DOSSIER MELVINS Part IV : Une vie après les Melvins, Les Side-Projects

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VENOMOUS CONCEPT

Lorsque le nom de Venomous Concept commence à sortir de la brume à l’automne 2003, la nouvelle se répand comme une traînée de poudre. Il était difficile de ne pas saliver en imaginant le potentiel de feu contenu dans la réunion d’un Melvins (Buzz), de deux Napalm Death (Shane Embury et Danny Herrera) et d’un Brutal Truth (Kevin Sharp) et les pronostics allaient bon train quant à la couleur musicale du fruit de cette union à venir, Retroactive Abortion.
Cependant, sur le site officiel du groupe, on nous prévenait : «nous enregistrons ce que nous voulons, quand nous le voulons… nous ne sommes sous le joug d’aucun label… nous sommes seuls maîtres de notre musique, de notre art, de nos médias…».
Un surprenant All Stars qui ne se revendique donc d’aucune école et d’aucune chapelle, si ce n’est de celles de l’insoumission, du «punk hors-la-loi» et de l’internationale «hardcore punk japonais, suédois, anglais et west-coast», ce qui brasse relativement large. Toutefois, le parallèle entre Venomous Concept et Poison Idea (RIP Pig Champion) saute immédiatement aux yeux et aux oreilles. Car cette charge hardcore punk coupée au grind vieille école (l’unique brûlot du groupe à ce jour) aurait fort bien pu sortir 20 ans plus tôt au milieu des 80’s, à la grande époque des premiers Napalm, SOD et PI. On n’y voit que du feu, on n’y entend que la charge féroce des guitares, les brutal-blasts en rafales assassines, et les diatribes dégueulées de Sharp: anti-flics, anti-mainstream, anti-nazis, anti-corporate rock, et hum… anti-politique. Françoise Massacre
Retroactive Abortion (Ipecac, 2004)

FANTÔMAS & FANTÔMAS MELVINS BIG BAND

1998, Faith No More… no more. Mike Patton, jamais désœuvré, ourdi de nouveaux projets dont Fantômas – né de son désespoir de ne pas trouver en bac un combo metal digne de ce nom – n’est pas des moindres. Mike décide de réunir sa dream team à savoir le guitariste Buzz Osborne, le batteur Dave Lombardo (Slayer) et son vieil ami bassiste Trevor Dunn (Mr Bungle). Il envoie donc une demo enregistrée de A à Z par ses soins aux trois musiciens, lesquels, à sa grande surprise, se montrent très intéressés.
Le supergroupe sortira quatre opus cinglés entre 1999 et 2005 : Fantômas (… Amenaza Al Mondo), soit une collection de 30 «pages» dont la plupart ne dépassent pas les deux minutes. Voici donc le metal selon Patton: débarrassé de toutes structures conventionnelles (couplet/refrain, n’y pensez même pas !) et même de toutes paroles (l’influence d’Obituary?). Borborygmes, cris en tout genre, blast-beats, samples déglingués et riffs ultra metal sont les bases de cette musique de fous pourtant réglée au millimètre. Suivra The Director’s Cut, un album composé de reprises très personnelles de musiques de films (The Omen, Cape Fear, Rosemary’s Baby…) qui se paiera même le luxe de rentrer dans les charts de certains pays (l’Australie notamment). Delirium Cordia ensuite, n’est lui composé que d’une seule et longue plage ambiante cauchemardesque alors que Suspended Animation, enregistré durant les même sessions, redessine l’optique initiale de Fantômas puisque composé de trente salves metal fulgurantes, mais agencées cette fois autour de samples de cartoons ! Concept toujours ! N’oublions pas Millenium Monsterwork Live: New Year’s Eve 2000 enregistré le 31 décembre 1999, témoignage de la rencontre scénique des Melvins et de Fantômas qui pour le coup interprètent à l’unisson des titres issus de leurs discographies respectives. La suite de tout ça en 2007… Olivier Drago
Fantômas (… Amenaza Al Mondo) (Ipecac, 1999), The Director’s CutDelirium Cordia (Ipecac, 2004), Suspended AnimationMillenium Monsterwork Live: New Year’s Eve 2000 (Ipecac, 2001), (Ipecac, 2005) & (Ipecac, 2002)

ALTAMONT

Altamont voit le jour à San Francisco dans la première moitié des 90’s, quand Dale Crover se dit qu’il serait grand temps de rentabiliser la guitare de ses rêves, une Les Paul Goldtop 1957, histoire de ne pas craquer sa bourse pour des prunes. Il recrute alors son colloc’ et ami Dan Southwick à la basse et le batteur Joey Osbourne (rien à voir avec Buzz ni avec Ozzy), aujourd’hui dans Acid King. Quant à Crover, il se taille la part du lion en poussant la chansonnette et en grattant sa six-cordes. En 97, ils se fendent d’un split avec Acid King, dont la chanteuse/guitariste/bikeuse deviendra la future-ex-femme de Crover (avis aux amateurs de tabloïds et ragots alternatifs). L’année suivante, ils sortent leur premier album Civil War Fantasy sous la houlette de Billy Anderson (encore lui). Un disque capiteux à cheval entre psychédélisme Hendrixien, southern rock à la Lynyrd, et stoner bien charpenté. Passé le troisième millénaire, Altamont enchaîne avec l’excellent Our Darling, moins sudiste mais plus Hell’s Angels que le précédent. Gage de leur éclectisme, les deux reprises au poil des Who et de Johnny Thunder. Enfin, après un hiatus de 4 ans dû à la dispersion géographique des membres du groupe, Altamont revient avec le délicieux The Monkee’s Uncle dont j’ai déjà vanté les mérites dans les pages du numéro six. Nous n’y reviendrons pas. Mais sachez seulement qu’entre-temps et au fil des écoutes, ce dernier album d’Altamont a pris encore plus d’épaisseur. On s’attache, on s’attache… Francoise Massacre
Wanted Dead Or Alive (split w/ Acid King, Man’s Ruin, 1997), Civil War Fantasy (1998, Man’s Ruin), Our Darling (Man’s Ruin, 2001), The Monkee’s Uncle (AntAcidAudio, 2005)

PORN (MEN OF)

Pour le projet à géométrie variable dont il est à la fois l’instigateur, le pilier, le cerveau, le chanteur et le guitariste, Tim Moss (Ritual Device) a toujours su s’entourer plus que convenablement. Au menu des deux premiers albums : Joe Goldring (ex-Swans, Enablers), Guy Pinhas (The Obsessed, Goatsnake, Acid King) ou Brian Hill (Buzzov-en, Acid King), entre autres invités pas dégueu. Puis en 2005, ce sont Dale Crover et Billy Anderson qui prennent part aux festivités dionysiaques de Wine, Women And Song…, troisième et dernier chapitre de l’aventure Porn. Crover dans le rôle du ferrailleur-batteleur-percussionniste, Anderson dans celui, multiple, de maître d’œuvre, producteur, organiste, bassiste, pianiste et choriste. Sous des dehors bûcherons et un peu frustres, la débauche stoner-heavy-rock musclée de Wine, Women And Song cache quelques moments d’expérimentations et de méditations subtiles, et finalement ce Porn-là s’apprécie non seulement avec le corps et la chair, mais aussi avec l’esprit. Fred Copula et ses amis feraient bien d’en prendre de la graine. Francoise Massacre
Wine, Women And Song… (Smallstone, 2005)

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Publié dans: VERSUS MAG #8 (Mai 2006)
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