Les fans de Scorn connaissent forcément le nom d’Eraldo Bernocchi (Sigillum S, Somma, Supervøid, Black Engine…). L’Italien, désormais installé à Londres, a multiplié les projets aux côtés de Mick Harris dans les 90s, avec notamment deux disques sur Sub Rosa en 1997 et 1998, Overload Lady et Total Station. Il vient de sortir Too Late To Dream chez Ohm Resistance, son troisième album sous le nom de SIMM, son projet « le plus personnel » (c’est lui qui le dit). On y retrouve le MC anglais FlowDan (qui a déjà collaboré avec The Bug) et le trio Phelimuncasi (du label africain Nyege Nyege Tapes) sur respectivement quatre et un morceaux.
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Le voici en écoute :
Interview express avec le maestro (propos recueillis par Olivier « Zoltar Badin).
Tu décris SIMM comme ton projet le plus « personnel ». Qu’entends-tu par là ?
Eraldo Bernocchi : C’est moi qui tire toutes les ficelles et c’est moi qui conceptualise SIMM. Mais il s’agit d’une fenêtre ouverte a la fois sur le monde et sur ce qu’il y a en moi. Les titres des morceaux instrumentaux sont d’ailleurs assez explicatifs : ce sont des sensations ou des états d’esprit que j’ai essayé de traduire en son et en musique. C’est en cela que c’est mon projet le plus personnel et intime.
Pourquoi as-tu mis neuf ans pour sortir ce troisième album ?
Aucune musique n’est nécessaire. Rien n’est dû ni ne devrait être prévu. SIMM revient à chaque fois que j’ai assez d’idées pour commencer à travailler sur un nouvel album. Au cours de ces neuf années, j’ai été occupé par de nombreux projets différents et il restait peu de place pour SIMM. L’année dernière, j’ai accumulé assez de morceaux pour commencer à travailler sur un nouvel album et voilà le résultat.
Tu as décidé d’inclure pour la première fois du chant, mais seulement une fois l’album presque terminé. Pourquoi une décision si tardive ? Qu’est-ce que la voix a apporté à l’ensemble ?
L’album était pratiquement terminé, c’est vrai. Mais je me suis rendu compte qu’il lui manquait quelque chose. J’ai alors pensé que pour la première fois de ma vie je pourrais essayer d’incorporer du chant. FlowDan et Phelimuncasi se sont imposés comme des choix évidents. Ils ont tous les deux complètement changé la façon dont ces morceaux sonnent. Première conséquence, j’ai été obligé d’en réduire la longueur car je voulais qu’ils soient plus immédiats et directs. En général, les compos de SIMM, sont assez longues, ce n’est pas le cas cette fois. Je suis tellement content du résultat que je compte déjà intégrer du chant dans mon prochain album.
SIMM est souvent décrit comme ton projet qui ressemble le plus à tes collaborations avec Mick Harris. Es-tu d’accord ?
En partie, oui. SIMM est né parce que Mick m’avait demandé deux morceaux pour Possible Records, l’éphémère label qu’il avait créé à la fin des années 90. Vu que nous avons pas mal collaboré ensemble, le lien est assez évident, mais je dirais que Mick est un maître dans son genre, et sa musique est vraiment différente de ce que je fais aujourd’hui. Il est plus direct que moi, ces disques sont comme des marteaux que tu te prends sur un coin de la tête, de la pure violence sonore. SIMM, au contraire, est de plus en plus cinématographique, sombre et profond.
Quand as-tu rencontré Mick pour la première fois ? Comment en êtes-vous venus à collaborer ensemble ? Dirais-tu qu’il t’a influencé ou est-ce l’inverse ?
Je comparerais notre relation à des montagnes russes ! Mais c’est Mick, et je l’aime tel qu’il est, même quand on traverse des moments difficiles. Je le considère comme l’un des musiciens les plus importants de ces trente dernières années. Je l’ai rencontré au milieu des années 90. C’est notre ami commun, Bill Laswell (NdR : Bernocchi et Harris ont joué avec lui, respectivement au sein de Somma et Painkiller, entre autres) , qui m’a suggéré de le contacter car il pensait que nous pourrions faire de la musique ensemble. Nous avons d’abord passé des heures au téléphone à parler d’équipements et d’échantillonneurs. Puis très vite, Sub Rosa nous a commandé un disque et nous avons fini par en faire deux ! Les musiciens qui travaillent ensemble ont tendance à s’influencer les uns les autres, même s’il serait plus juste de dire que chaque fois qu’un artiste collabore avec un autre, ou avec un groupe, il y a apprentissage mutuel. J’ai beaucoup appris de Mick et je pense qu’il a aussi beaucoup appris de moi.