzi, The Very Best, High Tone, Dj Hype, Groundation, Imperial Tiger Orchestra… Petite interview du programmateur Lucas Blaya :

Peux-tu te présenter ainsi que le festival ?

Mix Up est un festival assez jeune, piloté par une association dynamique et porté par différents partenaires ayant tous bossé sur ce genre d’organisation par le passé. Un festival qui se veut ouvert sur tout ce qu’on aime, et qui se construit un public territorialisé d’année en année. Installé en Picardie, l’idée est de présenter des concert qui sortent un peu des sentiers battus, à des prix très abordables, sur des thématiques très différentes : de la ghettotech énérvée des suédois de Jametch Foundation, en passant par le slow-core de Chokebore ou les énigmatiques kraut-modernes de Turzi ou The Oscillation. Un brin de folie dans un paysage habituellement délicat en terme de diffusion, à l’exception du travail de quelques salles et assos. Déplacé de Beauvais à Creil, dans l’Oise, nous pensons avoir trouvé aujourd’hui la bonne formule, sur différentes jauges et lieux. Me concernant, je suis un grand passionné de musiques, on m’ a fait confiance sur ce festival pour en mener la direction artistique depuis deux ans, et j’en remercie l’équipe. A côté, le gros de mon temps et entre autres choses, je suis également directeur et programmateur d’une SMAC picarde hyperactive et à l’équipe fantastique, la GAM.

Quelles sont les particularités du Festival Mix-up à ton avis ?

Disons que Mix Up regroupe pas mal de forces vives d’horizon différents, ce qui est un point important. Une des particularités de ce festival est sans doute d’essaimer pas mal d’actions dédiées sur les 15 jours qui précèdent les dates phares (diffusion, ciné, conférences, club…). C’est ce qu’on a appelé les Premixs et ça fonctionne plutôt bien. La venue des norvégiens de Yoyoyo Acapulco l’an passé était une date assez incroyable, le blues-déglingué d’Hells Kitchen cette année en est une autre… Enfin un point fort du festival je pense est l’excentricité de sa programmation, cohérente dans sa diversité, si on peut dire ça.

Le nom du Festival a-t-il été choisi histoire de refléter l’éclectisme de vos programmations ?

Oui, carrément. L’expression revêt ces divers aspects liés au mélange des genres, certes, mais aussi au fait d’être impliqué et d’être abasourdi, confus et estomaqué. On a écouté beaucoup de reggae aussi, ça doit expliquer le nom, il suffit de retendre une oreille sur les killer tunes que sont « Mix It Up » ou « Mix Up » des Kingstonians et de l’équipée de Albert Griffiths…

La programmation reflète-t-elle tes goûts musicaux ?

Oui ! Heureusement non ? Je vois mal comment sur ce type d’événement cela ne sera pas le cas… Ou alors il y aurait soucis, hehe… Certes on bosse des artistes en fonction du territoire, des jeunes et des envies, mais cela ne nous empêche en rien des mettre en place des dates où l’on retrouve des formations qu’on écoute et des choses qu’on souhaite voir sur scène par chez nous depuis un bail. C’est un petit trip de recevoir Chokebore dans un salle de 300 places ou DJ Hype, le parton drum et parrain des pirates FM Uk,  dans une arène surchauffée de 1500…Voir se côtoyer le très très indé (Zun Zun Egui, Papier Tigre, Centenaire…), le rock qui tache, ce world beat crossover et vigoureux (The Very Best, Imperial Tiger Orchestra…), les franges electronica actuelles, du glitch au dubstep, on fait ce qu’on aime, clairement.

Quelle définition donnerais-tu de cette édition ?

Eclectique, populaire, rentre-dedans, culte, « afrocentrique », acide et sucrée. Une troisième édition en forme de construction et d’assise.

Quels sont tes artistes coup de cœur de cette édition ?

Jamtech Foundation, les suèdois riddim-builders, qui sont passés de la Jamaïque au mega-woof dancefloor à rapprocher des élucubrations de Mad Decent ; le glitch-hop français du duo Turnsteak, locaux de l’étape dont on va entendre parler en 2011 ; la cold-wave des anglais de The Oscillation et enfin l’ethio-jazz incroyable de modernisme d’Imperial Tiger Orchestra. Entre autres, bien sur.

Quels artistes t’ont impressionné sur scène lors des précédentes éditions ?

Clairement, Rusko, qui explose en ce moment, et qui l’an passé avait tout retourné, littéralement. Les nippones de Nisennenmondai aussi, véritable tectonique du bruit. Sinon, Magnetix, Cheveu, The Ex, Skream, les « faux-vieux » NYHC de Sick Of It All…

Quels sont vos objectifs avec un festival tel que celui-là (en terme d’affluence, d’impact sur le public, de volonté de faire découvrir, etc.) ?

Les objectifs sont clairs : travailler le public local, construire et asseoir le festival sur Creil et son bassin de population. Se placer en alternative des autres propositions festivalières aux prix d’entrée inabordables (on est de notre côté sur un tarif moyen de 10 euros…) et à la programmation machine à laver. En gros alternative, découverte, accessibilité, bon esprit et développement maîtrisé.

Comment expliques-tu le nombre croissant d’événements de type festival musical ces dernières années ?

Plusieurs explications évidentes. La première étant le besoin des collectivités d’asseoir leurs politiques événementielles, en gros un boulot de marketing culturel et territorial indéniable, apparaissant sur les différentes strates de compétences connues (régionales, départementales, d’agglomération ou municipales). Avec ses très bons et ses moins bon aspects. Ensuite, il y a le renouvellement des générations, des formations et des compétences. Il est clair que le temps de la construction des festivals du début des années 1990 révolu. Aujourd’hui il y a les grosses machines, dont certaines peinent à se renouveler, et plein de micro-festivals à l’économie fragile, souvent portés par de jeunes générations, dont nous faisons partie. Personnellement je suis heureux de voir émerger de nouveaux projets, et content de voir les politiques se positionner sur l’accompagnement et la compréhension de ceux-ci.

Idéalement, comment imagines-tu le festival dans, disons, cinq ans ?

Sur le même territoire. La pérennité d’un lieu étant primordiale. Ensuite j’espère que dans cinq ans nous n’aurons pas perdu ce bel état d’esprit, ce côté alternatif qui nous différencie, ce aspect melting-pot plein de fougue. Enfin ce qu’on souhaite le plus bien entendu, c’est gérer la croissance, l’emploi, et asseoir un public fidèle qui s’approprie le festival au fil des éditions. C’est la marque de la réussite, l’appropriation populaire et locale.