Interview My Dying Bride suite

Suite de l’interview parue dans new Noise #53

Tu évoques « The Solace » qui est vraiment atypique. Il est rare d’entendre un morceau uniquement basé sur de la guitare saturée et de la voix. D’autant plus que c’est Lindy Fay Hella de Wardruna qui le chante…
Comme je te le disais, Andrew avait des tonnes de riffs en stock, et un jour il m’a fait écouter celui qui est devenu « The Solace ». Il n’y avait vraiment que sa guitare, il n’avait ajouté aucun arrangement. J’essayais de m’imaginer comment je pourrais poser ma voix dessus, mais je n’y arrivais pas. Puis j’ai fini par me dire qu’un chant féminin fonctionnerait mieux. Andrew m’avait dit qu’il ne voulait pas de batterie sur le titre afin que le morceau demeure éthéré. Il a également insisté pour que la chanteuse soit Lindy car c’est un fan inconditionnel de Wardruna. On lui a donc envoyé un e-mail et elle nous a répondu assez rapidement qu’elle était partante. Il faut vraiment écouter ce titre avec le son à fond, ça permet d’en percevoir toute la beauté. Je suis assez convaincu que si tu mets ce morceau dans ta voiture il va t’emmerder au bout de deux secondes, alors que si tu te le passes dans les conditions idéales il te paraîtra sublime. Il est simple mais tellement efficace, c’est pour ça qu’il se trouve au milieu de l’album, pour donner à l’auditeur de l’énergie et du souffle pour terminer son voyage vers la fin de l’album.

Puisqu’on parle des invités, vous avez également travaillé avec la violoncelliste Jo Quail…
Notre producteur la connaissait et dès que j’ai émis l’idée d’intégrer du violoncelle sur l’album, il a bondi en nous proposant Jo et on a tout de suite adoré l’idée. Et il s’avère qu’elle aussi, car elle nous a avoué aimer My Dying Bride ! Elle est venue assez rapidement de Londres dans notre studio dans le Yorkshire avec son violoncelle acoustique. La façon dont elle travaille est magique : voir quelqu’un en symbiose totale avec son instrument, c’est vraiment magnifique, il faut en être témoin. Elle a joué quelques parties écrites par notre producteur et d’autres qu’elle a composées elle-même. Mais vraiment, tout ce qu’elle faisait était si parfait qu’on aurait pu la faire jouer sur tous nos morceaux ! Mais ça aurait diminué son impact… D’ailleurs, elle apparaît dans le clip de « Your Broken Shore » et c’est devenu une très bonne amie. Il faut aller la voir en concert, vraiment, ses prestations sont majestueuses.

Une dernière question. Je vous ai vus interpréter Turn Loose the Swans en entier il y a deux ans au Roadburn, quel souvenir en gardes-tu ? 
Oh oui, quelle expérience ! C’est la seule fois que nous l’avons fait. On était terrifiés ! Ce qui est « horrible », c’est que le premier morceau est le plus dur à chanter, car il n’y a que Shawn et moi sur scène. Le début du set était vraiment stressant, mais une fois le premier morceau passé, tout le groupe nous a rejoints et c’est devenu un moment très appréciable. J’ai quasiment sauté sur Shawn à la fin du concert pour lui demander s’il avait été aussi terrifié que moi et il m’a avoué que oui… et qu’il avait même failli s’évanouir ! C’est dur d’être sur scène avec un groupe au complet, alors à seulement deux… Franchement, j’aurais été moins mal à l’aise debout totalement nu devant tout le monde ! (Rires) Mais c’était un bon exercice, parce que nous n’avions pas joué certains de ces morceaux depuis longtemps. J’ai vraiment apprécié de réécouter l’album, de répéter ses titres et de les interpréter sur scène. Ça nous a rappelé notre jeunesse, ce que nous faisions à cette époque, c’était très nostalgique dans le bon sens du terme, car ça nous a donné beaucoup d’énergie.

Par Pierre-Antoine Riquart