Les 8 et 9 novembre prochains, se tiendra au Bowlers Exhibition Center de Manchester rien de moins que la vingtième édition du Damnation Festival, un nom devenu incontournable au sein du microcosme des festivals européens indoor (car non estivaux) de musiques extrêmes. Le bébé un peu bruyant de Gavin McInally et Paul Farrington aura, durant cette période, survécu à nombre de difficultés : un déménagement contraint à Leeds, puis un retour à Manchester ; un changement d’échelle et le stress associé au fait d’atteindre le si désiré seuil de rentabilité qui fait défaut à tant de festivals indépendants ; et bien sûr, le COVID. Le festival s’avance désormais raisonnablement sûr de sa force après deux éditions 2023 et 2024 réussies, tant en termes de programmation (un des gros points forts du festival, on y revient ci-infra) qu’en termes de vente, les deux éditions ayant fini quasiment sold-out. L’édition anniversaire de cette année s’annonce particulièrement alléchante. On a prévu de s’y rendre pour la première fois et, dans ce contexte, il nous a semblé intéressant de vous dresser le portrait de la dizaine de groupes qu’on a le plus hâte de voir en novembre. À ce dernier sujet, et étant donné la nature plutôt aventureuse et défricheuse de New Noise, on ne vous fera pas l’affront de vous parler de trop grosses écuries comme Corrosion Of Conformity, Napalm Death, Amenra ou encore High on Fire. On préfère se concentrer sur des groupes (un peu) plus confidentiels mais qui, croyez-nous, valent sacrément le détour. En avant pour la sélection !

damnationfestival.co.uk

Deadguy (c) Karen Lechelt

DEADGUY (noisecore, USA)
On en parle depuis des années, ils font partie de la couverture du New Noise 75 encore en kiosques : Deadguy, groupe culte du hardcore/metalcore, a influencé une bonne partie de la scène américaine des années 2000. Leur retour avec Near Death Travel Services, après 25 ans de silence, est un événement. Ils seront au Damnation pour un concert qui s’annonce bondé, d’autant qu’aucune autre date européenne n’est prévue pour l’instant. Voilà une raison de plus de rallier Manchester.
Lien vers « New Best Friend »

BRODEQUIN (brutal death metal, USA)
Le brutal death n’est pas pour toutes les oreilles. Mais si vous aimez vous faire marteau-piquer les tympans, Brodequin est pour vous. Le trio du Tennessee fera une rare apparition en Europe, la première depuis 2019. Et ce sera l’occasion de défendre Harbinger of Woe, excellent retour après près de vingt ans de silence discographique. Un rendez-vous immanquable pour les amateurs de blast infernaux.
Lien « Of Pillard and Trees »

PANZERFAUST (black metal, Canada)
Découverts au Soulcrusher Festival de Nimègue, Panzerfaust est un groupe de black metal singulier. Depuis vingt ans, le quatuor canadien cultive une approche peu orthodoxe : longues constructions d’ambiances cauchemardesques où batterie et chant dominent. Leur dernier album To Shadow Zion – quatrième volet de la série The Suns of Perdition – est un sommet, l’un des grands disques black de 2024. Sur scène, le groupe impressionne encore plus, avec une batterie placée au centre sur piédestal, entourée des autres musiciens. Une expérience à vivre.
Lien vers « Occam’s Razor »

Necrot (c) DR

NECROT (death metal, USA)
Impossible de nier que Necrot est l’une des principales raisons pour lesquelles on traversera la Manche en novembre. Depuis Blood Offerings (2017, Tankcrimes), le trio n’a cessé de progresser. Mortal (2020) avait déjà fait d’eux un nom à suivre, mais le cap franchi avec Lifeless Birth en 2024 les place parmi les tout meilleurs du death metal actuel. À nos yeux, l’album se hisse juste derrière Blood Incantation, au coude à coude avec Vaticinal Rites, Slimelord, Ulcerate ou Tzompantli. Et si vous pensiez que le death ne pouvait pas être catchy sans tomber dans le deathcore putassier ou la pompe Obituary, écoutez « Drill the Skull ». Vous verrez.
Lien vers « Drill the Skull »

ANAAL NATHRAKH (industrial extreme metal, UK)
Entre 2005 et 2013, Anaal Nathrakh faisait partie de nos groupes extrêmes préférés. Mélangeant blasts, riffs death/black modernes et assauts indus, ils ont signé une série d’albums marquants, à la fois nihilistes et misanthropes. On les avait un peu perdus après Vanitas (2012), malgré leur qualité intacte. Leur retour sur scène – même sans nouvel album depuis 2020 – sera une claque, on le sait.
Lien vers « Lama Sabachthani »

Crippling Alcoholism (c) DR

CRIPPLING ALCOHOLISM (noise/goth rock/post-punk, USA)
On ne s’attendait pas à ce coup de cœur. Leur deuxième album, With Love From a Padded Room, nous a pris de court. Une heure gothique, dépressive, habitée, qui évoque Nick Cave, Daughters (You Won’t Get What You Want) ou encore Mark Lanegan. Le chant habité de Tony Castrato est bouleversant, sans doute l’une des performances vocales les plus marquantes de 2024. On a hâte – et un peu peur – de voir ça en live.
Lien vers « Liquid Jesus »

CODE (avant-garde black metal, UK)
En 2005, Code apparaissait comme l’une des promesses les plus excitantes du black metal, avec Vicotnik (Dodheimsgard), Kvohst (Hexvessel, ex-Beastmilk, Grave Pleasures) et Aort (ex-Indesinence). Après deux albums marquants (Nouveau Gloaming, Resplendent Grotesque), le groupe a connu des changements de line-up, accentuant sa dimension progressive. Aujourd’hui seul Aort reste des débuts, mais on attend avec impatience de les voir enfin sur scène.
Lien « Smother The Grones »

CONJURER (post-sludge metal, UK)
Formé en 2014 à Rugby, Conjurer a frappé fort dès Mire (2018) avec son mélange sludge/doom/post-metal. Pathos confirmait le tir, et leur nouvel album Unself sortira le 24 octobre chez Nuclear Blast. Une valeur sûre sur disque, qu’on espère tout aussi percutante sur scène.
Lien vers « Retch »

Mantar (c) DR

MANTAR (sludge/black/punk/grunge, Allemagne)
Découvert en clôture du Roadburn 2014, le duo allemand n’a cessé de nous accrocher depuis. Avec Post Apocalyptic Depression sorti cette année, Mantar montre qu’il sait toujours marier riffs poisseux et refrains catchy. Plus punk que sludge désormais, mais nul doute que le tube « Era Borealis » résonnera le 9 novembre. Nous, on sera au premier rang.
Lien vers « Halsgericht »

PORTRAYAL OF GUILT (blackened hardcore/post-black/screamo, USA)
Le trio texan est l’un des groupes les plus excitants de ces dernières années. Parti d’un hardcore screamo abrasif (Let Pain Be Your Guide, We Are Always Alone), Portrayal Of Guilt a ensuite plongé dans un blackened punk incandescent avec Christfucker, avant le surprenant Devil Music. On les avait vus au Hellfest à une heure trop matinale, cette fois ce sera l’occasion de les apprécier dans de meilleures conditions.
Lien vers « Sadist »

Romain Lefèvre et Pierre-Antoine Riquart